Lucie Depoortere, chimiste de la formation et "femme de réseaux"

Après presque vingt ans dans le milieu de l’hôtellerie, la dirigeante occupe depuis deux ans la tête de l’école privée Pigier d’Aix-Marseille. Un moyen d’appliquer ce qu’elle a connu durant son parcours professionnel : un apprentissage sur le terrain soutenu par des entrepreneurs.
(Crédits : DR)

« Je suis une femme de réseaux », sourit Lucie Depoortere. Veste rouge, lunettes foncées et intonation dynamique, lorsqu'elle répond sur son parcours professionnel, la directrice du campus privé Pigier d'Aix-Marseille met toujours en avant l'importance des rencontres dans son évolution. « Je me suis formée directement en entreprise, on peut dire que j'ai bénéficié d'une sorte d'alternance même si ce n'était pas exactement ce statut », se rappelle-t-elle.

De Vacances Bleues, où elle a gravi tous les échelons, à son poste actuel, c'est avec enthousiasme qu'elle retrace son cheminement au sein d'organismes locaux : « Ce qui est fabuleux à Marseille, c'est que les opportunités sont nombreuses et des portes s'ouvrent tout le temps ». Originaire de Martinique, c'est adolescente que Lucie Depoortere arrive dans la cité phocéenne. A 17 ans et avec le bac tout juste en poche, elle entame ses études supérieures bien loin du monde de l'hôtellerie ou de la formation qu'elle connaîtra dans sa vie professionnelle.

C'est en effet vers la chimie que s'oriente son premier choix. Un choix « par passion » qui débouche sur l'obtention d'une maîtrise. « Mais je ne savais pas vraiment quel métier faire », reconnaît-elle. La suite c'est un DESS qualité puis l'entrée dans la vie professionnelle en 2001 chez Vacances Bleues, un groupe d'hôtellerie de loisirs et d'affaires basé à Marseille, en tant que responsable qualité. Une entreprise dans laquelle elle reste 15 ans et devient directrice d'exploitation ainsi que membre du comité de direction. « Je suis montée en compétences au fur et à mesure grâce à un patron (Christian Carassou-Maillan, NDLR) qui m'a formé et a éclairé ma route », raconte Lucie Depoortere.

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L'envie d'entreprendre

A force de grandir, l'envie d'aller voir ailleurs arrive. Pendant deux ans, elle occupe le poste de directrice générale du groupe Sowell, alors connu sous le nom de Soleil Vacances. Une expérience marquante : « J'ai appris tout le reste au contact d'un véritable serial entrepreneur (Jean-Paul Schaeffer, NDLR) », expose-t-elle. Tout le reste, c'est l'entrepreneuriat et l'état d'esprit que cela implique. Un aspect tellement plaisant qu'il pousse l'expérience Sowell à se terminer rapidement. « Tout ce qu'il faisait, j'avais envie de le faire mais pour des projets qui correspondent plus à mes aspirations personnelles  », se rappelle Lucie Depoortere. Nous sommes alors en 2018 et ces « aspirations » penchent déjà vers « la transmission du savoir ».

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En parallèle de ces évolutions et en tant que « femme de réseaux », Lucie Depoortere intègre tout au long de sa carrière plusieurs associations et organismes liés à entrepreneuriat. Les motivations peuvent être diverses, d'un côté pour la place des femmes, comme avec Femme 3000 dont elle a eu la présidence de la délégation départementale. « Quand on débarque dans ce milieu, on ne se rend pas compte de ce que c'est, je l'ai expérimenté sur le terrain », glisse-t-elle. Sans s'étendre dans les détails et sans prononcer directement le mot de « sexisme », elle laisse transparaître sa conviction sur le sujet. « J'espère que mon parcours peut montrer à des jeunes filles qu'une femme peut occuper tous les postes de n'importe quel métier », souhaite-t-elle aujourd'hui.

S'appuyer sur les softs skills

Pour ce qui est des réseaux de chefs d'entreprises comme la CCI, « mon patron  m'a dit d'y aller et il a eu raison ». Les différents échanges dans ce cadre nourrissent ses envies d'entreprendre. « Le métier d'entrepreneur, quel plaisir », s'exclame-t-elle. C'est aussi par ce biais qu'elle découvre Pigier. Lucie Depoortere démarre comme intervenante « pour voir si ça me plaisait ». Rapidement elle endosse le rôle de directrice associée avant d'être seule à la tête de cette école, détenue par le groupe Eduservices, depuis 2022.

Issue d'une scolarité dans le public, Lucie Depoortere voit le privé comme « complémentaire ». Elle juge « le système scolaire classique pas forcément adapté pour tout le monde » et souligne « qu'après le bac, un jeune ne connaît pas forcément les métiers qui existent ou le monde de l'entreprise ». Comme une certaine adolescente arrivée à Marseille de Martinique.... « Quand j'ai étudié la chimie, j'ai appris des mécaniques de logiques et de réflexion qui se développent partout », poursuit-elle. Ce qu'on appelle désormais des soft skill et qu'elle veut pousser chez les jeunes de Pigier. Depuis cinq ans au sein de ce campus, « j'essaie d'apporter de la compétence, une façon d'être et un regard bienveillant sur les jeunes ». Et d'incarner d'une certaine manière, l'une des rencontres marquantes de leur vie professionnelle.

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