Pourquoi Marseille-Fos génère des activités plus industrielles que maritimes

Près de 8% des emplois dans les Bouches-du-Rhône sont liés à la zone industrialo-portuaire de Marseille-Fos selon l’Insee. Plus de la moitié sont liés à des activités industrielles, de services ou de transports terrestres, mais pas maritimes. Une situation qui fait écho aux nombreux projets d’implantation en cours.
(Crédits : Marseille-Fos)

Avec des conteneurs, passagers ou marchandises solides et liquides, les ports sont des points de passage essentiels de la logistique mondiale. Pour un territoire, un tel outil attire de nombreux acteurs économiques. Pourtant, il n'est pas toujours facile de mesurer son impact précis. "Nous aimons utiliser le trafic, mais c'est loin de montrer ce que pèse un port", note d'ailleurs Hervé Martel, président du directoire du grand port maritime de Marseille-Fos (GPMM). Et bien ce temps est désormais révolu. En effet, l'Insee -avec la contribution de l'UMF pour la place portuaire- s'est penchée sur le sujet. Et d'après l'institut, 42 600 emplois sont liés au "cluster industrialo-portuaire de Marseille-Fos", c'est-à-dire un périmètre qui prend en compte les deux bassins du GPMM mais pas seulement. Un chiffre qui vaut pour 2019.

Dans son ensemble, le cluster Marseille-Fos représente 7,9 % des emplois salariés marchands non agricoles du département des Bouches-du-Rhône. Les intérimaires, qui représentent 3200 emplois, ne sont pas pris en compte dans l'étude. Frédéric Châtel, l'un des co-rédacteurs pour l'Insee, décrit les trois catégories d'activités prises en compte. Il y a d'abord, celles directement liées au trafic de marchandises et de passagers "comme la manutention". Puis dans un second temps, celles qui gravitent autour à l'image du transport ou de l'entreposage. Soit des métiers qui "ne sont pas que portuaires, mais qui ici y sont liés". Enfin, la catégorie de "ceux qui bénéficient de la proximité du port" à savoir par exemple "une raffinerie qui importe sa matière première".

Un cluster plus industriel que maritime

Un spectre large qui permet de montrer la fourmilière qu'est un port et le rayonnement qu'il peut avoir. Un chiffre est parlant à ce propos : parmi les 42 600 salariés recensés, seulement 44 % sont "directement liés au port" c'est-à-dire qu'ils appartiennent aux deux premières catégories citées précédemment. Ce qui signifie que plus de la moitié des emplois sont donc le fruit de l'externalité positive du port. Dans le détail, il s'agit de l'industrie (raffinage, chimie...), de services (ingénierie, commerce) et de transports terrestre. "Nous marchons sur deux jambes avec un cluster industriel qui pèse plus lourd", résume Hervé Martel.

Du côté des employeurs, ils sont 1570 « établissements ». L'Insee n'utilise pas le terme d'entreprise, car une société peut avoir plusieurs établissements avec des liés avec le port. Ou inversement, une boîte appartenant à un groupe maritime peut avoir une activité qui n'a pas de lien avec ce secteur. En toute logique, c'est à Marseille et Fos-sur-Mer que se concentrent le plus d'emplois, presque trois sur cinq. Sur le profil de ces « établissements », dans plus de trois-quarts des cas, leurs effectifs sont supérieurs à 50 salariés. La proportion d'emplois qui sont dans des multinationales est la même. Deux chiffres qui donnent une indication claire sur l'envergure des employeurs.

A Fos, des emplois qui doivent être doublés

Ces grosses structures sont appelées à être plus nombreuses compte tenu des nombreux projets industriels annoncés sur Fos. Alors forcément, à l'heure où les implantations sont de plus en plus difficiles à faire accepter aux riverains, pouvoir quantifier le poids du port dans le territoire est un atout. "Ce n'est pas tout noir ou tout blanc, il y a des aspects positifs et d'autres moins, c'est bien de parler aussi de l'utilité économique des projets", avance avec prudence Hervé Martel. Le discours vaut aussi pour les élus, plus enclins à accueillir des activités qui attirent des salariés avec un fort pouvoir d'achat. Selon l'Insee, le salaire horaire net médian dans le cluster indstrialo-portuaire est 34 % que celui dans l'ensemble des Bouches-du-Rhône.

De quoi peut-être lever quelques freins. Car les projets attendus sur le zone de Fos devraient générer 10 000 nouveaux emplois, soit le double de ceux déjà existants (9360). "10 000 emplois, c'est 40 000 personnes qui viennent vivre sur le territoire", rappelle Hervé Martel précisant que cela nécessite "de mettre en place plusieurs politiques publiques". Le directeur du GPMM souhaite que ce type d'études soit réalisée de manière plus régulière. La précédente étude similaire date en effet de 2013, elle indiquait un nombre d'emploi légèrement inférieur (41 500) mais l'Insee précise que le périmètre pris en compte était différent et que les chiffres ne peuvent donc pas être comparés. Il s'interroge même sur la possibilité de "sortir des Bouches-du-Rhône" pour prendre en compte, notamment dans le secteur de l'industrie, des acteurs qui sont le long du Rhône.

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