Rachat de La Provence : cet appel qui pourrait tout changer (ou pas)

Sans grande surprise, Xavier Niel et Rodolphe Saadé se retrouvent sur la ligne de départ du second appel d’offres lancé pour choisir le repreneur des 86% des parts détenus par Bernard Tapie au sein du quotidien provençal basé à Marseille. Et alors que tous les regards restent braqués sur les deux personnalités, c’est tout de même bien le patron de Free qui possède encore un avantage sur le capitaine de CMA CGM. Car outre le fait de détenir un droit de préemption, NJJ, la holding personnelle de Xavier Niel déjà propriétaire de 11% du capital a fait appel de la décision du tribunal de commerce de Marseille qui début janvier lui supprimait le droit d’agrément. Un appel jugé sur le fond par la Cour d’Appel d’Aix-en-Provence fin mars prochain.
(Crédits : DR)

Outre le fait d'être la fête des amoureux, le 14 février est aussi une date qui demeurera dans les annales de l'histoire de La Provence. Car c'est ce lundi que les candidats au rachat des 86% détenus par GBT (Groupe Bernard Tapie) devaient se faire connaître en déposant leur offre auprès du tribunal de Bobigny. Chose faite, sans aucune surprise, par Rodolphe Saadé et Xavier Niel. En quelque sorte, on prend les mêmes et on recommence.

Un appel jugé en mars

Mais on ne recommence pas tout à fait dans les mêmes conditions. Entre le premier appel d'offres et le second, plusieurs mois et quelques procédures se sont passées. Dont ce jugement du tribunal de commerce de Marseille qui, le 11 janvier dernier, supprimait le droit d'agrément dont NJJ, la holding personnelle de Xavier Niel, disposait, issu du pacte d'actionnaire conclu avec GBT lors du rachat de 11% du capital de La Provence. C'était lors de l'opération de rachat d'un autre quotidien, Nice Matin, basé à Nice, les deux journaux ayant alors comme actionnaire commun, le groupe belge Nethys.

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Une décision du tribunal de commerce de Marseille qui a souvent été interprété comme un avantage donné à CMA CGM, considérant que Xavier Niel perdait, avec la suspension de son droit d'agrément, en quelque sorte, son avance sur l'armateur marseillais.

Sauf que NJJ a interjeté appel. Un appel qui sera jugé au fond, d'après une information de La Tribune, le 28 mars prochain.

De cet appel, Xavier Niel attend que le droit d'agrément, qui fait partie du pacte d'actionnaire, soit respecté, s'appuyant pour cela sur la loi du 1er août 1986 dont l'article 4, dit que dans le cas de sociétés par actions, « toute cession est soumise à l'agrément du conseil d'administration ou du conseil de surveillance ». Un article que les juges du tribunal de commerce de Marseille n'ont pas pris en compte, expliquait l'entourage de Xavier Niel à La Tribune en janvier dernier, ce qui ne devrait pas être le cas des juges de la Cour d'Appel d'Aix-en-Provence.

Un droit de préemption toujours actif

Le calendrier prévoit donc une remise des offres ce 14 février à midi, et une ouverture de ces mêmes offres ce mardi 15 février. Qui proposera quoi ? CMA CGM avait annoncé avoir communiqué certains éléments - version premier appel d'offres - aux salariés de La Provence, excédés de se sentir exclus, en quelque sorte, du processus. Sans tout dévoiler, mais en précisant certains piliers structurants comme la vision de Rodolphe Saadé pour le numérique ou la régie publicitaire par exemple.

Mais quelle décision pourrait intervenir alors que l'appel de NJJ n'a pas été examiné ?

D'autant que Xavier Niel possède toujours un atout : son droit de préemption. Celui qui lui offre la possibilité de pouvoir soumettre son offre avant tout autre candidat. Un droit que ni le liquidateur ni aucun autre intervenant concerné ne lui dénie. Un droit qui subsiste bel et bien et qui devrait apporter une relative sérénité au patron de Free. Demeure la question de la proposition en monnaie sonnante et trébuchante. Pour rappel, le titre avait été valorisé à 40 millions d'euros après expertise.

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De son côté CMA CGM continue de faire savoir sur le territoire son intérêt pour la croissance de celui-ci, insistant pour rappeler que le projet d'une imprimerie commune avec Nice-Matin ne verrait pas le jour et resterait implantée sur le territoire métropolitain et ne partirait pas, comme cela est l'intention de Xavier Niel, dans le Var. CMA CGM qui a obtenu le soutien officiel de certains acteurs économiques locaux. De son côté Xavier Niel, comme lors du rachat de Nice-Matin, joue plutôt la carte de la discrétion et du droit.

En 2019, lors du rachat, mouvementé aussi du quotidien azuréen, cela lui avait plutôt bien réussi...

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