A Cannes, Health from Space participe à l’émergence d’un nouvel écosystème hybride

Avec l’apparition du new space, l’inaccessible devient accessible et le champ des possibles s’ouvre en orbite basse, notamment en matière de santé, de cosmétiques, de nutrition. A condition toutefois que les nouvelles infrastructures et offres de services spatiaux répondent aux besoins et attentes des industriels des sciences de la vie. C’est tout l’objet du congrès international organisé les 15 et 16 février au Palais des festivals et des congrès de Cannes, lequel cherche à rapprocher ces deux grands secteurs qui ont beaucoup à faire ensemble.
(Crédits : DR)

La dynamique New Space ne ralentit pas. Elle accélère même. Dernier exemple en date, la levée de 40,5 millions d'euros annoncée fin janvier par la jeune pousse franco-allemande The Exploration Company, positionnée sur le sujet de la logistique spatiale vers et depuis l'orbite basse. Il faut dire que l'ère post-ISS (station spatiale internationale) qui se dessine prévoit une multiplication des stations privées, petites ou grandes, spécialisées ou généralistes, de quoi faire évoluer de manière exponentielle l'économie spatiale. Selon l'Américain Citi, celle-ci pourrait atteindre les 1.000 milliards de dollars de revenus annuels d'ici à 2040, grâce notamment à une baisse drastique des coûts de lancement, permettant d'ouvrir de nombreux services depuis l'orbite. Une promesse qui s'apparente de plus en plus à un nouveau paradigme. « Ce que l'on pensait inaccessible devient accessible, de ce fait l'intérêt pour l'espace s'élargit, le champ des possibles s'ouvre, notamment en matière de santé et de sciences de la vie. C'est cet élan-là que nous sommes en train d'impulser », relève Paul Kamoun, directeur général de Space Pharma Europe, filiale de l'entreprise helvético-israélienne éponyme spécialisée dans le développement de laboratoires spatiaux miniatures et autonomes, basée à Sophia Antipolis.

Une nouvelle approche industrielle

Ancien de chez Thalès Alenia Space, il co-organise en partenariat avec les pôles de compétitivité Safe et Eurobiomed, l'ESA (Agence Spatiale Européenne) et le CNES, la première édition de la conférence internationale Health from Space les 15 et 16 février 2023 au Palais des festivals et des congrès de Cannes. L'objectif : combler le fossé entre les secteurs des sciences de la vie et de l'espace afin de construire, ou plutôt consolider, un écosystème hybride défriché au sein de la station internationale. « L'ISS est un magnifique outil qui a permis de démontrer tout l'intérêt d'un environnement de microgravité sur l'observation de certains mécanismes comme ceux du vieillissement, la perte musculaire ou encore la culture multicellulaire, explique Audrey Berthier, directrice exécutive du MEDES - Institut of Space Medicine et Physiology. Avec le New Space et l'apparition d'acteurs proposant soit un accès facilité à l'espace, soit des services commerciaux, la logique d'utilisation change et passe d'une orientation de recherche scientifique à une recherche à visée industrielle ». Voire, pour certains projets, de production industrielle. C'est le fameux space manufacturing qui surfe sur les « avantages qu'offre l'espace, non seulement en termes d'environnement mais aussi en termes énergétiques, notamment solaire », reprend Paul Kamoun.

Accélérateur de projets dédiés

Programmé sur deux jours, le congrès s'attache donc à montrer ce qui existera demain en orbite basse et comment ces nouvelles infrastructures spatiales pourront répondre aux défis qui occupent les sciences de la vie, de la pharma à la cosmétique, de la nutrition aux matériaux avancés. L'enjeu étant que ces différents mondes se rencontrent, et si possible sur des sujets en phase avec les stratégies industrielles du secteur. C'est tout l'objet du programme d'accélération de l'agence spatiale européenne BSGN Life Sciences Industry opéré par le MEDES avec France Biotech. Un appel à projets a été lancé à l'automne, dédié aux expériences spatiales à visée industrielle qui utiliseraient ces nouvelles plateformes. « Les résultats n'ont pas encore été publiés mais on note une vraie appétence autour de cette initiative aussi bien de la part des grands industriels de la pharma qui viennent chercher cet environnement spécifique, que des PME et start-ups », détaille Audrey Berthier. Laquelle souligne toutefois que la curiosité constatée va de pair avec « un vrai besoin d'accompagnement sur les offres existantes et sur la définition des expériences à mener. » Autrement dit, « faire en sorte que l'offre spatiale soit à la hauteur des fortes attentes des utilisateurs, actuels ou futurs ».

Bientôt, des steaks produits en orbite

Parmi eux, Aleph Farms. La foodtech israélienne créée en 2017 est spécialisée dans la production de viande bovine à partir de cellules souches. « Notre but est de mettre en place des systèmes de production agroalimentaire plus efficients et plus résilients, capables demain de nourrir la population in situ avec des sources de protéines et de nutrition fraîches », indique son directeur, Pascal Rosenfeld. Si 95% de l'activité de la société qui emploie 150 personnes dont une centaine en R&D, tient dans l'installation de bio-fermes productrices de steaks sur Terre, à commencer par une usine pilote installée au sud de Tel-Aviv, Aleph Farms s'intéresse fortement à l'espace. Deux expériences ont déjà été menées en orbite au sein de l'ISS, en 2019 et 2022. La première portant sur l'impression de cellules de mammifère en microgravité, la seconde sur leur prolifération et différenciation. La foodtech suit-là un double objectif : répondre à la demande des agences institutionnelles qui cherchent des solutions nutritives fraiches pour les futurs voyages d'exploration spatiale d'une part. De l'autre, servir sa propre activité en travaillant dans cet environnement contraint sur les problématiques de recyclage, de miniaturisation et d'automatisation des systèmes. Une expérimentation que Pascal Rosenfeld expliquera à Cannes, aux côtés d'autres investisseurs, industriels et institutionnels, représentant, pêle-mêle et de manière non exhaustive, The Exploration Company, Blue Origin, Sierra Space ou encore TAS, pour le volet spatial, Amorphical, Cutiss, Nuvisan ou encore l'IRCAN pour celui des sciences de la vie.

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