Le Coq Noir et le pari du « bio augmenté »

De la cuisine du monde sans ingrédients chimiques, à partir de matières premières les plus locales possibles. C'est ce que propose l'entreprise agro-alimentaire Le Coq Noir installée à L'Isle-sur-la-Sorgue dans le Vaucluse, et qui a fait dès 2018 le pari du bio. Mais depuis, sous pression de l'inflation notamment, la donne a changé et la demande pour les produits bio a chuté. Pour y faire face, la PME mise sur du « bio augmenté », c'est-à-dire local mais aussi décarboné comme l'explique son PDG Thibaut de Leusse sur le plateau de Marseille Business. Avec pour horizon, notamment, l'installation imminente d'une station qui remplacera 75 % du gaz par de la chaleur solaire.
(Crédits : DR)

Achard de légumes et pâte de curry. C'est par ces deux produits que Le Coq Noir entre sur le marché au moment de sa création en 1979. Son positionnement - qui n'a pas changé depuis : proposer des produits de la cuisine du monde sans colorant ni conservateur.

Mais les temps changent, et les exigences de qualité de l'entreprise aussi. Au fil des années, elle choisit de rapprocher ses approvisionnements. « Il existe des tas de recettes incroyables sur la planète et finalement, la plupart des ingrédients qui les composent peuvent pousser en France », observe Thibaut de Leusse, PDG du Coq Noir qui vient par exemple de lancer une sauce soja à partir de soja français. « Le soja est une légumineuse. Et comme toutes les légumineuses, il peut pousser sous nos climats. Évidemment, on trouve ailleurs dans le monde des pratiques qui permettent de le faire pousser plus abondamment, mais nous avons en France une belle filière et on en profite ». Même chose pour le piment : « On connaît le piment d'Espelette dans le Sud Ouest. Mais le piment pousse aussi très bien en Provence où nous travaillons avec six maraîchers partenaires »

Le choix du bio

Locaux, les produits sélectionnés par l'entreprise sont aussi, depuis 2018, issus de l'agriculture biologique. Un choix cohérent vis-à-vis du positionnement de l'entreprise qui revendique une offre dépourvue de produits chimiques, du champ à l'usine. « Or la filière bio est la seule qui peut nous garantir cela ».

Mais si la fin des années 2020 était porteuse pour le bio, avec une demande en constante hausse, la donne a changé depuis. « L'inflation a fait faire des arbitrages aux Français et a probablement défavorisé une partie de nos produits même si le bio est en réalité bien moins impacté par l'inflation que les produits conventionnels ». En résulte une inversion de l'offre et de la demande qui « impacte tout le monde : nous, mais surtout les agriculteurs dont certains, faute de volume, se déconvertissent ».

De ces choix découlent des prix forcément un peu plus élevés que ceux des concurrents de produits fabriqués à partir d'ingrédients 100 % étrangers et pas forcément bio. « Mais le plus important pour nous n'est pas de nous battre contre eux sur le prix. L'enjeu, c'est de faire le meilleur produit, le plus économique possible pour qu'il soit abordable, mais qui respecte un certain nombre de critères. Nous voulons nous démarquer par la provenance, la qualité du produit et son goût ».

L'enjeu de la décarbonation

La différenciation se fait aussi par des engagements toujours plus poussés. Coq Noir revendiquant d'aller plus loin que le bio, label qui fait parfois l'objet d'une méfiance de la part des consommateurs. « Le bio garantit qu'on n'utilise pas de produits chimiques. Par contre, on peut faire du bio importé, on peut même dévoyer le bio. Quand il y a eu un engouement pour le bio, beaucoup de marques ont essayé de faire du bio moins cher, faisant parfois quelques bêtises. Nous, nous avons choisi de faire du bio augmenté ». Ce qui signifie privilégier l'approvisionnement local mais aussi de décarboner les activités de transformation.

D'où un « gros projet de décarbonation » porté par le Coq noir. « Lorsque nous avons fait notre bilan carbone, nous avons constaté que l'énergie était notre premier poste d'émissions. Nous avions donc le projet, depuis plusieurs années, de supprimer l'utilisation du gaz ». Pour cela, « nous allons passer par du soleil avec une solution qui n'est pas du photovoltaïque, qu'on utilise pour la production d'électricité. Nous, nous allons produire de la chaleur avec le soleil grâce au solaire à concentration ». Un projet mené en lien avec l'entreprise aixoise Alto Solution qui a développé cette solution. Après plusieurs « péripéties », « le projet va sortir de terre en janvier et supprimer 75 % de notre gaz qui est une énergie fossile ». Un projet pionnier tant pour Coq Noir que pour Alto Solution, et qui pourrait bien faire des émules.

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coq noir bfm

*Marseille Business est la chronique éco de La Tribune et BFM Marseille. Une chronique consacrée au décryptage de l'économie du territoire, de ses enjeux, de ses réussites et de ses problématiques. Tous les mardis, un invité vient ainsi raconter son parcours, apporter son éclairage, discuter des tendances et détailler sa stratégie.

La chronique est animée par Sophie Hebrard pour BFM Marseille et Laurence Bottero, rédactrice en chef Méditerranée-Afrique du quotidien économique La Tribune.

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