Rachat de La Provence : l’offre de CMA CGM seule en lice ?

Alors que les deux projets ayant fait part de leur intérêt pour le rachat des 89% des parts de que possède GBT au capital de La Provence semblaient pouvoir être présentés aux salariés du quotidien, finalement, il n’y en aura qu’une, celle considérée comme mieux-disante, et c’est le tribunal d’instance de Marseille qui en a jugé ainsi. Une décision qui bloque, par conséquence, l’offre de Xavier Niel. Qui sera à Marseille ce mercredi.
(Crédits : DR)

C'est une décision lourde de conséquences et qui marque une nouvelle étape dans le processus de rachat des parts que détient le Groupe Bernard Tapie (GBT) au capital de La Provence. Une décision prise par le tribunal judiciaire de Marseille en référé ce vendredi 24 février qui dit que le « périmètre de la consultation doit se limiter à l'offre qui a été retenue par le juge-commissaire, et le cas échéant à l'examen d'un projet de reprise de l'associé minoritaire si ce dernier fait connaître sa volonté de préempter ce qui n'est pas le cas à l'heure où nous statuons ». Comprendre que seule l'offre de Rodolphe Saadé, PDG de CMA CGM, considérée comme mieux-disante par le prix de rachat qu'elle propose - à 81 millions d'euros - sera donc présentée en détail tandis que celle de NJJ, portée par Xavier Niel restera un mystère pour les salariés.

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Challenger, la volonté des salariés

Une décision qui secoue beaucoup au sein du quotidien. Si les organisations syndicales ne sont pas toutes d'accord sur qui est le meilleur candidat, c'est tout de même l'offre de Rodolphe Saadé qui semble l'emporter, au moins sur le papier. Sont invoqués notamment le maintien de « tous les emplois, le maintien des statuts, l'indépendance de la rédaction, la formation des salariés, l'investissement ambitieux de 54 millions d'euros, le maintien et la modernisation des imprimeries en Corse et à Marseille », ainsi que le précise un communiqué de FO que La Tribune a pu consulter.

Si l'on comprend que tous ces éléments sont de nature à rassurer les salariés d'un organe de presse, sachant que le secteur doit affronter le virage numérique, des investissements en moyens humains comme techniques, ils pourraient aussi être confrontés à ceux de l'offre adverse. Et c'est bien cela que déplore une partie des salariés qui aimerait beaucoup - toute belle qu'elle apparaisse - challenger l'offre de CMA CGM.

Niel empêché, mais à Marseille tout de même

Dire que la voix des salariés n'est pas entendue c'est donc ce que l'on pense aussi du côté de certains proches du dossier qui déplorent que les deux propositions ne puissent pas être portées à la connaissance de tous. Ce qui se fait « traditionnellement » dans le secteur de la presse. « Le social est secondaire », se révolte l'un des acteurs du dossier. Qui s'interroge sur la raison qui empêche Xabier Niel et NJJ de présenter leur offre. Xavier Niel qui était prêt à se rendre en personne à Marseille pour rencontrer les salariés et expliquer en détails, son projet. Niet a dit Jean-Christophe Serfati, le PDG du groupe. Ce qui n'empêche pas le fondateur de Free se venir tout de même dans la Cité phocéenne ce mercredi.

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Mais c'est ce qui va se passer au cours du conseil d'administration qui revêt une importance majeure. Les liquidateurs demandent en effet à celui-ci de statuer à titre conservatoire sur le droit d'agrément qui pourrait être rendu au même Xavier Niel par la Cour d'appel d'Aix-en-Provence qui jugera au fond le 28 mars prochain. Un conseil d'administration composé de cinq membres, deux nommés par GBT, deux représentants d'Avenir Développement (c'est-à-dire Niel, AD étant le détenteur des 11% que possède le patron de Free), le cinquième étant le PDG du groupe, Jean-Christophe Serfati. Si les cinq membres sont appelés à voter, le droit d'agrément devrait être maintenu. Or, d'aucun estiment que les représentants d'Avenir Développement doivent se déporter, au titre de leur « proximité » avec l'un des candidats au rachat des 89%. Mais rien n'est moins sûr en ce qui concerne ce scénario.

Ou on en revient à la possibilité que possède encore Xavier Niel de s'aligner - c'est ce que lui permet le droit de préemption qu'il détient - sur l'offre de Rodolphe Saadé. Mais le fera-t-il ? CMA CGM, clairement, compte bien, être seul à bord du paquebot Provence, à terme. Niel cédera-t-il ses 11 % ? Rien n'est moins sûr. Pas avant d'avoir dit son dernier mot...

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