« La grève est davantage une grève sociétale qu’une grève sociale » (Philippe Korcia, UPE13)

Emploi, retraite, inflation, coût de l’énergie… les sujets qui touchent l’entreprise sont nombreux mais pour le patron des patrons des Bouches-du-Rhône le mouvement de contestation que connaît la France relève davantage d’un malaise sociétal, bien plus que social. Et le blocage du pays – qui est régulièrement évoqué – finirait de mettre à mal des TPE et PME déjà bousculées par les crises qui se sont succédé depuis 2020 estime-t-il. Alors que le potentiel de croissance est là… ce qui n’exonère pas de traiter les freins qui entravent le développement du territoire, dont fait partie la mobilité.
(Crédits : DR)

Depuis trois ans, le mot crise fait partie du vocabulaire quotidien du chef d'entreprise. Non pas qu'il n'en ait jamais fait partie. Sauf que les périodes tendues que le monde connaît depuis 2020 sont de natures différentes de ce que l'on avait connu jusqu'alors. Suffisamment pour remettre en cause des modèles économiques et des habitudes.

La contestation contre la réforme de la retraite ne ressemble donc pas tout à fait aux précédentes contestations sur le même sujet, estime Philippe Korcia. Et le patron des patrons des Bouches-du-Rhône de souligner la résistance du tissu économique provençal, un tissu économique « bien constitué » avec des capitaux propres solides, des entreprises familiales qui le sont tout autant...

Mix de compétences

Mais « nous sommes à la croisée des chemins ». Comprendre que si l'économie fait de la résistance, tel un élastique jamais extensible à l'infini, elle peut aussi craquer en cas d'accumulation trop lourde. Et Philippe Korcia de prévenir contre une fracture sociale qui creuserait un écart entre les diverses classes sociales. Or, « la disparition de la classe moyenne est la pire chose qui puisse arriver à un pays ».

Et le président de l'UPE13 d'indiquer que les mouvements de grève qui se répètent depuis quelques semaines sont certes le signe d'un mécontentement sur la réforme du système de retraite mais que cette contestation est en fait beaucoup plus profonde et qu'elle relève davantage d'un malaise sociétal plus que social. Que le travail est perçu différemment, mais que le changement s'est inséré aussi dans d'autres domaines de la vie et que c'est un bouleversement plus large qu'une réforme qui provoque la contestation. Philippe Korcia de craindre aussi un durcissement, ce qui aurait un effet plus que néfaste. « Si les grèves durent, nous n'y arriverons pas ». Parce que les trésoreries seront mises à l'épreuve alors que les autres problématiques telles la hausse des matières premières ou du coût de l'énergie ne sont pas résolues.

Une réforme des retraites qui contribue à remettre le sujet de l'emploi des seniors sur la table. Et avec lui la nécessité de la transmission de certains savoir-faire. Des seniors « qui apportent un socle avec de l'expérience, du réseau, une approche souvent plus tournée vers le service que la technologie. Il faut retrouver ce mix ».

Marseille en Grand, plus vite ?

Le tissu économique - comme le démontrent certaines notes de conjoncture ou encore comme le dit la Banque de France - tient, résiste, persiste et croît malgré les difficultés. Une conjoncture dont il faut s'attendre à ce qu'elle soit « compliquée » au premier trimestre, pour toutes les raisons que l'on connaît déjà, du prix des matières premières à l'inflation. Le second trimestre devrait, estime Philippe Korcia, être moins tendu alors qu'une « embellie » est espérée pour la fin de l'année 2023, début 2024. « Il faut tenir, les banques sont à l'écoute des entreprises ». Des entreprises « qui ont joué le jeu de l'augmentation des salaires », rappelle le président du syndicat patronal.

Des patrons qui attendent aussi beaucoup du Plan Marseille en Grand. Un Plan qui recueille l'espoir de bien des acteurs économiques. Mais dont « on ne voit pas encore le potentiel promis sur le terrain », relève Philippe Korcia. Qui dit aussi ne plus supporter les « querelles d'égo entre collectivités locales » - comprendre entre Marseille et Aix-en-Provence notamment - « tout le monde doit aller dans le même sens. Nous voulons des actions et ceux qui ne sont pas dans l'action seront sanctionnés ».

La société civile, la solution aux crises

L'action concerne notamment le Talon d'Achille du territoire métropolitain : la mobilité. Le Groupement d'intérêt public (GIP) Aix-Marseille Provence Mobilités est un levier majeur pour gommer tout ce qui empêche le déplacement entre zones d'activités, d'emploi, premier frein désormais à l'emploi et par ricochet, au développement économique du territoire. « Il faut trouver une solution pour accéder à Aix-les Milles », cite Philippe Korcia qui rappelle que le monde économique a fait des propositions et qu'il attend désormais le passage à une étape concrète. « Nous ne pouvons attendre dix ans ».

L'entreprise qui, souligne Philippe Korcia, « doit prioritairement développer son outil de production. C'est ce qui lui permet d'accompagner le développement social d'un territoire. La vraie solution dans toutes les crises, ce sont les entreprises, la société civile ». Et d'insister sur ce rôle du monde entreprenarial qui doit être associé à « toutes les discussions. Nous sommes écoutés mais pas assez entendus ».

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