Dans le Sud, entre effet rattrapage et stabilisation, l’économie poursuit sa résistance

On a craint les effets tsunami, les lendemains qui déchantent et les trous d’air. Mais tel le roseau, l’économie de Provence Alpes Côte d’Azur plie mais ne rompt pas. Certes, l’attention continue d’être portée sur les très petites entreprises et le secteur de la construction, déjà fragilisés, cependant les carnets de commandes continuent de se remplir, le spectre d’une inflation galopante s’éloigne et les perspectives 2024 semblent se placer sous des augures positives. Si l’économie ralentit le pas, elle poursuit sa croissance dit la Banque de France.
(Crédits : DR)

De récession, il n'y aura point. Le message, porté par le gouverneur François Villeroy de Galhau, a bien évidemment trouvé une résonnance toute particulière et une écoute attentive, dont en Provence Alpes Côte d'Azur. « La croissance ralentit mais il n'y a pas de récession », répète Jean-Christophe Ehrhardt, directeur régional de la Banque de France jusqu'à ce début octobre où Denis Lauretou, venu de Nouvelle-Aquitaine, lui succède.

Un contexte économique donc en pleine résilience, qui tente de ne pas se laisser déstabiliser par les aléas tour à tour inflationnistes, d'approvisionnement, de hausse des coûts... Sachant que « la consommation des ménages est plus modérée qu'en 2022 », souligne Jean-Christophe Ehrhardt. Conséquence : les courbes s'aplatissent, manifestation concrète du ralentissement.

Ces (bons) signes et ceux à surveiller

Ce contexte économique particulier, entre perte de vitesse relative et regain que l'on sent poindre, se mesure également lorsqu'on interroge l'état d'esprit des chefs d'entreprises, exercice auquel s'est prêté la Banque de France en début d'année 2023. Ainsi, dans l'industrie, si la perspective est positive, l'indice d'incertitude demeure élevé. Parallèlement les « carnets de commande s'approchent de leur moyenne de longue période », note encore la Banque de France.

Tendance identique pour ce qui concerne les services marchands tandis que les activités liées aux bureaux d'études continuent de bien se comporter. Signe que les projets d'investissement envisagés ne sont pas annulés ou reportés. Signe positif, évidemment.

Il n'en demeure pas moins que certains secteurs ou segments sont objets d'attention. Le tourisme - qui certes a produit de bons résultats - doit beaucoup à la clientèle haut de gamme qui a su dépenser et supporter ainsi le tissu économique. « La croissance en valeur est assez soutenue, celle en volume est moins favorable », pointe encore Jean-Christophe Ehrhardt. La construction - déjà sous les radars depuis l'après crise sanitaire - demeure un point de vigilance d'autant que le quatrième trimestre se présente comme assez difficile pour les entreprises du bâtiment et des travaux publics.

Horizon dégagé ?

Ce contexte, entre incertitudes et ressentis positifs, est-il de nature à mettre à mal la situation financière des entreprises ? Sachant que la cotation ou l'appel au crédit bancaire, par exemple, est un élément très loin d'être négligeable pour les entreprises désireuses de financer des projets de développement ou de croissance externe. « Cela dépend des secteurs et de la taille des entreprises », indique Jean-Christophe Ehrhardt. Les TPE/PME sont évidemment plus fragiles et on note une réduction des encours de crédit du au remboursement du PGE. « 40% des PGE sont remboursés et 93% des entreprises ont choisi leur mode de remboursement. Tout le monde rembourse », rassure la Banque de France.

Indicateur que l'on a scruté comme le lait sur le feu au lendemain de la crise sanitaire, les défaillances d'entreprises ont retrouvé leur niveau d'avant-crise, ce qui ne semble pas illogique. « Nous considérons que nous sommes toujours dans une phase de rattrapage », répète Jean-Christophe Ehrhardt. Des défaillances de l'ordre de 5.300 défaillances pré-période crise sanitaire qui atteint, sur un an glissant, à juillet 2023, 5.200 défaillances, contre 3.000 en 2021 et 4.000 en 2022.

A moins de trois mois de la fin de l'année 2023, que peut-on attendre de 2024 ? « Nous pensons que le moteur de la consommation des ménages pourrait s'inverser, grâce aux hausses de salaires et le gain de pouvoir d'achat », analyse la Banque de France. L'établissement bancaire se veut rassurant, rappelant à toutes fins utiles que « le pic de l'inflation est derrière nous ». Comme à son habitude, Provence Alpes Côte d'Azur ne se comporte pas comme le reste de la France. Une résistance aux vents contraires et une résilience qui ont toujours porté le tissu économique, lui permettant de ne pas s'inscrire dans les tendances nationales. Et le roseau de se redresser fièrement...

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