L'usine d'acier vert GravitHy veut dupliquer son modèle ailleurs qu’à Fos-sur-mer

Cette usine productrice d’acier vert, prévue pour prendre place à Fos-sur-mer et être opérationnelle dès 2027, cristallise les attentions pour l’offre innovante qu’elle serait capable d’amener au monde industriel. Porté par un consortium que mène EIT Inno Energy, sa vocation est donc de répondre concrètement aux enjeux de décarbonation ce qui signifie, comme l’explique son CEO, un déploiement sur d’autres territoires que le Sud et des moyens financiers pour accompagner cette ambition. Le tout dans un momentum qui voit Provence Alpes Côte d’Azur être de plus en plus attractive pour son écosystème industriel vert.
(Crédits : DR)

Il y a près de douze mois, l'annonce de l'implantation d'une future usine d'acier vert à Fos-sur-Mer avait déjà mis les projecteurs sur le Sud, soulignant la capacité du territoire à accueillir des projets répondant aux enjeux d'une industrie qui veut poursuivre sa décarbonation.

Dédiée au DRI - cette matière première qui contribue à fabriquer de l'acier vert - GravitHy affichait clairement son ambition : répondre le plus vite possible aux besoins du marché, s'inspirant pour le faire d'une initiative déjà menée dans le monde des batteries entre Northvolt et Verkor, en apportant une solution qui intègre l'ensemble de la chaîne de valeur. Le tout à vocation mondiale évidemment et à l'investissement conséquent, de l'ordre de 2,2 milliards d'euros.

Un projet « attractif »

Arrivé au cours de l'été 2022 au poste de CEO, José Noldin, un connaisseur du secteur, a donc repris les rênes jusqu'alors détenues par Karine Vernier, CEO France d'Inno Energy, porteur d'un consortium réunissant Engie New Ventures, Forvia, Plug, Primetals Technologies et Idec.

Avec une mission : aller vite et bien. Vite car le calendrier est précis, prévoyant construction de l'usine dès 2024 et le début de la phase opérationnelle dès 2027.

L'une des étapes primordiales constitue l'avis de la CNDP, la commission nationale du débat public, dont l'avis est primordial pour le déroulement du projet. Pour se faire des études d'ingénierie ont ainsi été menées, mobilisant 3 millions d'euros, visant à assurer le bon déroulé de l'installation qui se fera sur 70 hectares.

Mais pour donner vie à un projet d'une telle ampleur, l'investissement à consentir est forcément un pilier majeur. GravitHy a très tôt fait savoir que 2,2 milliards d'euros étaient nécessaires pour concrétiser les ambitions affichées. Qui dit financement, dit levées de fonds pour y parvenir et un tour de tables est engagé dès ce mois de juin. Mais pour José Noldin, il s'agit bien d'identifier des partenaires. « Il nous paraît primordial d'être accompagnés par des investisseurs stratégiques et pas des investisseurs purement financiers ». Des partenaires en ingénierie, en logistique, en flux entrants et sortants « qui peuvent apporter des moyens afin de dérisquer la société ». Ce qui n'empêche en rien l'approche, en parallèle, menée auprès d'investisseurs tels que des fonds spécialisés dans la décarbonation. Une cinquantaine d'investisseurs potentiels ont déjà été approchés et, affirme José Noldin, « le projet est attractif ».

Lire aussiQuel business-modèle pour GravitHy, la future usine d'acier vert à Fos ?

Anticiper les prochaines implantations

Un projet qui a choisi le Sud certes mais qui ne compte pas en faire son unique terre d'implantation, bien au contraire. « GravitHy est une société qui s'installe à Fos-sur-Mer mais qui va également s'installer ailleurs », indique José Noldin. « Nous avons devant nous une fenêtre de tir : le marché de l'acier est en train de se transformer. A Fos, 2 millions de tonnes de DRI/HBI seront produits par an. Il faut donc déjà travailler sur les deuxième, troisième, quatrième sites. Ce découpage est nouveau sur le marché. Nous devons être prudent mais ambitieux aussi ».

GravitHy est donc en phase d'exploration de nouveaux terrains d'implantation, tout en poursuivant le déploiement à Fos. José Noldin évoque « des conversations bien avancées » insistant sur le fait que bien évidemment pour essaimer il faut les mêmes conditions écosystémiques soit des flux entrant et sortant qui demandent de la logistique (comprendre un port, par exemple). Que cette duplication de modèle se fera par vagues, d'abord en France, puis en Europe et enfin dans le monde. « Nous devons avoir un réseau Sud/nord de l'Europe car le marché est vaste », allant des énergéticiens, aux secteurs de la construction ou de l'automobile.

A l'international, des pays tels que le Brésil ou le Chili présentent « un potentiel ». Le Moyen-Orient et l'Afrique tout autant.

Conforter l'écosystème industriel

Pour l'heure c'est bien plus au Nord de l'Europe que GravitHy se déploie, via l'association avec le fournisseur de solutions d'hydrogène vert clés en main Plug - qui fait partie du consortium - et qui développe trois usines en Finlande dédiées à la production d'hydrogène vert. Dans ces projets, l'entreprise française apporte son savoir-faire pour l'usine basée à Kristinestad, laquelle exportera sa production de DRI/HBI via le port de la ville.

Une première expansion hors les frontières régionales qui valide la roadmap de José Noldin.

Lequel revendique une croissance de 100% en 10 mois. A Marseille, GravitHy emploie 10 personnes, mais devrait voir son effectif atteindre 30 salariés d'ici la fin 2023. Et GravitHy de venir compléter un écosystème industriel décarboné qui a été en avance de phase avec Piicto et qui accueillera aussi la première gigafactory solaire, Carbon. De quoi renforcer le tissu local, conforter le choix des PME et startups qui ont fait le choix du Sud à l'instar Europackaging qui installe à Fos sa première unité européenne de production d'emballages papier ou Eranova pour son pilote sur la transformation des algues vertes en bioplastique.

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