Comment ACRI-ST se renforce dans le New Space

Spécialisée dans le traitement des données environnementales issues de l’observation de la Terre par satellites, l’entreprise basée à Sophia Antipolis et Grasse déploie ses « segments sol in the box » aux quatre coins du monde pour accompagner le Nouvel âge spatial et l’afflux massif d’informations qu’il engendre. Et de s’intéresser de plus en plus à l’Univers…
(Crédits : DR)

ACRI-ST ne dévie pas de sa trajectoire orbitale et poursuit son plan de développement dans le Nouvel âge spatial. Dernière étape en date ? L'ouverture mi-février au public de l'Observatoire de l'Univers ACRISTELLAR au sein de l'ancien Centre d'études et de recherche en géodynamiques et astronomiques (Cerga) du CNRS que l'entreprise a acquis en 2020 sur les hauteurs de Grasse, près de Cannes. Une première pour une PME. L'idée ? Faire de ce site un lieu de découverte pour les néophytes, mais aussi et surtout un levier de développement vers les sciences de l'Univers pour ce spécialiste du traitement des données environnementales issues de l'observation de la Terre par satellites. « Nous sommes en effet convaincus qu'il existe des passerelles, des synergies à mettre en place entre l'observation de la Terre et celle de l'Univers, notamment sur les méthodes d'algorithme de fusion de données », explique Odile Fanton d'Anton, co-fondatrice et présidente de l'entreprise. Un sujet défriché depuis 2021 à travers, entre autres, la création d'un laboratoire commun de recherche (LabCom) avec l'Institut d'Astrophysique Spatiale (IAS) de Paris qui étudie les données recueillies par le James Webb Space Telescope, tourné vers l'infini, et les missions Sentinel 2 et 3 du programme européen de surveillance environnemental de la Terre Copernicus.

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Jumeau numérique

Il faut dire que ACRI-ST fait partie de ces PME hyper pointues qui constituent l'écosystème du spatial et sur lesquelles s'appuie l'Agence Spatiale Européenne (ESA) pour mener à bien ses programmes. Fondée à Sophia Antipolis en 1989 par une poignée de chercheurs et d'ingénieurs, elle est spécialiste de la partie segment sol, comprendre la réception, le traitement, l'archivage et la distribution des données satellitaires, avec un focus particulier sur tout ce qui a trait à l'optique. Elle compte aujourd'hui 120 personnes en France, dispose de filiales en Europe, au Canada et en Inde, pour un chiffre d'affaires consolidé d'environ 34 millions d'euros en 2023. Depuis 2018, elle participe activement au vaste programme Copernicus, à différentes échelles selon les missions. Elle contribue également au projet « Destination Terre » lancé par la Commission européenne et ses partenaires en mars 2022. Doté d'un premier budget de 150 millions d'euros, il vise à créer un jumeau numérique du Globe afin de lutter contre le changement climatique via l'élaboration de scénarios permettant « des décisions éclairées ».

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« Segment sol in the box »

Bref, ACRI-ST s'inscrit sans conteste sur une pente ascendante, « gagnant régulièrement des parts » sur un marché dont les contours se sont élargis avec l'émergence du New Space, son modèle économique agile et sa constellation d'acteurs innovants et disruptifs. Un nouveau concert où ACRI-ST entend elle-aussi jouer sa partition. Dans son domaine de spécialité. « Les travaux menés par les laboratoires et industriels du secteur concernent en majorité la partie plateforme, la miniaturisation des capteurs et la capacité à les envoyer dans l'espace », relève la dirigeante. En témoigne la start-up rennaise Unseenlabs qui fait actuellement la une de l'actualité spatiale avec sa levée de fonds de 85 millions d'euros et sa constellation de nanosatellites de surveillance maritime. Mais quid du segment sol et du traitement de la donnée ? « Rien ou très peu, reprend-elle, alors que le New Space préfigure une explosion des flux de données à très haute résolution spatiale qui risquent, de ce fait, d'être sous-exploitées ». Un vide qu'ACRI-ST entend bien combler depuis le Cerga, appelé à devenir le centre de traitement d'un réseau mondial de petites stations de réception de données transmises par les nanosatellites en vol. Des « segments sol in the box », comme on dit dans le jargon, modulaires et capables de remplir toutes les fonctionnalités du segment sol tel qu'il existe dans le monde institutionnel. Trois premiers exemplaires clé-en-mains ont été développés et installés à Grasse, permettant la réception des paramètres vitaux et des données scientifiques des nanosatellites UVSQ-SAT et INSPIRE-SAT 7 par exemple, tous deux dédiés à l'observation de la Terre et du climat lancés respectivement via Space X en 2021 et 2023. En 2024, il s'agira d'en déployer « dans chacun des sites où nous sommes présents, c'est-à-dire en Angleterre, au Luxembourg, en Espagne, au Canada, en Inde, et en Polynésie via un partenariat ». Et ainsi, proposer un premier réseau de réception et de traitement avec des antennes déployées aux quatre coins du globe.

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Services applicatifs

Que faire de ces données ? C'est l'autre grand sujet sur lequel se penche ACRI-ST, à travers le développement et la commercialisation de services. Trois domaines d'application ont été identifiés : la surveillance marine et côtière, la caractérisation des risques et mesures sur site afin de confronter les données satellitaires aux vérités du terrain, et l'aménagement du territoire. A cet égard, l'entreprise travaille notamment en partenariat avec le SCoT'Ouest (syndicat mixte qui porte le schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme des agglomérations Cannes-Grasse-Antibes) pour mettre au point des services capables de répondre aux problématiques et attentes des collectivités. A l'image des applications relatives aux îlots de chaleur urbains ou aux espèces végétales les mieux adaptées à un territoire donné qu'elle propose déjà.

En attendant, ACRI-ST prépare l'étape d'après, celle qui lui fera quitter la Terre pour placer en orbite ses propres nanosatellites, développés notamment avec le Laboratoire Atmosphère & Observations Spatiales de Versailles (LATMOS). L'entreprise azuréenne se renforcera également à Toulouse où elle vient d'acquérir un immeuble pour accompagner sa montée en puissance. Selon la feuille de route, à court-moyen terme, une cinquantaine de personnes y officieront. Sur des questions de jumeaux numériques et de transfert radioactif. Entre autres.

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