« Les PME comme les ETI ont un rôle à jouer dans la création d’entreprise dans les quartiers prioritaires » (Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d’Etat)

ENTRETIEN. Alors que le premier Comité national Entrepreunariat 2030 vient de se tenir cette fin mars, la secrétaire d’Etat, chargée de la Citoyenneté et de la Ville explique pourquoi la création d’entreprise joue un rôle primordial dans le développement économique des quartiers prioritaires, insiste sur l’appui nécessaire des réseaux professionnels et consulaires pour accélérer leur déploiement.
(Crédits : DR)

LA TRIBUNE - Quelle est la philosophie du dispositif Entrepreneuriat Quartiers 2030 ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE - C'est une idée du Président de la République, qui l'a annoncé en juin dernier, à Marseille. L'objectif est simple, c'est donner la possibilité aux jeunes - mais aussi aux moins jeunes - de créer leur entreprise. Je crois à l'entreprenariat, à l'autonomie, au rôle des petites, moyennes et grandes entreprises. L'entreprise est aussi une possibilité d'émancipation pour des femmes. Ce dispositif dispose d'une enveloppe de 456 millions d'euros, pour la période 2024-2027, et ce davantage que pour notre programme précédent, avec l'objectif de permettre la création de 100.000 entreprises. C'est pour cela que ce dispositif, nous le portons avec Olivia Grégoire, la ministre des PME, du Commerce et de l'Artisanat mais également avec Catherine Vautrin, la ministre du Travail. Un suivi est prévu, car je connais une chose, c'est la nécessité d'un suivi précis, très régulier, afin de savoir qui nous avons aidé, si des blocages existent et comment les lever. Il faut donner un rythme. Ceux qui souffrent ne peuvent attendre. Ce que je veux, c'est que dans les quartiers sensibles, les bas d'immeubles ne soient plus occupés que par des crèches, des commerces, des salles de sport... Il faut un changement de paradigme.

Souvent, les jeunes et plus largement les habitants de ces quartiers n'ont pas toujours connaissance des dispositifs existants. De même, tout le monde n'est pas fait pour être entrepreneur...

Certains dispositifs sont souvent éloignés de la cible que l'on doit servir. Sur ce point, nous nous appuyons sur les associations, les réseaux, notamment les chambres de commerce et d'industrie, les chambres des métiers et de l'artisanat, les préfets... Ce sont des puissances locales, des forces vives des territoires. Bien sûr, il est vrai que tout le monde ne peut être entrepreneur mais ce qu'il faut, c'est savoir accompagner vers l'emploi et permettre à tous d'avoir les clés pour se lancer. Ce programme est très complet : avec des stages, afin d'acculturer très tôt à l'entreprenariat, avec des options dans les lycées professionnels pour apprendre la base de la gestion d'entreprise - les premières sont lancées cette année. Avec, aussi, des réseaux d'accompagnement pour être aidé au fil des étapes du lancement de son entreprise et de nouveaux sites physiques - objectif 60 carrefours de l'entreprenariat - pour pouvoir trouver toutes les réponses au même endroit. Et avec plusieurs types de financement, pour avoir des solutions adaptées aux besoins de chacun. Les entreprises ainsi créées doivent aussi pouvoir regarder vers l'international, quand cela est opportun et qu'elles atteignent la maturité nécessaire. Je crois à la formation professionnelle, à la reconversion. Ce dispositif est complémentaire des autres dispositifs existants, c'est la brique qu'il manquait.

Quel doit le rôle des entreprises elles-mêmes dans la mobilisation envers l'entreprenariat dans les quartiers sensibles ?

L'entreprise, c'est l'emploi, c'est l'autonomie, c'est l'un des moyens pour devenir maître de son destin. Souvent, comme je viens de le souligner, ce qu'il manque, c'est la connaissance des réseaux... Je viens moi-même d'un secteur professionnel particulier (Sabrina Agresti-Roubache est productrice de cinéma, NDLR) où il est essentiel de se créer un réseau. Je crois aux réseaux, de femmes, d'accompagnement, professionnels. Je crois au rôle des corps constitués, ils demeurent des maillons du bas de l'échelle, comprendre, du terrain. Les petites, les moyennes, les grandes entreprises ont un rôle à jouer.

Êtes-vous prête, si besoin, à entreprendre des réformes pour lever certains points de butée ?

Je veux revoir les Zones franches urbaines. Souvent, elles sont éloignées de tout, alors que les centre-ville souffrent et cela, même dans les métropoles. Leur réforme est indispensable. Le monde a changé. La façon de créer des entreprises a changé, le salarié a changé. Il est temps de rénover un dispositif vieux de 25 ans, je veux créer de l'incitation auprès des chefs d'entreprises. Les personnes éloignées de l'emploi veulent travailler, elles veulent être autonomes. Ce sont les personnes éloignées de tout qui doivent en bénéficier. Nous avons des perspectives magnifiques, notamment avec la réindustrialisation de la France et l'émergence de nouveaux métiers. Une phase de diagnostic est en cours d'élaboration entre les différents services de l'État, elle sera suivie d'une grande consultation auprès des élus et des acteurs de terrain. Nous devrons définir les critères et les avantages accordés. L'objectif est d'avoir finalisé cette réforme pour 2025.

Moussa Camara a évoqué l'idée, lors d'un entretien avec La Tribune, de créer un fonds d'investissement pour donner le coup de pouce bienvenu lors de la création d'entreprise par un porteur de projet issu des quartiers prioritaires. Êtes-vous favorable à cette idée ?

C'est une bonne idée. Pour moi, c'est ce que fait déjà Bpifrance, qui réalise à la fois des prêts, des investissements en fonds propres et de l'accompagnement pour aider la création d'entreprises.

Les projets d'entreprises seront accélérés, comme cela a été annoncé, en fonction de leur maturité. Allez-vous créer des accélérateurs dédiés ou plutôt vous appuyer sur ceux déjà existants ?

Il n'est pas nécessaire de réinventer ce qui existe déjà. Et ce qui existe fonctionne parfaitement bien. Nous nous appuyons donc sur les dispositifs existants, avec une ambition accrue pour 2024-2027.

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Commentaires 4
à écrit le 06/04/2024 à 18:51
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bonjour, je ne crois pas viables ces entreprises qui sortent d'un coup dans les cités pour une raison c'est que la location d'un espace foncier est inabordable et peut largement dépasser 50% des ressources, en province un entrepôt est vite trouvé. ...

à écrit le 02/04/2024 à 16:23
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Voila un autre secrétariat inutile, un centre de coût pour financer un moulin à paroles

à écrit le 02/04/2024 à 15:37
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hahaha!! comme c'est minable comme disait ayrault, qui est de gauche donc tolerant!! ils vont vraiment bouffer a tous les rateliers pour chercher des volontaires syusceptibles de nettoyer LEURS ecuries d'Augias!! ecotez, ma bonne dame, creer une boit...

à écrit le 02/04/2024 à 14:21
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Dans le cadre des économies ce type de ministère est à supprimer. La nomination de cette ministre est une sorte de copinage élyséen. Les economies commencent par la suppression des ministères au budget ridicule mais aux coûts de fonctionnement incomp...

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