Startups - Clean Tech Nation ? -, foncier, mobilité... "La CCI n'est pas un strapontin, elle doit être associée en amont à tous les projets" (Jean-Luc Chauvin)

Cultiver les atouts du territoire d'Aix-Marseille. Et en faire une centralité dans un monde qui se redessine. Voilà l'ambition de la CCI Aix-Marseille Provence pour l'année qui vient de s'ouvrir. Ce qui exigera d'agir de front sur de nombreux sujets connexes. De la mobilité au développement des cleantechs en passant par le renforcement du Grand Port Marseille-Fos et la recherche de foncier. Avec une méthode : le collectif, condition essentielle de l'attractivité du territoire selon Jean-Luc Chauvin, son président.
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Quand passera-t-on le pic de l'inflation ? Faut-il (encore) s'attendre à des coupures d'électricité ? Augmenter les prix au risque de perdre pied face à une concurrence acharnée ? La trésorerie tiendra-t-elle le choc ? Et quid des difficultés de recrutement ?

Ces questions, bon nombre d'entreprises se les sont posées en 2022. Après les gilets jaunes puis la crise sanitaire, voilà que « les nuages se sont amoncelés avec la guerre en Ukraine », rappelle Jean-Luc Chauvin, président de la Chambre de commerce et d'industrie Aix-Marseille-Provence, laissant entrevoir une année 2023 elle aussi marquée d'incertitudes.

Il n'empêche, assure-t-il : « 62 % des chefs d'entreprises interrogés dans notre enquête de conjoncture ont une confiance solide dans leur entreprise pour aborder l'avenir ». Or, poursuit-il, « l'économie est basée sur la confiance ».

La confiance est en effet la condition de tout investissement. Et pour l'insuffler, il faut un territoire actif. Ambitieux. Et en l'occurrence, Jean-Luc Chauvin croit au potentiel du territoire provençal pour s'affirmer comme un nouvelle centralité dans un monde en plein « chambardement ». « On assiste à une redistribution des cartes. Et le territoire, qui a déjà été deux fois au centre du monde, peut le redevenir ». Ainsi, après s'être distinguée pour sa philosophie au 4e siècle puis pour sa place dans le commerce mondial, la Cité phocéenne a, selon lui, un rôle à jouer dans les nouveaux défis auxquels le monde est confronté.

Un territoire doté d'atouts face aux transitions écologique et numérique

Parmi ces défis, le numérique. Et avec ses 5 data centers et ses 17 câbles sous-marins qui la placent au 7e rang mondial en capacité de données, Marseille a de sérieux atouts.

Surtout, l'urgence climatique oblige à repenser d'urgence les modes de production et à mettre en place des innovations de rupture afin de décarboner les modes de vie. Et là aussi, le territoire dispose de forces significatives.

« Nous avons le Technopole de l'Arbois qui occupe la 4eme place mondiale des technopoles spécialisés dans les cleantech », ces technologies en lien avec l'environnement. « Nous avons peut-être besoin d'accélérer sur ce sujet, d'aller plus loin. C'est dommage d'être au pied du podium » sourit le président de la chambre consulaire pour qui le territoire, mais aussi l'État, ont tout intérêt à exploiter le potentiel de ce site qui regroupe des startups, des instituts de recherche, mais aussi des pôles de compétitivité... Et d'imaginer : « On pourrait devenir la Clean Tech Nation ».

Ambitions fluviales

Autres forces du territoire à valoriser : sa jeunesse, mobilisée à travers le Plan Marseille en Grand, ses Carrefours de l'entrepreneuriat et son Capital jeune créateur qui visent à encourager l'entrepreneuriat chez les jeunes, plus spécifiquement ceux issus de quartiers prioritaires ; sa diversité culturelle; et les événements sportifs qui s'y dérouleront prochainement : Coupe du monde de rugby et Jeux Olympiques de 2024. Des manifestations qui « devront être une réussite citoyenne et populaire, un facteur de fierté pour tous et un accélérateur d'attractivité ». L'occasion de faire rayonner l'innovation locale. D'ailleurs, la CCIAMP s'apprête à lancer un appel à projet pour l'installation d'un point de ravitaillement en hydrogène sur le Port Anse de la Réserve. « On espère qu'il sera opérationnel fin 2023, début 2024 ».

Toujours côté mer, Jean-Luc Chauvin aimerait voir portée collectivement l'ambition de rendre au Grand Port maritime de Marseille sa place de premier port national. Place qu'il a perdu au profit du Port Haropa qui regroupe les ports de Paris, de Rouen et du Havre. Un regroupement qu'il aimerait voir dupliqué tout au long du Rhône et même au-delà. « On pourrait avoir plus de parts de marché en remontant vers le Nord de l'Europe, jusqu'en Allemagne », important bassin de consommation.

Soigner le cadre de vie

Mais pour relever ces défis et porter la dynamique des entreprises du territoire, il faut des hommes et des femmes. Et pour les attirer (ou simplement pour les retenir), le territoire doit gagner en attractivité. « Il faut travailler sur le cadre de vie : le logement, l'offre éducative et culturelle », et bien sûr sur la mobilité, « talon d'Achille du territoire ». « On ne peut pas accepter que des zones comme Aix-les-Milles soient complètement oubliées. Même chose pour la zone industrielle et portuaire de Fos-sur-mer : il n'y a que deux lignes de bus qui fonctionnent, et pas forcément aux bons horaires. On ne peut pas non plus accepter l'absence d'un vrai RER métropolitain. Avec nos partenaires, nous proposons cela depuis cinq ans. Le Président de la République a repris cette proposition il y a deux mois. Il faut maintenant passer de la parole aux actes».

Se pose aussi la question du foncier, essentiel au développement économique. « Il faut sacraliser le foncier industriel » et reconquérir les friches industrielles. Ce, dans un cadre réglementaire se donnant comme objectif la « zéro artificialisation nette des sols », par ailleurs nécessaire pour préserver les « 50 % de territoires naturels » que compte la métropole et sources d'attractivité.

L'importance du collectif

Sur tous ces sujets, la CCIAMP prône une méthode : le travail collectif associant des acteurs les plus divers et nombreux possibles. Essentiel pour fédérer et trouver des compromis sur des sujets parfois clivants, où se heurtent des enjeux d'industrialisation et de préservation de l'environnement. « C'est une condition de l'attractivité. Sans cela, le territoire ne progressera pas et se retrouvera hors de la compétition internationale». Et en tant que représentant du monde économique, la CCIAMP compte bien faire entendre sa voix. « Nous ne sommes pas un strapontin. Nous voulons être associés en amont de tous les projets ».

Notamment celui de l'éventuelle création d'une Cité judiciaire à Marseille annoncée par le Garde des Sceaux début 2022. Jusqu'alors, l'écosystème judiciaire marseillais (magistrats, greffiers, avocats et leurs collaborateurs, justiciables...) gravitait autour du Tribunal judiciaire dans le 6e arrondissement de Marseille, alimentant une demande considérable pour les commerçants locaux. De sorte que le déplacement de ces activités serait pour Jean-Luc Chauvin « une catastrophe économique. Si les choses avaient été anticipées, on aurait pu prévoir d'autres activités en compensation. Ou trouver d'autres solutions ». Il regrette le manque de concertation et l'absence d'étude d'impact sérieuse. Étude à laquelle devrait s'atteler la CCI, en lien avec les professionnels de la justice et peut-être le soutien de collectivités locales. Déterminée à prendre sa part dans ce qui s'annonce peut-être comme « le sujet chaud de 2023 ».

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