L'annonce le 14 février dernier du projet d'acquisition de la Méridionale par CMA CGM (le groupe a déposé le 26 mai dernier une proposition d'achat de La Tribune) avait quelque peu surpris. Filiale du Groupe SNEF, la compagnie avait en effet fait l'actualité quelques semaines plus tôt en dévoilant le premier filtre à particules capable de capturer non seulement les particules fines et ultrafines mais aussi les métaux lourds. Ce faisant, elle mettait ainsi à disposition du monde maritime une innovation développée en interne et venue du secteur industriel.

Mais la crise sanitaire et le ralentissement des activités qu'elle a provoqué ont quelque peu malmené le modèle économique. En démontrant son intérêt, CMA CGM disait alors vouloir redresser et redonner des perspectives de croissance à cette compagnie née en 1931 spécialisée dans le transport de fret et de passagers vers la Corse et le Maroc, stratégique pour le monde économique.

Acteur du tourisme durable aussi

Près de quatre mois plus tard, La Méridionale intègre officiellement le portefeuille de l'armateur marseillais et sa division transport maritime spécialisé, constituée de Brittany Ferries (à hauteur des 12% du capital, acquis en mars 2023); du transport de voitures par bateau et de Neoline, cette jeune entreprise, originaire de Nantes qui s'inscrit dans le transport vélique en développant un roulier à voile.

Une Méridionale dont CMA CGM entend faire un fleuron de l'innovation durable, lui donnant la mission de former l'un des premiers corridors verts en Méditerranée. Ce qui se concrétise par la commande de deux nouveaux bateaux, propulsés au GNL tout en étant capables de fonctionner au méthanol. Des investissements qui servent une autre stratégie : faire de La Méridionale une compagnie tournée vers le tourisme durable.

Car les investissements consentis sur ces nouveaux bateaux concernent pour l'heure la liaison quotidienne avec la Corse, un territoire forcément touristique mais aussi soucieux de son environnement. CMA CGM pousse donc la logique jusqu'à indiquer que des activités de tour-operating durables seront développées par La Méridionale, l'idée étant de promouvoir l'écosystème touristique corse.

Conforter la filière maritime

L'autre point sur lequel l'armateur insiste concerne le développement des compétences. Car la filière maritime, comme d'autres secteurs, a des besoins en recrutement qu'il faut combler. Pas question donc que La Méridionale ne soit pas une compagnie pilote pour ce qui est de la formation de nouveaux marins. Le sujet est prégnant sur le territoire, première région maritime de France, selon l'Insee et qui regorge, d'après Pôle Emploi, de 900 postes à pourvoir dans l'ensemble de la filière. CMA CGM dit vouloir nouer un partenariat avec le Lycée Maritime et Aquacole de Bastia, l'objectif étant de mettre le pied à l'étrier pour un premier emploi. Un programme de validation des acquis de l'expérience devrait également permettre au personnel d'exécution d'accéder aux fonctions d'officiers.

Autre liaison qui porte intérêt, celle qui relie la Cité phocéenne à Tanger Med, ligne ropax (fret et passagers NDLR) qui a été initiée en 2021 pour répondre à une demande des acteurs économiques mais qui a aussi l'avantage, défendait alors la compagnie, d'être une solution répondant aux enjeux environnementaux en étant un corridor en alternative à un port d'Algésiras, saturé. Reste à voir si cette liaison sera, elle aussi, renforcée.

Pour rappel, La Méridionale emploie 600 personnes dont 490 marins.