Dans les Alpes-Maritimes, des chefs d'entreprises réservés face aux perspectives 2024

Volontiers qualifié d’atone en 2023, quel visage prendra l’activité des entreprises des Alpes-Maritimes en 2024 ? A ce jour, si l’on en croît le millier de chefs d’entreprises interrogés en début d’année par la CCI Nice d’Azur, les perspectives s’annoncent réservées. L’inquiétude règne face au cumul des crises, auxquels les professionnels prévoient de répondre par une hausse des prix, quand la baisse des marges avait été privilégiée en 2023. Le signe d’une trésorerie qui se dégrade ?
(Crédits : DR)

Et si l'on passait directement à 2025 ? C'est, en substance, le sentiment exprimé par les chefs d'entreprise azuréens à l'occasion de la traditionnelle enquête de conjoncture de la CCI Nice Côte d'Azur. Un panel d'un millier d'entre eux, conforme aux (dés)équilibres d'un territoire où 90% des entreprises affichent un effectif inférieur à dix personnes, a été consulté début janvier, histoire de prendre leur pouls économique après une année 2023 à l'activité volontiers qualifiée d'atone.

Le tourisme en locomotive

Il faut dire qu'à part le secteur touristique, pas ou peu de progression a été constatée. Si le commerce et les services, hors CHR (Café, Hôtel, Restaurant), génèrent des résultats légèrement positifs par rapport à ceux de 2022, de 1% pour le premier, de 1,5% pour les seconds, l'industrie recule (-1,5%). « A l'exception de l'industrie des produits aromatiques, tous les segments sont orientés à la baisse, en particulier l'industrie électronique et électrique », indique Jean-Pierre Savarino, président de la chambre de commerce et d'industrie des Alpes-Maritimes. Quant à la construction, ici comme ailleurs, c'est la soupe à la grimace avec une chute d'activité de 2,5 points, qui n'épargne ni le bâtiment, ni les travaux publics, et une récession attendue en 2024. Reste donc le tourisme, secteur locomotive en ces temps agités avec une croissance de +5,5% de son chiffre d'affaires, qui renoue avec ses niveaux records de 2019 et une prédominance de la clientèle étrangère. Selon le CRT Côte d'Azur, celle-ci a représenté 51% des touristes et généré 6 millions de séjours, en hausse de 20%.

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Perspectives 2024 réservées

Toutefois, pour les professionnels du tourisme interrogés, prudence reste mère de sûreté. Les crises à répétition, géopolitiques, inflationnistes, énergétiques, même si certaines tendent à se stabiliser, n'incitent pas à l'optimisme. Ils ne sont d'ailleurs pas les seuls à être réservés sur les perspectives 2024, point commun à tous les secteurs, excepté l'industrie qui y croit un peu plus, peut-être portée par les récentes labellisations des bassins niçois, cannois et grassois Territoires d'Industrie, pour la période 2023-2027. Cela dit, le constat est là : « Le niveau de confiance des chefs d'entreprise s'est dégradé à partir du deuxième trimestre 2023. Seuls 37 % des professionnels se disent confiants pour l'économie nationale et mondiale au quatrième trimestre 2023 et ils sont 66% à se déclarer confiants ou très confiants pour leur propre entreprise. Une valeur qui a perdu 8 points par rapport à l'enquête de mars 2023 », avertit le président. Lequel souligne des trésoreries et capacités d'investissement qui se dégradent de nouveau alors que ces dernières avaient retrouvé leur niveau de 2019 en début d'année 2022.

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Augmentation des prix

Dès lors, comment réagir dans ce contexte ? Si en 2023, la majorité des chefs d'entreprises (56%) avaient opté pour la réduction de leur marge, en 2024, c'est l'augmentation des prix qui l'emporte, à 62%. Concernant l'énergie, pas de changement, ils seront encore un tiers à chercher à renégocier les contrats ou à changer de fournisseur, néanmoins, seuls 16% envisagent la mise en place d'une politique d'économie d'énergie, contre 24% l'an passé. Quant à la réduction de la masse salariale, ils seront légèrement plus nombreux à y avoir recours, passant de 8 à 10% des interrogés. Toutefois, l'emploi reste un des enjeux forts de 2024. S'il a augmenté d'un demi-point en 2023, il demeure une source d'inquiétude tant la pénurie de compétences touche tous les secteurs d'activité. Une pénurie qui peut trouver une explication dans le nombre d'entreprises individuelles créées en 2023, 19.944 sur un total de 26.816 selon l'Insee. Soit 74% des créations. 2024, année de transition ?

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