A Marseille, la CPME alerte sur les retards de paiement

La confédération des très petites et moyennes entreprises des Bouches-du-Rhône indique que 30% de ses adhérents sont concernés par des retards de paiement. Pour les TPE et PME, ce manque de trésorerie peut coûter cher et mettre à mal leur pérennité.
(Crédits : DR)

Dire que la période économique actuelle est complexe ressemble à un euphémisme. Depuis 2020 et le confinement, les crises s'enchaînent. « Ça continue et personne n'est épargné », note avec inquiétude Corinne Innesti, présidente de la confédération des petites et moyennes entreprises des Bouches-du-Rhône (CPME 13). Dans ce contexte, les TPE et PME sont en effet particulièrement fragilisées. Au milieu de cette « zone grise », l'un des points que soulève particulièrement la confédération est celui de la trésorerie, « le nerf de la guerre ». Ainsi 30% de ses adhérents dans le département sont « concernés par des retards de paiement ».

Une situation qui concerne tous les secteurs d'activité indique Corinne Innesti : « Nous constatons cela dans le bâtiment, ce qui est plus habituel, mais aussi dans les services ce qui est complètement nouveau ». En théorie, la loi définit le montant des pénalités par jour de retard. Des règles « très peu appliquées » sur le terrain relate la présidente la CPME 13 qui glisse que parmi les retardataires au moment de régler les factures se trouvent aussi les collectivités.

Des défaillances à la hausse

Des retards qui expliquent, dit encore la CPME, le regain des défaillances d'entreprises. Historiquement bas depuis 2020, et les mesures d'aides aux entreprises qui ont placé l'économie sous perfusion, le nombre de sociétés qui mettent la clef sous la porte revient au niveau d'avant le Covid. « La différence, c'est que ce qui conduit les entreprises dans cette situation ce sont les défauts de paiement des autres. Ce ne sont pas les chefs d'entreprises qui sont défaillants, mais les autres », assure Corinne Innesti.

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Ces difficultés pointent le bout de leur nez depuis plusieurs mois déjà. En février, le directeur régional de la Banque de France Jean-Christophe Ehrhardt évoquait comme « point de vigilance accrue » le cas des « TPE qui ont déjà absorbé l'excédent de trésorerie qu'elles avaient ». Dix mois plus tard, la santé de ces petites entreprises ne s'est pas arrangée.

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« Evangéliser » l'affacturage

Pour résoudre cette situation, la CPME 13 appelle à « favoriser les circuits-courts ». Une position qui vaut pour les particuliers, « à l'image de ce qui a été fait pendant les confinements », mais surtout les « grands groupes » qui doivent travailler avec les PME du coin. L'organisation patronale va également créer une commission financement pour aider ses adhérents à trouver des financeurs. « Il n'y a pas que les banques, il existe aussi les business angels, les marchés publics, etc... », liste Corinne Innesti. 

Pour les litiges entre deux entreprises, Nicolas Férand, président du conseil régional de l'ordre des experts-comptables Provence-Alpes-Côte d'Azur plaide pour le recours à l'affacturage. « Cette solution ne coûte plus si chère, elle vaut le coup assez rapidement sur un cas de retard de paiement et elle fonctionne aussi avec les collectivités », défend-il. De quoi « pérenniser l'entreprise ». Selon la CPME, c'est un outil encore peu utilisé. « Il faut évangéliser l'affacturage » va même jusqu'à dire Nicolas Férand. Ce type de financement se développe, BPIfrance explique d'ailleurs que « les factors français (sociétés spécialisées dans l'affacturage) se sont attachés à adapter leurs offres aux TPE/PME qui recherchent des formules simples et rapides ». De quoi permettre de réagir rapidement face aux crises qui se succèdent...

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