La stratégie des Geiq pour aller vers des publics de plus en plus éloignés de l'emploi

Créés dans les années 1990, les Groupements d'employeurs pour l'insertion et les qualifications ont vocation à favoriser le recrutement dans les secteurs en tension tout en luttant contre le chômage. Trente ans plus tard, ce dernier a reculé mais il concerne désormais des personnes cumulant davantage de difficultés, tandis que depuis l'épidémie de covid-19, les difficultés de recrutement se sont accrues dans de nombreux secteurs. D'où un travail important pour aller à la rencontre des personnes les plus éloignées de l'emploi. Notamment en Provence-Alpes-Côte d'Azur où un peu moins de 1.000 personnes sans emploi sont accompagnées chaque année.
(Crédits : DR)

Années 1990. En France, le chômage grimpe en flèche. De 7,6 % des actifs concernés en 1990, il passe à 10,2 % en 1994. L'activité a ralenti à l'échelle mondiale. Les carnets de commande des entreprises peinent à se remplir. Pourtant, des besoins de main d'œuvre demeurent.

C'est alors que des entreprises décident de se fédérer en constituant ce qu'elles décident d'appeler des Groupements d'employeurs pour l'insertion et la qualification (Geiq). Ces groupements, portés par des entreprises d'un même secteur d'activité, prennent en fait la forme d'associations dont les membres sont à 100% des entreprises.

Leur mission : mettre en lien des structures ayant des besoins de recrutement avec des candidats éloignés de l'emploi qu'elles n'auraient pas rencontrés par les circuits classiques : jeunes sans qualification, réfugiés, bénéficiaires de minimas sociaux... « C'est une solution en ressources humaines gérée et pilotée par des entreprises pour recruter et former du personnel », résume Océane Lantez, déléguée régionale des Geiq en Provence Alpes Côte d'Azur.

18 Geiq en Provence-Alpes-Côte d'Azur

Trente ans plus tard, les Gieq sont toujours présents. En Provence-Alpes-Côte d'Azur, ils sont au nombre de 18, couvrant autant de secteurs en tension : aide à domicile, agriculture, BTP, hôtellerie restauration, logistique, paysage, propreté, industrie, métiers de la mer. « Et nous prévoyons d'en ouvrir d'autres dans les prochains mois. Dans la carrosserie, peut-être dans la sécurité pour faire face aux besoins au moment des Jeux Olympiques de 2024. Nous avons également un projet assez avancé de Geiq formation qui viserait des publics un peu différents de ceux auxquels nous nous adressons habituellement. Il s'agirait de personnes en reconversion professionnelle contrainte, des seniors par exemple, qui pourraient trouver de l'emploi dans la formation. Des personnes qui ont une expérience, des savoir-faire, mais à qui il faudrait transmettre des compétences en matière de pédagogie ». 399 entreprises sont membres des Geiq qui emploient 34 salariés permanents au total, auxquels s'en ajoutent 3 au sein du comité régional.

En 2022, 836 personnes sans emploi ont été accompagnées. Des profils plutôt jeunes. « La moyenne d'âge est de 29 ans ». Mais aussi souvent plus éloignés de l'emploi.

Des publics de plus en plus éloignés de l'emploi

Car en 2023, la donne a changé. Le chômage de masse n'est plus, bien qu'il demeure très important dans certains territoires paupérisés. Tandis que les difficultés de recrutement des entreprises se sont élargies à des domaines d'activité qui n'étaient, jusque là, pas tellement concernés. De sorte qu'il est plus facile de trouver un emploi. À condition que les situations personnelles ne soient pas trop contraintes.

« Il y a un décalage. Les personnes sans emploi que nous rencontrons sont de plus en plus éloignées de l'emploi. Elles font face à davantage de difficultés ». En premier lieu desquels des sujets de mobilité. « Trois quarts de Geiq disent que cette problématique est régulière. C'est très contraignant dans certains secteurs comme l'agroalimentaire ou l'aide à la personne. Lorsqu'on commence très tôt, il n'y pas toujours de solutions de transport en commun ». Quant à l'achat d'un véhicule - auquel il faut bien sûr ajouter l'essence et les autres charges -, « avant, on arrivai à se payer une voiture. Une voiture peut-être brinquebalante, mais que l'on arrivait à financer en un ou deux mois de salaires. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas ».

De sorte que désormais, 92 % des publics des Geiq sont qualifiés de « prioritaires ».

Réduire la distance

« Nous devons aller vers les publics. Il nous faut inventer de nouvelles choses tout en tenant compte des contraintes des entreprises. Car l'enjeu est de mettre les personnes en milieu de travail ordinaire, avec les mêmes horaires que les autres ».

Aller à la rencontre des publics, les Geiq régionaux s'y attellent de plusieurs manières. « Nous voulons être plus visibles sur les réseaux sociaux où sont présents les jeunes. Nous organisons des forums de recrutements dans des lieux attractifs comme le Stade Vélodrome. On noue également des partenariats avec des clubs sportifs qui sont souvent le dernier lien social pour certains publics, jeunes en particulier ».

Auprès de ces publics éloignés de tout, le réseau veut aussi travailler sur l'employabilité, et plus particulièrement sur les savoir-être, l'adoption d'une posture professionnelle. C'est là l'objet du programme Geiq Do It mis en place en octobre 2022 avec le soutien de la Région Sud, et qui se veut être une sorte de « sas d'entrée » avant le Geiq. « Nous travaillons pendant trois semaines et demi sur les codes en entreprise, sur le droit du travail. Puis il y a un temps d'immersion au travers d'un stage ».

Un rôle de sas que jouent aussi les structures de l'insertion de manière générale, avec qui les Gieq renforcent de plus en plus leurs liens.

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