« C'est massif », commente Charlotte Toulemonde, directrice de projet chargée d'HyVence. Dernier ce nom, contraction de hydrogène en Provence, se tient un projet qui vise à installer des panneaux photovoltaïques sur 500 hectares à Fos-sur-Mer. Cette surface doit permettre de produire 800 Gwh par an, « soit la consommation des 21 communes de l'arrondissement d'Istres », précise la directrice de projet. Une électricité qui va ensuite être transformée sur place, par une usine qui devra être construite, en hydrogène pour des volumes pouvant atteindre jusqu'à 15.000 tonnes annuelles. Une ambition chiffrée à 700 millions d'euros d'investissement.
Derrière HyVence se trouve Géosel, un acteur parfois méconnu mais pourtant bien implanté dans la région. Cette entreprise s'occupe de stocker des hydrocarbures et notamment les réserves stratégiques dans des cavités salines à Manosque, dans les Alpes-de-Haute-Provence. A l'heure où l'industrie est appelée à se décarboner et par conséquent consommer de plus en plus d'électricité ou d'hydrogène, Géosel veut aussi mettre son grain. « Fos est la croisée des chemins, il faut prendre le train en marche », résume Karim Benbrik, directeur général délégué de la société.
Un projet hors zone industrialo-portuaire
De son côté Jean-Luc Chauvin, président de la Chambre de commerce et d'industrie d'Aix-Marseille Provence (CCIAMP), qui rappelle que le territoire vit un « momentum » avec des investissements massifs liés à cette transformation de l'économie et à la réindustrialiser, souligne que « les besoins en énergie seront tellement importants qu'il nous faut tous les projets pouvant en apporter ». Une approche similaire à celle de René Raimondi, maire (DVG) de Fos-sur-Mer, pour qui « HyVence s'impose comme une évidence dans l'écosystème global », celui des besoins d'énergies vertes en hausse.
Ce n'est pas un hasard si Géosel vise Fos-sur-Mer pour installer ses panneaux photovoltaïques et son usine de production d'hydrogène. La demande est là et le territoire doit devenir un carrefour de ce gaz, comme en témoigne le projet BarMar censé relier le Portugal à l'Allemagne en passant par Fos. Au-delà de ce potentiel, Géosel exploite déjà les deux étangs, ceux de Lavalduc et d'Engrenier situés à l'Est de la ville, où elle veut implanter HyVence. Ils sont en effet connectés aux cavités de Manosque afin d'utiliser la saumure présente dans l'eau, qui lui donne sa couleur rosée, pour remplir ou vider les stocks afin d'éviter tout contact entre les hydrocarbures conservés et l'oxygène.
Car la particularité de ce projet n'est pas seulement dans les chiffres aussi massifs soient-ils. HyVence doit naître hors de la zone industrialo-portuaire à l'ouest de Fos, où se concentrent aujourd'hui les usines et les futurs projets d'implantations. Les deux étangs se situent de l'autre côté de la ville, sur un espace plutôt naturel apprécié des promeneurs, chasseurs ou cyclistes notamment. « C'est le projet le plus compliqué pour la population », reconnaît René Raimondi. Alors que la concertation préalable - sous l'égide de la commission nationale du débat public (CNDP) - doit débuter le 27 mars et durer jusqu'au 20 mai prochain, le maire appelle les habitants à s'y rendre. « J'ai tendance à dire que ça ne sert à rien, mais là je pense que la concertation aura un intérêt pour faire évoluer le projet », juge le Premier Magistrat.
Des aménagements pour limiter l'impact
Un aspect déjà anticipé par Géosel puisque des ateliers et des rencontres avec diverses associations se sont déjà tenus depuis le début de l'année pour anticiper la concertation. « Les habitants sont attachés à cet endroit et nous le savons », indique Charlotte Toulemonde. Concernant les inquiétudes sur la biodiversité, elle note que la salinité est « huit fois supérieure à celle en mer Méditerranée » ce qui laisse peu de place à la vie, bien que des études plus poussées doivent être menées.
Pour ce qui est de l'insertion dans le paysage, sujet toujours très présent avec les panneaux photovoltaïques, « l'impact est indéniable et nous travaillons sur une identité visuelle singulière ». Un cabinet d'architecte propose ainsi trois propositions (voir ci-dessous) pour rendre l'installation la plus esthétique possible. « A Dubaï on va voir les fontaines, peut-être qu'ici on ira voir les panneaux photovoltaïques », lance René Raimondi.
Image : Esquisses de l'Agence Anonyme des choix pour le futur projet HyVence. Capture Youtube / Géosel.
Enfin, pour ce qui est de l'aspect des usages autour des étangs et notamment du lieu d'implantation de l'usine, la situation est plus complexe. « Nous avons voulu travailler sur ce point dès le départ », souligne Charlotte Toulemonde. L'installation devrait être classée Seveso et donc avoir un périmètre de sécurité autour d'elle. Les premières esquisses (voir ci-dessous) montrent une enceinte circulaire « pour contenir les risques ». « C'est le principe de gestion de risque que l'on veut avoir », avance timidement Karim Benbrik qui ne veut pas s'étendre sur le sujet. Le directeur général prévient qu'il participera aux ateliers et réunions lors de la concertation, nulle doute qu'il aura l'occasion d'en reparler.
Image : Esquisses de l'Agence Anonyme de l'usine de production d'hydrogène du futur projet HyVence. Capture Youtube / Géosel.
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