Certaines victoires ont un goût différent selon ce que l'on considère. Et dans le Sud, celle d'Emmanuel Macron au second tour de l'élection présidentielle est de celle-ci.
Car s'il est arrivé en tête à Marseille comme à Nice, c'est Marine Le Pen qui a viré en tête, d'une courte tête certes, à 50,48%, en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Ce qui laisse augurer d'autres batailles pour le mois de juin, mois des législatives.
S'il a été à la peine dans le Sud, Emmanuel Macron est cependant arrivé premier à Marseille comme à Nice. Une victoire dans les deux métropoles où les enjeux de la réélection du président de la République sont majeurs. Pas pour les mêmes raisons, cependant.
Marseille en Grand, le défi qui n'est pas que marseillais
A Marseille, c'est forcément la poursuite du plan Marseille en Grand qui s'en trouve ainsi renforcé. Annoncé en septembre dernier, mis en route depuis, il porte les espoirs du territoire de voir - enfin - un vrai projet de développement et de structuration passer des intentions à l'action. Pour le coup, les chefs d'entreprises et la sphère économique dans son grand ensemble ne s'y sont pas trompés et ont assez rapidement emboîté le pas à l'initiative, soulagés et avec l'impression de ne plus être seuls dans la bataille pour le développement du territoire. Aix-Marseille, deuxième métropole de France, géographiquement plus étendue que le Grand Paris, fait face à des défis qui concentrent mobilité et emploi, les deux leviers qui servent la croissance des entreprises et par effet de ricochet de ce territoire aux avantages indéniables mais qui n'a pas encore réussi à en faire de réelles forces, durables, comprendre, ancrées dans le temps. C'est ce Marseille en Grand que les acteurs économiques et politiques veulent voir réussir. Et ce Plan en est qu'aux prémices. Après l'enthousiasme des premières semaines et des premiers mois, il va falloir que le tout se ressente sur le terrain. Dans la vraie vie. La nomination d'un préfet dédié, Laurent Carrié, assure de la volonté présidentielle. On imagine qu'Emmanuel Macron, amoureux de la deuxième ville de France, où il vient régulièrement, où il a tenu son meeting d'avant second tour, où il a failli lancer officiellement sa candidature, a à cœur de réussir ce Plan dont on sait qu'il est une sorte de Plan plus large, qui pourrait être dupliqué plus globalement. Marseille comme laboratoire va donc devoir prouver que ce Plan est le bon.
Porter la vision des territoires depuis Nice ?
A Nice, la victoire d'Emmanuel Macron dans la capitale azuréenne conforte le choix de son premier magistrat, Christian Estrosi, d'avoir opté pour mettre ses pas dans ceux du président. Emmanuel Macron qui représente le meilleur choix « face aux crises que nous traversons » a déclaré le maire de Nice après l'annonce des résultats. Un ralliement au fondateur de la République en Marche assez récent, tout au moins officiellement, qui alimente les rumeurs d'une responsabilité nationale qui serait dévolue à l'ancien ministre de l'Industrie de Nicolas Sarkozy. Christian Estrosi qui, en privé, à souvent démenti mais qui ces dernières heures, comme sur l'antenne de nos confrères de BFM TV, à convenu qu'il pouvait apporter sa contribution au président de la République, notamment en ce qui concerne la vision - et les besoins - des territoires. Un apport du terrain qui pourrait être utile à celui dont on reproche l'absence d'intérêt pour la proximité et les territoires. Et puis, l'élection d'Emmanuel Macron conforte aussi Christian Estrosi face à Eric Ciotti. Car le maire de Nice et président de la métropole Nice Côte d'Azur le rappelle régulièrement, il tient à sa ville et ne semble pas prêt à l'abandonner pour une responsabilité nationale qui lui prendrait tout son temps. Peut-être un poste sur mesure ?
Sujets les + commentés