Rachat de La Provence : ce que prévoit le projet industriel de CMA CGM

Considéré par les liquidateurs comme la mieux disante, l’offre portée par l’armateur basé à Marseille déroule une série de chantiers qui structure son projet industriel. Où il est question de reconquête du lectorat, de numérique, de pérennisation du print – ce qui va avec le maintien de l’imprimerie dans les Bouches-du-Rhône – et aussi de mutualisation avec les activités logistiques du groupe que dirige Rodolphe Saadé.
(Crédits : DR)

Le rachat des parts de Bernard Tapie au capital de La Provence n'a pas fini d'alimenter les conversations et de faire se perdre en conjectures. Depuis le 15 février dernier et l'ouverture des plis de chaque candidat par le tribunal de Bobigny, on sait qui propose quoi, ou plutôt combien. Avec 80 millions d'euros, l'offre de Rodolphe Saadé, le PDG de CMA CGM est considérée comme mieux-disante par les liquidateurs, face aux 20 millions d'euros proposés par Xavier Niel.

Le fondateur de Free qui, lors de son audition au Sénat le 18 février dernier, dans le cadre de la concentration des médias, n'a pas manqué de commenter ce gap financier entre les deux offres, redisant autrement ce qu'il avait déjà laissé transparaître dans un communiqué publié post ouverture des plis, l'idée selon laquelle devenir patron de presse ne s'improvise pas et que l'indépendance est chose sérieuse. On rappellera que certains acteurs économiques des Bouches-du-Rhône ont publiquement fait savoir leur préférence pour le projet de Rodolphe Saadé, parmi lesquels le président de la Chambre de commerce et d'industrie, Jean-Luc Chauvin. Devant les sénateurs, l'actionnaire du Monde et propriétaire également de Paris Turf et Nice-Matin a clairement exprimé le fait que « nous avons un projet industriel, pas une danseuse » et que les deux expertises menées avaient conclu à une valorisation de La Provence et de Corse-Matin à 20 millions d'euros. Le prix qu'il propose donc. Ce qui ne semble pas tout à fait l'avis du groupe dirigé par Rodolphe Saadé, qui à son tour, dit à La Tribune ce qu'il en pense. « Le prix proposé montre notre appréciation de la Provence et de Corse Matin, du travail des hommes et des femmes impliqués dans ses journaux. Nous croyons dans la valeur de la presse quotidienne régionale. Nous ne souhaitons pas profiter de la liquidation des biens du Groupe Bernard Tapie pour faire une affaire sur le dos de leur créancier, à savoir l'Etat, et donc d'une certaine façon le contribuable ».

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Sept chantiers pour revenir à la rentabilité

CMA CGM qui a donc dessiné un projet industriel avec des axes précis, appelés chantiers, qui visent à ramener la rentabilité au sein du titre de la presse quotidienne régionale.

Ces chantiers, au nombre de sept, ont déjà été partagés avec les syndicats de deux titres concernés. Où il est question de reconquête, du lectorat comme de parts de marché, ce qui passe par divers leviers. Dont fait partie le print. A l'heure du tout numérique, la pérennité des éditions papier n'est pas pour autant à négliger. Surtout qu'une question d'outil industriel y est liée, la décroissance du print entachant, par ailleurs, la rentabilité de certaines rotatives.

Un print qui doit donc être renforcé par un meilleur marketing des Unes, par une recherche de ce qui peut engendrer un désamour du papier, ce qui renvoie, dit le projet, à une amélioration du contenu. Côté partie publicitaire, l'objectif est de développer des formats nouveaux, dont certains plus immersifs, en développant le brand content ou l'environnement de contenus favorables - tout en respectant évidemment l'indépendance éditoriale précise encore le projet - qui veut aller plus loin également en stratégie reposant sur les réseaux sociaux. Si le quotidien est déjà présent sur les réseaux « classiques » tels Facebook, Twitter ou Instagram, l'idée est de le rendre également visible sur Snapchat et Tik Tok, une façon de toucher une autre cible de lecteurs, plus jeunes. Le principe de publications de dix vidéos minimum par jour sera privilégié avec en point d'orgue aussi, le développement, et pas que sur Twitch, de chaînes officielles.

Le numérique qui a une part importante dans la stratégie globale du projet, notamment du point de vue des abonnements, ce nerf de la guerre qui joue pour beaucoup dans la rentabilité d'un titre de presse. Ce qui passe par une politique d'attractivité qui va de pair, qui inclut une logique de SEO assez fine pour favoriser le référencement qui va bien, notamment. Le site et l'application devraient être retravaillés en ce sens.

Mutualisation logistique

Assez logiquement, une mutualisation pourra être mise en place en termes de logistique - CMA CGM est un acteur majeur de ce secteur - plus particulièrement en ce qui concerne le portage, affaibli par la baisse de volume, qui, du coup ici trouverait un volume supplémentaire. Les points de vente seront également revus, dans un but de multiplication réfléchie. Une politique de diversification est également envisagée, en s'appuyant sur une offre publicitaire pensée exprès, sur la publication de Hors Séries à laquelle s'ajoute un segment consacré à l'événementiel.

La Provence, qui, si elle devient propriété de Rodolphe Saadé, conservera bel et bien son imprimerie dans les Bouches-du-Rhône. Restera à trouver également un nouveau siège social, l'actuel siège ayant été cédé l'an dernier pour un montant de 35 millions d'euros.

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Commentaire 1
à écrit le 23/02/2022 à 8:29
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Racheter les parts d'un voleur ça c'est fort , l'argent de la transaction devrait allez soit au gouvernement soit aux banques volés par tapie criminel en col blanc et abomination jusqu'a sa mort !!!

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