A Marseille, les Rencontres des alliances territoriales actent l'urgence de coopérer pour réussir la transition écologique et sociale

Les premières rencontres des alliances territoriales sur le thème de la transition écologique et sociale ont réunis, à Marseille, les acteurs privés, publics et l'Etat. Une façon de rappeler que ces défis sont intimement liés les uns aux autres et que la coopération entre monde de l'entreprise, associations, État et collectivités locales est essentielle pour les relever.
(Crédits : DR)

17 heures. L'école de commerce EMD Business School, à deux pas de la gare Saint-Charles se vide peu à peu de ses étudiants tandis qu'un autre public, plus âgé, s'engouffre dans son auditorium.

Parmi l'assistance, beaucoup d'acteurs de l'économie sociale et solidaire. Des entreprises, des associations. Des agents de l'État. Soit environ 150 personnes réunies autour de ces « premières rencontres des alliances territoriales » initiées par la Dreets (Direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités) et la Ddets 13 (Direction départementale de l'emploi, du travail et des solidarités), et introduites par le préfet des Bouche-du-Rhône et préfect de région, Christophe Mirmand.

« Le rôle de l'État est de rassembler les acteurs et les énergies locales »

Après avoir rappelé l'urgence d'une « transition écologique forte, juste et durable » sur un territoire souffrant d'un « niveau de pauvreté et de précarité préoccupants », le préfet l'assure : « le rôle de l'État est de rassembler les acteurs et les énergies locales, de stimuler les initiatives, d'accompagner les collectivités, les entreprises et les acteurs de la solidarité agissant au côté des citoyens les plus vulnérables, pour accélérer les transitions sociales et écologiques et en faire une opportunité ».

Rassembler. Car comme l'explique Yannick Blanc, vice-président de la plateforme d'intelligence collective Fonda, qui prend le micro à sa suite, « le modèle coopératif émerge aujourd'hui comme celui qui est le plus porteur d'avenir face à ce que nous avons à entreprendre ». Comme une troisième voie après le modèle institutionnel qui a prévalu jusqu'à ce qu'il soit dépassé, il y a une quarantaine d'années, par le modèle entrepreneurial dont les logiques d'efficacité et de résultat ont pris le pas sur l'organisation publique.

Des modèles fondés sur des rapports de domination, décrit-il, désormais en déclin. « Avant, il suffisait de surplomber la société pour avoir une parole légitime, ce n'est plus le cas ». Ni dans les institutions publiques, ni dans les entreprises. « On dit que les jeunes générations tournent le dos au travail. Mais elles sont aussi attachées au travail que leurs aînés. En revanche, elles ont une énorme prise de distance dans leur rapport à l'entreprise. »

Indispensable coopération

Pour le préfet comme pour Yannick Blanc, la coopération apparaît dès lors comme une condition sine qua non de la réussite de la transition écologique. Le phénomène des gilets jaunes ayant montré où mènent des politiques trop verticales sur ces sujets.

Mais coopérer ne s'improvise pas. Cela implique un changement profond de paradigme qui exige du temps, des méthodes, de l'empathie. Il faut d'accepter que le savoir est diffus et se doter d'outils d'analyse adaptés. Et au niveau national, Yannick Blanc estime qu'il reste encore beaucoup à faire. « Il y a un écart entre la représentation politique et la réalité de l'action. La représentation politique tend à se durcir dans la verticalité, se concentre dans ses décisions et ne parvient pas à mettre en mouvement les différentes parties nécessaires à la coopération ». À l'inverse, observe-t-il, « l'expérience de la coopération, à petite échelle, fonctionne bien au niveau local ».

Un foisonnement d'initiatives

Et le Préfet de confirmer la dynamique à l'œuvre localement. « Il existe un foisonnement d'initiatives et de projets dans ce département qui peuvent, qui doivent agir ensemble à rechercher un impact significatif ». Des expérimentations susceptibles d'essaimer. Et dont les rencontres des alliances territoriales veulent offrir une vitrine au travers des trois ateliers proposés à la suite des discours introductifs, chacun mettant en avant une initiative portée par une alliance d'acteurs locaux.

Parmi elles, une coopération entre la Société des Eaux de Marseille, l'État, les collectivités et des associations ayant permis de raccorder à l'eau potable une quarantaine de bidonvilles du département. Dans une autre salle, on s'intéresse au projet porté par le groupe Sodexo - qui alimente les cantines marseillaises -, le Moulin bio Pichard et la boulangerie solidaire Pain et partage. Projet qui a permis d'offrir aux écoliers usagers des cantines marseillaises du pain bio fabriqué par des personnes éloignées de l'emploi, mobilisant une dizaine d'agriculteurs et la création de 7 à 8 postes en insertion.

Enfin, c'est le troisième atelier qui a mobilisé le plus de participants autour du groupement Phare qui réunit plusieurs acteurs du tri et du réemploi des déchets parmi lesquels Lemon Tri, les Alchimistes, la Réserve des arts ou encore Raediviva. Un groupement qui souhaiterait notamment se doter de lieux physiques pour mutualiser certains équipements.

Des rencontres pour initier de nouvelles alliances

Ces ateliers sont aussi, pour le public contre pour les intervenants, l'occasion d'exprimer certaines inquiétudes et difficultés rencontrées sur le chemin de la coopération. L'accès au foncier, permettant de matérialiser certaines coopérations et de mutualiser des équipements, en est une. De même que la concurrence de grands groupes, mieux armés pour répondre aux appels à projet malgré un impact social et environnemental souvent moindre du fait d'un ancrage moins évident localement. Reste à pouvoir évaluer l'impact des actions menées, un sujet qui interroge là aussi. Mais l'animateur de l'atelier les rassure : « ces rencontres ne sont qu'un début ».

« L'enjeu de cet événement est de susciter la rencontre », assure Laurent Neyer, directeur régional par interim de la Dreets Provence Alpes Côte d'Azur qui avait à cœur, à travers cet événement, de mélanger le meilleur des mondes entrepreneurial et associatif. D'où le choix de la Cress Sud pour organiser l'événement, l'économie sociale et solidaire représentant une « filière importante de notre territoire ». Filière qui mêle justement ces deux univers et peut apporter des réponses à la croisée des enjeux sociaux, économiques et environnementaux. « Ces rencontres sont un peu un laboratoire. Nous allons voir si elles génèrent des alliances nouvelles, des envies. Et si c'est le cas, nous pourrons nous appuyer dessus dans nos appels à projets et à manifestation d'intérêt ». Il pourra aussi être question de « faire grossir les alliances en s'adossant sur d'autres dispositifs comme ceux de l'Ademe, le Fonds vert, l'aide alimentaire... de même que sur les différents outils des collectivités locales ».

Et pour que ces alliances publiques-privées soient concluantes, la Dreets s'appuie sur le Lab RSE et sa méthodologie. Elle a en outre souhaité fournir à tous les participants le contact d'une personne ressource au sein même de la Dreets. Pour que le mode coopératif soit effectivement à l'œuvre et que le territoire puisse cheminer vers sa transition écologique et sociale.

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