Quand les stations de montagne se transforment : Les Orres, la station expérientielle (1/2)

Encouragées à coup de centaines de millions d’euros au national comme au régional, les stations de montagne se transforment pour proposer un tourisme durable, résilient et diversifié afin de faire face aux changements climatiques et répondre aux nouvelles attentes de la clientèle. Les Alpes du Sud, possibles candidates à l’organisation des Jeux Olympiques d’hiver 2034 ou 2038, n’y échappent évidemment pas. La preuve par deux, à commencer par la station techno-push des Orres...
(Crédits : DR)

Ne parlez plus de stations de ski, préférez les stations de sports et de loisirs de montagne. Ce glissement sémantique, Pierre Vollaire, maire des Orres, dans les Hautes-Alpes, y tient. Chiffres à l'appui. "En cinq ans, nous avons doublé le chiffre d'affaires de la saison estivale, portée notamment par le VTT. L'été dernier, nous avons réalisé un peu plus de 1,1 million d'euros. Ce n'est que 10% du chiffre d'affaires annuel de la station, mais cela monte en puissance, il faut le souligner". Car aux Orres comme ailleurs, on cherche depuis quelques années déjà à développer une nouvelle attractivité, loin du tout ski, pour faire de la montagne "une destination durable, en toute saison et pour tous". "C'est le grand défi de nos stations : bâtir le modèle de demain en accélérant le développement des activités de pleine nature tout en réduisant notre impact environnemental".

Une station expérientielle

Pour ce faire, la commune haute-alpine mise sur l'expérientiel et les nouvelles technologies. L'idée ? Utiliser le virtuel pour encourager la pratique réelle, et ce grâce à un pôle expérientiel indoor bardé de simulateurs, robots et autres dispositifs de réalité augmentée permettant de s'immerger et de tester l'ensemble des activités de plein air proposées en station et dans la vallée : le ski, bien sûr, la luge, mais aussi le parapente, le VTT, le rafting... "Il s'agit ici de lever les freins à la pratique sportive, enrichir les méthodes d'apprentissage et faciliter l'accès à ces loisirs", précise Pierre Vollaire.

Autre pôle en développement, celui baptisé sport et innovation, dédié non plus à la découverte mais à la performance. Lui aussi multiplie les équipements, plan incliné, chambre hypoxique, dispositif de cryothérapie, salle de sport... Le but étant d'amener les pratiquants, professionnels comme débutants, à s'améliorer au travers d'outils et technologies qui servent habituellement l'élite. Ces deux pôles, attendus respectivement en 2024 et 2023, seront connectés au domaine skiable dont les 100 kilomètres de pistes seront d'ici à la fin de l'année dotées de capteurs et caméras afin de récupérer les données et ainsi analyser les performances. Au total, ce projet de station expérientielle pèse près de 12,5 millions d'euros.

Une station rationnelle

Chaque année, Les Orres accueillent 275.000 visiteurs, dont 250.000 l'hiver, et comptabilisent 525.000 journées skieurs. "Notre objectif avec ce projet est de mieux lisser l'activité sur l'année et d'augmenter de 10% le nombre de journées skieurs", relève Pierre Vollaire, qui poursuit : "Il s'agit d'enclencher une dynamique à l'échelle du massif et non pas de faire du volume. Nous cherchons une fréquentation permettant un modèle économique durable et pérenne, sans stresser la nature et les hommes".

Car si la collectivité continue de réaliser des investissements consacrés à la pratique du ski, principal moteur économique des stations, et pour longtemps encore faute de réelle alternative, elle cherche à rationaliser ses équipements pour réduire son empreinte carbone. "Les derniers télésièges installés nous ont permis de retirer une cinquantaine de pylônes du domaine et de baisser de 28% la consommation des téléportés", détaille-t-il. La production d'énergies renouvelables est également au programme avec la construction d'une centrale hydraulique à la capacité (10 GW par an) supérieure à la consommation des équipements de la station (8 GW par an). Enfin, la question de l'hébergement est également mise sur la table avec des projets de résidence de tourisme de 550 lits, opérée par Odalys, d'un hôtel 4 étoiles, et d'un établissement plus économique, type auberge de jeunesse. Reste le volet mobilité, lui aussi prégnant, dont les projets pourraient bénéficier de l'impulsion liée à la candidature du territoire aux JO, si celle-ci va au bout.

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