Au Salon de l'agriculture, le Sud valorise la diversité de ses filières

Présente sur une surface de 1.000 m², la Région Sud a profité de cette soixantième édition du Salon international de l'agriculture pour afficher son soutien aux filières agricoles et à leurs parties prenantes : chambres, organisations syndicales, banques, Safer... Des acteurs qu'elle a souhaité unir autour de la promotion de la diversité des filières locales, véritable argument de marketing territorial. Tout en insistant sur la capacité de l'agriculture régionale à faire face aux conséquences du réchauffement climatique. À condition d'en avoir les moyens.
(Crédits : DR)

« Ça c'est le Sud », indique une imposante pancarte bleue suspendue au plafond du pavillon 3 du Salon international de l'agriculture, Porte de Versailles à Paris. Dessous, un olivier qui donne le ton à un espace boisé de 170m². Derrière un comptoir, des chefs s'affairent à concocter, à partir de produits emblématiques de la région, de petites bouchées dont la durée de vie excède rarement les cinq minutes. À l'avant du stand, ce sont les goodies de la région que l'on distribue : stylos, biscuits, large sac en toile... Une opération importante de marketing territorial, autour d'une filière stratégique pour la région qui y consacre en 2024 un budget de 23,3 millions d'euros auxquels s'ajoutent 23 millions d'euros de fonds européens du Feader.

Bien que la crise des agriculteurs soit toujours d'actualité, rappelée par quelques faits - bousculades à l'arrivée d'Emmanuel Macron le samedi, affichage de pancartes de communes à l'envers à l'entrée du parc des expositions, collage d'autocollants par la Confédération paysanne sur le stand du géant Lactalis ...- l'ambiance du stand régional est conviviale. Lors d'une soirée donnée en l'honneur des jeunes agriculteurs du territoire lundi soir, représentés notamment par les syndicats des Jeunes agriculteurs et de la FNSEA, personne ne revient sur les revendications du moment. On se contente plutôt de prôner la convivialité et surtout l'unité.

Lire aussiLabel local, aide au foncier et soutien aux filières... comment la Région Sud répond à la colère paysanne

Faire preuve d'unité

Message que relaie avec insistance Bénédicte Martin, vice-présidente de la Région en charge de l'agriculture, venue représenter le président Renaud Muselier absent pour raisons médicales. « Les sujets d'actualité sont bien sûr présents dans les discussions. Le dialogue est ouvert. Les rencontres se font sans difficultés lors de nos déambulations ». Et qui se concrétise par la signature de diverses conventions entre les multiples parties prenantes de l'agriculture.

La Chambre d'agriculture régionale - qui a financé le stand aux côtés de la Région, une première - a ainsi signé des contrats : avec GRDF pour la méthanisation, avec les caisses régionales du Crédit Agricole... Safer et Région ont également joint leur signature sur un panneau annonçant le lancement d'un fonds Sud Foncier doté de 3 millions d'euros afin de favoriser l'accès au foncier des agriculteurs. La Région a en outre rappelé la mise en place de son plan d'urgence de 5 millions d'euros pour les agriculteurs souffrant d'importants retards de paiements des aides du Feader qui leur sont dues. Façon de pallier les « lourdeurs administratives ». Au même titre qu'une autre mesure annoncée par Bénédicte Martin : la suppression du diagnostic, « trop lourd », exigé en amont de l'obtention de cette aide. La Région souhaitant à la place privilégier « un dispositif d'accompagnement à 360° ».

Lire aussiPlus grand département du Sud, les Alpes-de-Haute-Provence fait du Salon de l'agriculture un levier d'attractivité

Une diversité à valoriser

Mais à travers sa présence au Salon de l'agriculture, la Région n'a pas seulement pour objectif de répondre à la crise. Elle souhaite valoriser la diversité de ses filières, affichant sur les murs de son stand, en tons pastels, diverses affiches formant une liste à la Prévert des produits issus de son terroir. « Riz », « Petits pois », « Rosé », « Miel », « Olive », « Pomme »... Des produits que l'on retrouve sur les tables des producteurs qu'elle a invités. De même que sur les stands des départements qui composent la région et qui s'étendent sur un total de 1.000 m². Parmi eux, celui du Vaucluse - 192 m² - prend même la forme d'une épicerie regorgeant de produits allant de la truffe à l'ail noir de Piolenc en passant par des vins ou encore les granolas de l'entreprise avignonnaise Miam République.

Et les élus régionaux, Christian Estrosi - maire de Nice, président de la métropole Nice Côte d'Azur et président délégué de la Région Sud notamment - ne se lassent pas de rappeler que la région est « la première pour la production de fruits et de légumes, d'huile d'olive », « la première sur l'agriculture biologique », avec 30 % de sa surface agricole dédiée. Elle peut également se targuer de plus de 280 signes d'origine ou de qualité. Et au-delà de l'alimentation, certaines filières participent directement à l'attractivité touristique du territoire, à l'image des chevaux de Camargue présents au Salon et qui ont reçu mardi 27 février la visite du Premier Ministre Gabriel Attal.

Protéger et étoffer les filières

Une diversité qu'il s'agit de défendre, en protégeant les filières les plus impactées par les conséquences du réchauffement climatique. C'est le cas notamment de la trufficulture à qui la Région dédie un nouveau plan régional moyennant un budget de 400.000 euros sur les trois à venir, afin d'encourager la professionnalisation de cette filière. S'y ajoute une aide de 25.000 euros pour l'obtention d'un signe officiel de qualité (label rouge ou IGP).

Pour cette filière comme pour les autres, Bénédicte Martin rappelle en outre l'importance accordée à l'innovation et de l'expérimentation dans les politiques agricoles de la région, pour faire face au manque d'eau, aux températures extrêmes ou encore aux ravageurs.

Une innovation qui doit aussi permettre l'essor de nouvelles filières, à l'instar de la pistache pour laquelle la Région lance un plan régional, aux côtés de trois agriculteurs du Vaucluse et de l'entreprise le Roy René. Avec l'enjeu de relocaliser la culture de ce produit désormais presque totalement importé malgré sa forte valeur ajoutée et sa faible consommation d'eau et d'intrants. Une manière d'accompagner les agriculteurs vers la diversification de leurs cultures, afin que ceux-ci soient moins dépendants des aléas climatiques et économiques.

Lire aussiDans le Sud, l'agriculture résiste mieux mais « va dans le mur »

Mobiliser toute la chaine de valeur

Mais accompagner le volet productif des filières ne suffit pas. La crise actuelle le rappelle. Pour que l'agriculture locale soit préservée et que les agriculteurs vivent dignement de leur travail, il est essentiel d'impliquer toute la chaîne de valeur. C'est l'objet du label 100 % Valeurs du Sud qu'est également venue promouvoir la Région. « Ce n'est pas un énième signe de qualité », assure Bénédicte Martin. Mais un label censé inciter toutes les parties prenantes - transformateur, distributeur, consommateur - à mieux valoriser le travail des producteurs locaux.

« Ce label sera attribué à des produits locaux, fabriqués en agriculture bio, raisonnée ou à haute valeur environnementale, pour lesquels les producteurs sont justement rémunérés, de façon transparente ». Pour l'heure, plusieurs lauréats bénéficient du label qui devra conquérir sa notoriété. Parmi eux : le fabricant de produits laitiers Sacré Willy, Ipsago ou encore Lou Pan d'Ici et sa baguette de tradition française distribuée dans environ 250 boulangeries, issue de blés tendres et de farines produits dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Preuve que l'innovation ne réside pas seulement dans la technologie, mais aussi dans de nouvelles manières de coopérer.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.