Comment les stations des Alpes du Sud mènent leur transition économique

Dans les stations de montagne du Sud, la saison hivernale s’ouvre sur fond de conjoncture positive, portée par des tendances de réservation jugées encourageantes et un effet JO 2030 que chacun souhaite mobilisateur et accélérateur tant les défis à relever sont importants pour bâtir la montagne de demain.
(Crédits : DR)

Larges et francs étaient les sourires lors du lancement de la saison hivernale des stations du Mercantour, à Saint-Laurent du Var, près de Nice ce 30 novembre. Evidemment, l'effet JO 2030 et la désignation des Alpes françaises comme seules candidates encore en lice pour les organiser n'y sont pas pour rien. Le manteau blanc qui couvre actuellement les montagnes non plus. Tout comme la tendance qui se dessine en termes de fréquentation. A Isola 2000 et Auron, dans les Alpes-Maritimes, la dynamique de réservation est enclenchée, et ce sur les mêmes bases que la saison précédente où les records de fréquentation avaient été battus, plus de 326.000 skieurs accueillis par la première (+21%), plus de 372.000 par la seconde (+32,5%). Dans les Hautes-Alpes, à Serre-Chevalier, mêmes motifs de réjouissance, avec un taux de remplissage à fin novembre en avance de 2,5 points par rapport à celui de l'an passé. Aux Orres, on souligne une augmentation à date de 20% des forfaits. Bref, à quelques jours de l'ouverture des stations, le moral est bon, les prévisions encourageantes et les maux post-Covid, à défaut d'être guéris, s'atténuent. "Les saisonniers reviennent, il en manque toujours à l'appel en restauration et en hôtellerie, mais le volume est plus important que l'an passé à la même date", note Jean-Luc Boch, président de l'Association nationale des maires des stations de montagne (ANMSM). Quant aux coûts énergétiques, "nous sommes revenus à des prix plus acceptables pour cette saison" bien que pour nombre de stations, petites en général, "l'équation reste encore très compliquée".

Défi énergétique, indispensable

A cet égard, aux Orres, où le surcoût lié à la facture énergétique a frôlé les 800.000 euros la saison dernière, on respire mieux. Le contrat a été renouvelé et d'ici à la fin de l'année 2024, début 2025 au plus tard, la station devrait mettre en service sa centrale de production hydraulique dont la capacité - 4 GWh par an - équivaut à la consommation de ses équipements. A une soixantaine de kilomètres de là, à Serre Chevalier, l'exploitant SCV Domaine Skiable, filiale de la Compagnie des Alpes, poursuit ses efforts sur le déploiement d'un mixte renouvelable diversifié (petit éolien, micro-turbinage, solaire, hydroélectricité) pour atteindre dans un an, "c'est l'objectif", dixit l'Office de Tourisme, les 30% d'autoproduction. Plus généralement, de nombreux projets de micro-centrales hydroélectriques fleurissent dans les stations. On en compte trois en cours par exemple à Auron, estampillée depuis le 24 novembre Flocon Vert, label valorisant les destinations touristiques de montagne qui s'engagent dans une politique de développement durable de pointe. Elles sont à ce jour une petite vingtaine en France à prétendre à cette labellisation, mais toutes travaillent sur ce sujet à large spectre, qui couvre aussi bien l'immobilier (à réhabiliter), la mobilité (responsable de 60% des émissions de gaz à effet de serre d'un séjour de ski) que les équipements (optimisés et moins énergivores). "Nous sommes en train de bâtir la montagne de demain pour ses habitants et ses visiteurs", insiste Pierre Vollaire, maire des Orres.

De l'importance d'investissements structurants

"La montagne de demain, c'est aussi la pérennisation du produit ski et la diversification des activités", explique Colette Fabron, maire d'Auron-Saint Etienne de Tinée et présidente de la Commission Massif Alpin à la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Deux axes de développement qui s'alimentent l'un l'autre et qui concentrent une bonne partie des investissements. Ainsi, cette année, à Isola 2000, sera inaugurée la première phase du chantier de restructuration du front de neige (2,8 millions d'euros HT) qui vise à réorganiser les flux de skieurs avec notamment l'installation de tapis couverts équipés de panneaux photovoltaïques, dont l'un présente un débit de 3.000 personnes par heure, en lieu et place de téléskis vétustes. Un travail sur l'optimisation du réseau de neige de culture a également été mené à travers le changement des perches du parc d'enneigeurs afin d'améliorer la qualité du rendu en dépensant moins d'énergie. A Serre Chevalier, c'est une nouvelle télécabine (26 millions d'euros), opérationnelle à la fin de l'année, qui deviendra le plus gros porteur de la vallée avec une capacité de transport de 2.800 personnes par heure. Elle vient remplacer deux anciennes remontées mécaniques. "Il s'agit de sécuriser l'exploitation du domaine skiable sur le long terme, en permettant un usage des ressources parcimonieux et précis", indique David Chabanal, directeur de l'Office de Tourisme de la station des Hautes-Alpes.

Les JO 2030, effet accélérateur

Toutefois, si la pratique du ski reste la valeur ajoutée principale des stations de montagne, toutes cherchent à créer une nouvelle attractivité à l'année, répondant à la fois à l'évolution de la consommation et du climat. A l'instar des Orres qui, cet hiver, ouvrira les portes de son pôle Sport Innovation. Pièce maîtresse du projet de station expérientielle et techno-push portée par son maire, bardée de différents équipements de pointe dont des simulateurs permettant de tester de nombreux sports, elle a vocation à "assurer la promotion et développer la pratique des sports et loisirs de montagne complémentaires au ski pour prendre en compte l'évolution des modèles économiques par rapport à l'avenir et au réchauffement climatique", détaille Pierre Vollaire. Pour qui, l'attribution des JO de 2030, bien engagée, va constituer "un excellent accélérateur" du processus de transformation en cours de l'économie de montagne.

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