Investissement et neige de culture, comment les stations de Nice Côte d’Azur ont anticipé le manque d’enneigement

Alors que le manque d’enneigement prive les stations des Pyrénées, des Alpes du Nord ou de Haute-Savoie d’une fréquentation à la hauteur de ce qui est attendu, à Auron et Isola 2000, les stations implantées sur le périmètre de la métropole niçoise, skieurs et chiffre d’affaires en croissance viennent valider le choix stratégique opéré en 2003, celui de parier sur la neige de culture et des investissements réguliers, de l’ordre de 190 millions d’euros en 20 ans. Ce qui répond aussi aux enjeux climatiques, jamais autant d’actualité.
(Crédits : DR)

Une faiblesse à laquelle on apporte une solution peut vite faire de l'ensemble, un atout. C'est précisément le schéma d'Auron et Isola 2000. Ces deux stations de ski, qui font partie du périmètre de la métropole Nice Côte d'Azur, affichent en ce début janvier un record de fréquentation insolent, tandis que dans les Alpes du Nord, dans les Pyrénées ou en Haute-Savoie ont se trouve fort dépourvus par une douceur des températures qui réduit, voire empêche, l'utilisation du domaine skiable.

Pourtant, la neige n'a pas préféré le ciel de la Côte d'Azur pour étendre son blanc manteau. Ici les températures enregistrées le 25 décembre étaient de près de 6 degrés supérieures à la normale. Même effet, mais pas même conséquences.

La neige de culture, le choix qui change tout

Car à Auron comme à Isola 2000, les questions d'enneigement on connaît bien, et depuis longtemps. Les hauteurs de neige sont habituellement peu élevées - de l'ordre de 1,5m à 2,3 m la saison dernière - et le record fait état de 7 m à Auron et 10 m à Isola 2000 dans les meilleures années.

Une vraie problématique donc qui a poussé le syndicat mixte qui gère les stations à agir rapidement pour contrer ce que Dame Nature n'était pas disposé à donner d'elle-même. Et ça passe depuis 2003 donc par des solutions qui permettent de garantir une activité neige, soit en tout 46,1 millions d'euros dévolus à la mise en place de retenues collinaires et d'enneigeurs. On retiendra que pour de début de saison, le recours à des canons à neige dits de dernière génération, capables d'entrer en production dès 0° lorsque le taux d'hydrométrie est faible, a permis de générer respectivement 480.000 m3 et 330.000 m3 de neige de culture à Auron et Isola 2000.

Lire aussiFréquentation, réservations, investissement locatif : la montagne, levier économique confirmé dans le Sud

Maintenir les business-modèles

Le choix de s'appuyer sur la neige de culture et celui d'investir dans les infrastructures a été initié voici près de 20 ans. Il fallait alors permettre à l'activité économique de se dérouler le plus sereinement possible, afin de continuer à faire de ce complément à l'activité touristique un vrai levier, autant pour une consommation locale que pour des raisons d'attractivité. 185,7 millions d'euros très exactement ont ainsi été dédiés aux deux stations depuis 2003. A Auron, les 96,3 millions d'euros d'investissement consentis l'ont été dans des télésièges, dans une retenue collinaire, dans 429 enneigeurs et un snowpark. 89,4 millions d'euros ont permis d'équiper Isola 2000 de 4 remontées mécaniques, d'un Family Park, d'une piste de compétition FIS (Fédération internationale de ski), de 428 enneigeurs, ainsi que d'une retenue d'altitude pour permettre la garantie neige.

La neige de culture qui fait aujourd'hui clairement partie des business-modèles des stations de ski, pas uniquement sur la Côte d'Azur. Une façon de garantir précisément ces business-modèles pour un long moment encore, ce qui n'est pas neutre quand on sait que les stations sont tournées vers demain, vers l'ajout de services et d'activités, notamment l'été, pour toujours plus de pérennité, parce que les habitudes de consommation évoluent.

Le choix du temps long

Des investissements qui, du côté de la Côte d'Azur, vont évidemment se poursuivre. A Auron, sont prévus la construction de télécabines, l'installation de télésièges et un réaménagement du front de neige, ce qui mobilisera une enveloppe de 41 millions d'euros en 5 ans. A Isola 2000, c'est tout une restructuration du domaine qui a été étudiée, le budget alloué s'élevant à 50 millions d'euros, à la fois pour conforter l'activité ski mais également pour servir la diversification de l'activité, autant durant la période hivernale qu'estivale. Est également prévue, la création d'une seconde retenue collinaire afin de développer l'installation de neige de culture.

Où on en revient à la chose économique et à la part portée par la montagne dans le tourisme global. Pour rappel, les stations de ski emploient 270 salariés et génèrent 1.600 emplois indirects. Et puis, il n'y a pas que le tourisme qui apporte sa contribution, il y a aussi les activités liées aux écoles de ski, lesquelles, dans la même dynamique, ont enregistré une hausse de leur chiffre d'affaires de l'ordre de 6% par rapport à la saison 2021. Il faut dire que durant les vacances de décembre, le taux d'occupation a particulièrement performé, de 75% pour la première semaine et de 100% pour la deuxième semaine. De quoi encourager l'économie locale.

L'immobilier, l'autre levier qui va bien

Et on ne croit pas si bien dire car l'autre effet de la stratégie joue sur un secteur connexe mais pas moins lié : l'immobilier. On sait sur ce point, les stations de ski être extrêmement attachée au développement des lits chauds et craindre, toujours, les lits froids. Pour le coup, sur ce point, à Auron comme à Isola 2000, les investisseurs ne boudent pas leur plaisir. Ainsi, 6 programmes de 202 logements soit 1.000 lit sont livrés à Auron, 3 de 260 logements soit 1.300 lots sont en cours de livraison tandis que deux permis ont été délivrés pour 87 logements de 435 lits, deux permis ayant été déposés pour des logements et des chalets.

A Isola 2000, on respire mieux depuis que la fin des procédures judiciaires qui empêchaient tout développement sur ce segment. Ce ne sont pas moins de 66.000 m2 constructibles qui vont contribuer au développement économique de la station. Une résidence de tourisme 4 étoiles est attendue, ainsi qu'une salle de spectacle et une résidence jeunes.

Autant de projets - et un bilan - qui valident les choix opérés il y a bien longtemps. La communication menée, notamment via les réseaux sociaux, aide à générer les flux, qu'ils soient locaux ou nationaux. Ce qui démontre que la Côte d'Azur ne se limite pas à son littoral, mais que c'est un grand tout. Lequel correspond aussi aux nouvelles envies de consommation touristiques, tournés vers la nature, les territoires méconnus. Et pas qu'en saison hivernale.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 06/01/2023 à 11:16
Signaler
Bonjour, il est possible de garder la neige artificielle en ajoutant des algues naturelles non toxiques biodégradables carraghénanes ou e407 dans les canons il existe des canons à température positive jusqu'à 25 degrés

le 06/01/2023 à 13:45
Signaler
elle cristallise comment l'eau à 25°C ? Le problème c'est quand l'isotherme 0 monte, monte, il faut aller de plus en plus haut en altitude pour avoir une température négative donc de la neige potentielle (en garder ensuite sous une couche de protect...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.