Dire que l'année a été particulière en montagne est un doux euphémisme. L'été a été marqué par des records d'affluence touristique dans les stations, alors que l'hiver lui a été celui des remontées mécaniques à l'arrêt. C'est dans ce contexte que se tiennent deux journées de rencontres sur l'avenir du développement du massif alpin à l'échelle européenne. "Il s'agit d'aider les stations à aller de l'avant pour engager la transition écologique et accompagner l'évolution touristique", espère Pierre Vollaire, maire des Orres et vice-président de l'association nationale des stations de montagne.
La commune des Hautes-Alpes fait figure de laboratoire pour les stations européenne puisqu'elle fait partie du programme européen Smart Altitude visant à accélérer les politiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans l'industrie touristique de montagne. "Cela nous a permis de maîtriser notre énergie avec une baisse de la consommation de la station de 20% mais aussi de 100 tonnes de CO2, c'est un système unique qui est répliqué ailleurs", se félicite Pierre Vollaire.
Des transports plus propres
Des dispositifs qui doivent inspirer les autres stations. "Ce qui est fait via Smart altitude intéresse plusieurs pays", assure Christiane Barret, déléguée générale de la Stratégie de l'Union européenne pour la région alpine (SUERA). "L'enseignement à retenir est qu'il vaut réunir tous les acteurs pour voir les moyens à mettre en œuvre afin de bâtir des projets qui sont adaptés aux territoires et aux objectifs que nous poursuivons", estime-t-elle après une année de présidence française de la Suera.
La question des transports est notamment au cœur des enjeux puisqu'elle les arrivées en voiture sont régulièrement pointées comme une part importante du bilan carbone d'une station. "Nous avons déjà des réponses concrètes comme les ascenseurs valléens, ou les scooters à hydrogène dont les démonstrations ont été faites ainsi que des véhicules électriques pour les navettes ou des bennes à ordures et des bus", liste Fabrice Pannekoucke, conseiller régional Auvergne-Rhône-Alpes et vice-président la commission montagne.
L'évolution des pratiques et des exigences, environnementales entre autres, bougent aussi les pratiques en montagne. Aux Orres, Pierre Vollaire veut proposer plus que du ski. Il compte développer un pôle expérientiel censé mélanger une sorte de Futoroscope des sports de montagne - avec du numérique, de la simulation et des expériences virtuelles -ainsi qu'un lieu pour rapprocher les équipementiers avec les écoles de ski ou les fédérations. "Cela permettra d'aider les compétiteurs à progresser plus vite grâce à des prises de vue dans la station ou des capteurs, mais les pratiquants lambdas pourront aussi en bénéficier".
Difficile de mettre le ski hors-piste
A l'image de ces projets, l'un des maîtres-mots de l'avenir de la montagne semble être la diversification. De quoi mettre le ski sur la sellette ? "Cela occupe une place très importante dans l'économie locale, mais cela ne veut pas dire qu'il faut maintenir le modèle", estime Fabrice Pannekoucke. "Il ne s'agit pas de savoir si l'on fera du ski en 2030 ou pas mais de se demander comment le milieu dans lequel on vit va évoluer et compte tenu de cela faire preuve de résilience pour accompagner économiquement et socialement ceux qui en vivent", développe-t-il.
L'élu savoyard est toutefois bien conscient que si certaines stations peuvent jouer la carte de la gastronomie ou d'autres sports de glisse, ce n'est pas le cas pour toutes. Mais il plaide pour un nouveau modèle : "Nous sommes aussi dans une diversification parce que nous avions un regard très tourné vers l'hiver alors qu'il faut avoir un réflexe multi-saisons. Dans les Hautes-Alpes, il y un certain nombre d'endroits où l'on voit un équilibre de nuitées entre l'été et l'hiver".
Pas sûr pour autant que cela suffise, Pierre Vollaire rappelle que le ski est "le moteur" des stations. Les Orres "ont doublé leur chiffre d'affaires d'été sur les cinq dernières années notamment grâce au VTT, mais cela ne représente que 10% de l'activité de la station. Cet hiver, les raquettes ont bien marché nous avons mis des itinéraires mais ce n'est pas le modèle qui fait vivre la station", souligne-t-il. Ni ceux qui passent l'année en montagne.
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