« Nous sommes à la croisée des chemins entre décarbonation et RSE » (Philippe Zichert - CCIAMP)

Représentant à ce jour 12 % du PIB régional, l'industrie a toujours été présente en Provence-Alpes-Côte d'Azur. À l'heure des discours et incitations en faveur de la relocalisation de l'industrie en France, qu'en est-il localement ? Et comment relever les défis de l'énergie et du manque de main d'œuvre ? Éléments de réponses avec Philippe Zichert, premier vice-président de la CCIAMP en charge de l'industrie.
(Crédits : DR)

Provence, Alpes, Côte d'Azur .. L'évocation de ces territoires évoque bien des images... Rarement des images d'industrie. Et pourtant !

« L'industrie représente 12 % du PIB régional », assure Philippe Zichert, premier vice-président de la CCIAMP en charge de l'industrie, par ailleurs directeur général de l'entreprise Cérestine, spécialisée dans la fabrication de cires en tous genres dans l'univers des cosmétiques. Et de poursuivre : « L'industrie est dans l'ADN de notre région ». Une région qui, depuis 2600 ans, dispose d'un port et, plus largement, « de moyens de transports qui permettent d'entrer et sortir des marchandises ».

Il n'empêche que la région n'a pas échappé au mouvement global de désindustrialisation au niveau national et européen, au profit de la délocalisation de l'industrie vers des pays où la main d'œuvre est très bon marché, et où les normes environnementales sont souvent bien moins-disantes. Une tendance à laquelle veulent tourner le dos les promoteurs de la réindustrialisation. Avec une volonté amplifiée depuis l'épidémie de covid-19 qui a rappelé combien le manque de souveraineté en matière d'industrie peut être source de vulnérabilités.

Des projets d'une ampleur inédite

Mais alors, la relocalisation est-elle à l'œuvre en région Provence-Alpes-Côte d'Azur ? « C'est prometteur », pense Philippe Zichert. « Nous sommes à la croisée des chemins entre décarbonation et RSE, avec l'industrie du futur. Je vois des projets industriels d'une ampleur jamais vue jusqu'alors. On estime que cela représente un potentiel de 11 milliards d'euros. La CCIAMP soutient des initiatives dont la giga-usine de panneaux solaires, de l'acier bas carbone, les énergies autour de l'hydrogène... Le potentiel est absolument énorme ».

Relocaliser l'industrie n'est en outre pas qu'une affaire de souveraineté. Il en va aussi de la limitation des émissions de gaz à effet de serre, que ce soit à travers la réduction du transport international et une meilleure maîtrise des énergies utilisées dans les process industriels. Toutes les industries sont-elles néanmoins susceptibles d'être décarbonées ? Certaines activités sont évidemment incompatibles avec la décarbonation, à l'image des usines de charbon que cite Philippe Zichert. Néanmoins, la décarbonation semble être de moins en moins une affaire de taille. « Les grandes entreprises doivent répondre à certains objectifs pour atteindre la neutralité carbone ». Quant aux PME et ETI, le plan France 2030 doit leur permettre d'y accéder.

Besoin de bras, de cerveaux et d'énergie

Mais la décarbonation n'a rien de magique. Elle nécessite la production d'importantes quantités d'énergies. Dans le bassin industriel, la décarbonation nécessiterait ainsi une consommation d'énergie équivalente à celle que consomme aujourd'hui l'ensemble de la région. « Nous avons besoin d'électricité et en aurons encore plus besoin demain. La CCIAMP, en partenariat avec la Métropole et la Région, défend depuis très longtemps un mix énergétique car il n'existe pas de solution magique. La solution se trouve dans le renouvelable, et en partie dans le nucléaire pour la production de masse. Il y a aussi l'hydrogène qui fait l'objet de développements importants sur lesquels nous travaillons, pour chauffer nos chaudières mais aussi pour le transport ». Et sur ces sujets, la CCIAMP veut jouer un rôle de conseil, d'animation et d'accompagnatrice.

Quid de la main d'œuvre alors que l'industrie fait l'objet de fortes difficultés de recrutement ? Quelles stratégie de la CCIAMP pour rendre l'industrie plus attractive ? « L'industrie est aujourd'hui plus visible qu'elle ne l'a été avant. Elle l'est moins qu'elle le sera demain. Nous sommes partenaire d'une opération qui s'appelle « ForIndustrie » et qui présente, de façon dématérialisée, grâce à une application dédiée aux jeunes, quels sont les métiers de l'industrie. Nous voulons leur apprendre à aimer leur territoire et ses produits. Nous travaillons aussi avec les Opco et les lycées professionnels pour développer des formations qui préparent aux métiers de l'industrie. Pas forcément les métiers de demain, mais ceux d'aujourd'hui ».

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Pour rappel, depuis novembre 2021, La Tribune et BFM Marseille s'unissent pour proposer chaque semaine une chronique éco, baptisée Marseille Business, qui décrypte l'économie du territoire, ses enjeux, ses défis, les réussites et les problématiques. Tous les mardis, un invité vient apporter son éclairage sur une thématique précise.

La chronique est animée par Sophie Hebrard pour BFM Marseille et Laurence Bottero, rédactrice en chef Méditerranée-Afrique du quotidien économique La Tribune.

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