« Territoires d’industrie doit permettre de répondre aux enjeux du foncier » (Marcel Ragni, UIMM Sud-Corse)

Fervent défenseur de l’industrie et surtout de l’industrie 4.0, le président de l’UIMM06 est depuis quelques jours le nouveau président de l’UIMM Régions Sud-Corse. Un rapprochement qui s’inscrit dans un état d’esprit d’équipe. Car entre volonté de réindustrialisation et le retour de Territoires d’industrie, la filière doit jongler avec des enjeux de croissance, dont la disponibilité foncière est à la fois l’un des leviers et un talon d’Achille.
(Crédits : DR)

LA TRIBUNE - Vous venez d'être élu, à l'unanimité, président de l'UIMM Régions Sud-Corse. Quels sont les enjeux de cette UIMM à visée régionale ?

MARCEL RAGNI - Pour être forts, il faut être plusieurs. On a réussi à rassembler des pays, on a fait l'Europe, et nous, entre départements, nous ne serions pas capables de nous entendre ? Depuis deux ans et mon arrivée à la présidence de l'UIMM06, je me suis employé à mettre de liens entre les entités UIMM, Méditerranée et 06. Les territoires sont importants, donc l'UIMM 06 restera une entité à part entière et l'UIMM Méditerranée restera, elle aussi une très belle entité. En revanche, une union des deux IUMM ne serait pas une bonne chose, la distance entre les deux départements est trop grande, nos adhérents doivent se sentir investis par une UIMM territoriale. La taille de notre UIMM 06 et le nombre de nos adhérents de nous permet pas d'avoir une UIMM très importante en termes de management et de services parce qu'il faut des moyens. Je rappelle que l'UIMM vit de ses cotisations et même si nous augmentons le nombre de nos adhérents - de l'ordre de 200 actuellement - cela ne nous permettra pas d'apporter le service voulu à nos adhérents. En revanche, l'UIMM Méditerranée est une grosse structure, forte de 800 adhérents, avec beaucoup de personnel et une grande efficacité.

Ensemble, nous avons donné vie à l'UIMM Régions Sud-Corse - l'UIMM PACA a été dissoute - intégrant l'industrie corse liée à la métallurgie qui est inclue dans le giron de l'UIMM06. Le pôle juridique, créé avec Thierry Chaumont et Gilbert Marcelli (ancien président de l'UIMM Vaucluse NDLR) permet à tous les industriels de la métallurgie du Sud et de la Corse d'avoir un accueil performant, chaleureux, à l'écoute de leurs problématiques et demandes. Toutes les entreprises sont sur un pied d'égalité, quelle que soit leur taille. Nous avons construit un outil performant, au service de nos adhérents. Je me réjouis d'avoir rencontré Thierry Chaumont, chef d'entreprise émérite, passionné d'industrie, qui a œuvré pendant 9 ans en tant que président de l'UIMM Méditerranée avec une volonté sans faille de bien faire et qui a rassemblé autour de lui une équipe extraordinaire. Avec Thierry Chaumont, on se ressemble.

Où en sont les projets, notamment celui qui concerne la création d'une école de production ?

C'est une idée qui a germé entre Serge Carrière (secrétaire général de l'UIMM06, NDLR), Jean-Pierre Dos Santos (directeur du pôle de formation UIMM Sud-Corse, NDLR) et moi-même. Nous ne pouvions pas prétendre faire un tel projet, si nous n'étions pas unis. La directrice des écoles de production d'Istres et de la Seyne-sur-mer, Anne-Gaëlle Villemiane nous accompagne dans la construction de cette école dont l'ouverture est prévue pour septembre 2024. Elle accueillera entre 10 et 15 apprentis qui auront la chance d'apprendre dans une école qui produira, qui sera payée par les commandes que certaines adhérents ou administrateurs de l'UIMM lui confieront. Bien entendu, Ragni donnera du travail à cette école de production. Le but n'est pas de leur confier des projets pour payer moins cher, au contraire, nous sommes prêts à perdre un peu de marge sur les produits que nous ferons fabriquer afin de former les nouveaux talents, de construire l'avenir. C'est ce qui se passe au sein de l'école de production d'Istres, où les apprentis apprennent la chaudronnerie, travaillent sur des avions... Tout cela sert les grands groupes de l'aéronautique notamment.

La première édition du salon IBT, qui a réuni à Nice en ocotbre les filières du bâtiment, de l'industrie et de la tech, a été un succès. Est-ce la preuve que les secteurs connexes ont intérêt aujourd'hui à adresser les problématiques de transitions ensemble plutôt que séparément ?

Il est vrai que ce salon a réuni énormément de professionnels, venus des secteurs que vous avez cités. Les acteurs politiques aussi, sont venus écouter ce que nous avions à dire et cela compte. Beaucoup ont vu dans cette initiative, un salon de plus. Or, nous avons démontré qu'il est essentiel de créer du lien, de parfois forcer un peu mais toujours avec diplomatie, accepter que la lumière soit mise sur une filière en particulier, à un moment donné car cela sert le bien de tous. Cela permet d'arriver à un consensus payant.

La nouvelle convention qui entre en application au 1er janvier 2024 est étape significative pour la métallurgie...

Cela nécessite un travail important de la part des UIMM. Nous travaillons avec les syndicats, avec les organismes sociaux, les lycées techniques... pour que cette nouvelle convention soit bien comprise et appliquée.

Les jeunes semblent désormais plus sensibles à l'industrie...

Depuis que l'on parle de l'industrie plus ouvertement, que l'on a compris que l'industrie est un élément fort de l'économie, pour créer de la valeur, du tourisme, du service - sans industrie, il n'y a plus de service - on regarde l'industrie avec un autre regard. Les jeunes ont compris que l'industrie c'est une somme de multiples métiers. On peut travailler dans l'aéronautique, dans la métallurgie lourde... L'industrie aujourd'hui est numérique, propre... et c'est passionnant. L'industrie fait partie de la vie quotidienne. L'industrie peut susciter une passion chez les jeunes. Il faut que l'industrie se montre, brille par ses qualités et non parce que l'industrie est considérée comme polluante, salissante...

Territoires d'industrie, le dispositif né en 2018, qui vise à fédérer les industriels et les institutionnels dans les territoires, entre dans une seconde phase. Carros a été le premier territoire labellisé, de France en 2019. Nice Côte d'Azur et la Riviera française ont été labellisés dans cette seconde phase et vous avez porté, aux côtés de Christian Estrosi, cette candidature. Et plus largement, 8 Territoires d'industrie ont été labellisés dans la région Sud. Territoires d'industrie est important pour répondre aux enjeux de foncier, d'acceptabilité industrielle ?

Être labellisé Territoire d'industrie, c'est une reconnaissance. L'industrie représente 9,5% du PIB en France, dans les Alpes-Maritimes, l'industrie représente 30% du PIB et au niveau régional, c'est 11% du PIB. Les Alpes-Maritimes est bien un territoire d'industrie. Il y a un vrai projet autour de l'industrie dans le département. Les industriels ont besoin de foncier, de l'aide du politique aussi autour de certains projets. Cette labellisation peut nous faire espérer obtenir davantage de bâti, peut-être des subventions, des aides, de la communication autour de l'industrie. Être appuyé par l'Etat comme territoire d'industrie est un élément positif pour toute l'industrie de la métropole.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.