Chimie verte : Ecoat décarbone l’industrie de la peinture

Basée à Grasse, la PMI spécialisée dans la fabrication de polymères naturels qui entrent dans la composition des peintures fait évoluer son discours vers la décarbonation et va, d’ici à juin prochain, doubler sa capacité de production. L’objectif est de répondre à un marché qui, pour mener à bien sa transition écologique, cherche des solutions décarbonées et décarbonantes.
(Crédits : DR)

Jusqu'il y a encore peu, la décarbonation ne passait pas ou prou le mur du son. Aujourd'hui, elle est de toutes les préoccupations, en particulier industrielles. "Depuis janvier 2021, il y a eu comme un basculement. L'urgence climatique est devenue prégnante et tout le monde cherche à décarboner", constate Olivier Choulet, dirigeant-fondateur de la scaleup Ecoat, installée à Grasse et spécialisée dans la fabrication de polymères naturels qui entrent dans la composition des peintures. Une industrie où 91% des émissions totales de CO2 sont liées à l'étape de la production, comprendre l'extraction des matières premières, leur transport vers le lieu de transformation et la fabrication de la peinture. Avec les contraintes imposées par les marchés boursiers et les directives RSE européennes qui s'élargissent, notamment aux entreprises de plus de 250 salariés en 2025, aux PME cotées en 2026, "les fabricants se tournent vers les sociétés comme les nôtres pour avoir des solutions de décarbonation".

Produits biosourcés et décarbonants

Fondée en 2011, Ecoat se focalise sur les polymères, l'ingrédient principal de la peinture, qu'elle rend plus écologique. "Nos produits sont décarbonés et décarbonants, parce que issus du végétal et fabriqués avec des procédés technologiques simples", relève le dirigeant dont le discours a logiquement évolué en même temps que le marché, passant du produit biosourcé à la capacité de ce dernier à décarboner. Celle-ci est estimée cette année à 4.000 tonnes de CO2 économisées. "Pour le bien de la planète". La PMI azuréenne est par ailleurs devenue entreprise à mission, à savoir "aider l'industrie à entrer en transition écologique", et ce tant par ses produits que par ses services. "Nous travaillons sur ce sujet depuis plus d'une décennie, nous avons donc une bonne expertise dans la décarbonation, que ce soit en termes de vision, de technologies, mais aussi de formulation, d'analyse de cycle de vie, jusqu'à la rédaction de la Fiche de Déclaration Environnementale et Sanitaire".

L'international, dont les Etats-Unis et la Chine, levier de croissance

En toute logique, l'activité de Ecoat se place sur une courbe ascendante, et ce en dépit d'un marché final adressé - celui de la construction - en baisse de 25 à 30 %, plombé par la crise du logement actuelle. "La baisse du chiffre d'affaires de nos clients est cyclique, pas la transition écologique, c'est maintenant qu'il leur faut l'engager". D'où l'accélération enregistrée par la PMI entre 2022 et 2023, + 100% en volume, + 70% en chiffre d'affaires. L'équilibre financier devrait être bientôt atteint. Quant à l'international, cela représente 70% de son activité, en zone Europe bien sûr où la notion de décarbonation se traduit par des objectifs concrets, mais aussi aux Etats-Unis, marché ouvert récemment, et en Chine. La scaleup y compte un bureau de représentation et travaille actuellement à la mise en place d'un partenariat industriel.

Augmentation des capacités de production

En attendant, c'est en France, dans la Vallée de la chimie, que se concentrent ses capacités de production. Lesquelles vont monter en cadence. L'installation de nouvelles lignes va lui permettre d'atteindre 7.000 tonnes annuelles en mars et 10.000 tonnes en juin, contre 5.000 tonnes à ce jour. Un investissement conséquent soutenu par la levée de fonds de 10 millions d'euros conclues fin 2022, dont 50% ont été apportés par deux nouveaux entrants, Smalt Capital et 123IM. "L'idée, reprend Olivier Choulet, est de dupliquer notre production dans une deuxième usine, pour des questions de fiabilité d'approvisionnement, et de monter progressivement à 20.000 tonnes, puis 30.000 tonnes par an." Autre axe de croissance, la R&D. A cet égard, l'enjeu de l'innovation aujourd'hui est "non pas de trouver de nouvelles applications, de nouvelles fonctionnalités, mais de garder celles-ci sans consommer de CO2". Il s'agira donc pour l'entreprise qui emploie une quarantaine de personnes "d'accélérer cette dimension décarbonation en mettant sur le marché d'autres produits pour proposer à nos clients une offre élargie".

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