Space Pharma EU met en orbite les entreprises de la santé et du skin care

Basée à Sophia Antipolis, la filiale de Space Pharma, tête de pont du groupe helvète spécialiste du made in space pour conquérir le marché européen intra-communautaire, accélère. Trois missions, sélectionnées par l’agence spatiale européennes, utiliseront dès 2025 ses modules de recherche et de production en orbite terrestre basse pour des projets expérimentaux dans les domaines de la santé et du skin care.
(Crédits : DR)

Deux ans après son implantation à Sophia Antipolis, dans les Alpes-Maritimes, Space Pharma EU monte en puissance. En 2025, la filiale européenne de la deeptech helvète, une des pionnières du made in space, fournira les laboratoires spatiaux de trois projets de recherche sélectionnés par l'Agence Spatiale Européenne (ESA) dans le cadre de son programme BSGN (Business in Space Growth Network). Celui-ci vise à promouvoir et à accélérer la commercialisation et l'exploitation des infrastructures spatiales en orbite terrestre basse par l'industrie européenne au travers de nouveaux services spatiaux qui profitent des propriétés environnementales exceptionnelles offertes par l'absence de pesanteur.

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Créée en 2012, Space Pharma est de ceux-là. L'entreprise développe des modules de recherche et de production en orbite. Des laboratoires miniaturisés, pas plus grands qu'une boîte à chaussures, entièrement robotisés et commandables à distance qui permettent d'exécuter des projets expérimentaux à 400 kilomètres de la Terre, à destination des sciences de la vie et de la santé en général. Des secteurs innovants déjà familiers de la chose spatiale, qu'il convient non plus de défricher, mais d'ouvrir au plus grand nombre grâce à l'émergence du New Space.

Centre de validation et pôle skin care

« La validation des trois expériences spatiales de l'ESA se fera à Sophia Antipolis », indique Paul Kamoun, directeur de la filiale en charge de l'Union européenne qui vient compléter le maillage géographique du groupe, déjà présent en Angleterre, en Israël et aux Etats-Unis (Floride). Le dirigeant est en recherche active de locaux plus adaptés pour y développer un centre de validation dédié à la préparation des missions. Lesquelles sont dirigées par les universités de Milan et de Grenoble d'une part, par l'industriel Roche de l'autre et portent respectivement sur l'étude des prions et de leur influence sur les maladies neurodégénératives, l'étude des tumoroïdes de cerveaux et l'impression de cellules 3D.

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En 2023, Space Pharma EU avait inauguré ses collaborations avec la sophipolitaine Cutiss Innovation, filiale du groupe suisse spécialisé en dermatologie et en régénération de la peau. Qui a donc envoyé des cellules de peau dans l'espace pour explorer les mécanismes de cicatrisation et de vieillissement de la peau en microgravité. « Je crois beaucoup aux sociétés innovantes locales qui ont des idées très porteuses en termes de nouvelles thérapies et pour lesquelles l'espace est particulièrement bien adapté, en particulier dans le domaine du skin care qui représente un pôle régional important dans le Sud et sur la Côte d'Azur en particulier », explique Paul Kamoun, citant pêle-mêle des discussions avec le CHU de Nice et son chef du service de dermatologie Thierry Passeron, la société Nuvisan ou encore et toujours Cutiss, avec lequel Space Pharma travaille sur une deuxième mission.

Série B en approche

A l'échelle du groupe, c'est la recherche en santé, et plus particulièrement le sujet des anticorps monoclonaux, qui tient la corde. Une classe de médicaments « qui a fait l'objet de 70% des agréments délivrés dernièrement par la FDA(Food and Drug Administration, NDLR) », souligne le dirigeant. La dernière mission en date de Space Pharma, de retour fin avril, portait justement sur ces molécules, aujourd'hui injectées en intraveineuse à l'hôpital, demain en injection sous-cutanée à domicile ? C'est, en tout cas, l'objectif des recherches en cours.

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« Nous sommes à ce jour sur un rythme de 3 missions spatiales par an, reprend Paul Kamoun. A moyen terme, nous serons à 5 missions annuelles pour, à plus long terme, participer à un vol par mois ». Un planning qualifié « d'ambitieux » pour l'entreprise qui réunit au total 25 personnes pour un chiffre d'affaires d'environ 3 millions d'euros. Un niveau d'affaires qui devrait s'accélérer dès 2026 avec l'arrivée dans le paysage spatial de nouveaux lanceurs comme le Space Rider de l'ESA, « cette mini-navette sans astronaute développée par Thalès Alenia Space Italie ». En attendant, Space Pharma, qui a déjà levé 10 millions d'euros, finalise un second tour de table, une série B qui devrait dès la fin de l'année en cours muscler ses activités. Sophipolitaines comprises.

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