En créant une branche Energies, le Groupe Ippolito, spécialiste de la mobilité durable, se renforce dans la maîtrise de la chaîne de valeur

C’est presque une suite logique, tant la maîtrise de la chaîne de valeur constitue le fil rouge de la stratégie de l’ETI basée à Villeneuve-Loubet près de Nice. Une structuration qui permet au spécialiste de la mobilité durable de poursuivre sa volonté d’une diversification sectorielle, le tout devant permettre la création d’économies d’échelle mais aussi d’être capable de répondre aux besoins clients, lesquels ont de plus en plus besoin d’une solution globale plutôt que par segment. Ce qu’explique son DG, Pierre Ippolito.
(Crédits : DR)

Il le précise en préambule, comme pour bien préciser que le développement ne se fait pas à tout crin mais qu'il se construit presque de lui-même, au gré des opportunités qui se présentent. « Nous n'avons pas de volonté de diversification absolue, mais parfois, cela coule de source », dit Pierre Ippolito. Et de fait, la création toute récente d'une branche dédiée à la valorisation de l'énergie s'est presque imposée d'elle-même, lorsque le groupe a fait face lui-même à la valorisation de ses déchets.

Une addition, des compétences

Les déchets, un secteur que le spécialiste de la mobilité côtoie depuis de nombreuses années par le fait même de son activité originelle, la fourniture de véhicules. Ses clients s'appellent - entre autres - Veolia, Pizzorno ou Suez... « Nous nous connaissons depuis longtemps », souligne Pierre Ippolito et comme avec tout client, les relations et les échanges évoluent en fonction des contextes et du marché. « Nous nous rapprochons davantage sur des sujets de services et approche clients », indique d'ailleurs Pierre Ippolito. Le contexte valorisation est déjà là, en filigrane.

Et puis, il y a les opérations de croissance externe qui ont vu Ippolito acquérir des casses automobiles, Autochoc et Demax, en 2021. Avec très vite, la question du traitement de la matière première - métaux, batterie, plastiques, pneumatiques... -  qui « nous a obligé à monter en compétences », alors même, que le groupe entreprenait en parallèle une réflexion sur le sujet pas moins épineux des bornes de recherche électrique.

« Tout cela a mûri. La mobilité, l'électrique, la revalorisation des déchets sont des sujets qui sont liés bien plus qu'imaginés », pointe Pierre Ippolito. Qui échange aussi avec d'autres entrepreneurs régionaux sur ces problématiques. « Nous nous sommes dits que c'était le bon moment pour structurer une vraie branche Energies qui s'inscrive dans la maîtrise de la chaîne de valeur ». Une brique nouvelle, qui s'additionne à celles, existantes, de l'automobile et de l'industriel notamment. Une brique, « qui n'apparaissait pas comme indispensable il y a 5 ans mais qui le sera dans dix ans ».

Structurer un écosystème

Pour lui donner forme concrète, une holding, baptisée Orion a été créée, s'organisant autour de deux filiales, Orion Métaux et Orion Trade - dédiée comme son nom l'indique au négoce de ce qui aura été récupéré par Orion Métaux. Au pilotage, Thomas et Jimmy Humphreys, qui connaissent bien le sujet déchet et revalorisation pour être passés par l'entreprise familiale Sclavo Environnement, implantée dans le Var et les Alpes-Maritimes.

Mais le déchet n'étant pas que solide, c'est via une prise de participation, pour l'heure minoritaire, dans la PME Assainissement Services, que le groupe Ippolito préempte également le sujet du déchet liquide, Pierre Ippolito laissant entrevoir la possibilité que « d'autres structures puissent se greffer comme les micro méthaniseurs ».

Des points d'ancrage qui viennent renforcer l'orientation déjà prise par l'ETI vers le solaire. Quitte à y aller vraiment, autant y aller de façon structurée. Ce que doit permettre la création d'une foncière dédiée, Sun Mobilités, déployée en lien avec la PME originaire de Grasse, Sun and Go.

Lire aussiComment le Groupe Ippolito est devenu une ETI de la mobilité durable (mais pas seulement)

Une accélération donc forte dans l'énergie que le Groupe Ippolito ne réalise, de fait, pas seul. Et cela aussi c'est stratégique. « Nous voulons maitriser la chaîne de valeur, mais nous souhaitons nous associer de plus en plus. Car nous ne pourrons pas tout faire tout seul. Ce que nous désirons, c'est structurer un écosystème ».

Ippolito pose donc les bases du futur. Car clairement, dans la volonté de structurer un écosystème réside celle de créer un effet d'entraînement qui doit servir toutes les filières concernées. C'est d'ailleurs le vrai fondement de l'organisation du salon Mobili'Pro qui s'est tenu voici quelques semaines au sein de l'Hippodrome de Cagnes-sur-mer, près de Nice. L'idée n'étant pas tant de créer un événement mais bien plus de provoquer des rencontres, des discussions, des débats. « Mon objectif était de créer des interactions, cela a été conforme à mes attentes ». Toujours dans l'idée de construire des systèmes qui s'entremêlent.

Enjeux de stabilisation

« Nous ne nous interdisons rien », dit bien Pierre Ippolito. « D'autres technologies vont émerger, probablement de nouveaux métiers. Notre feuille de route donne un cap, mais n'entre pas dans les détails » pour offrir toute la liberté de pivot nécessaire.

Si on sait déjà qu'à terme, l'acquisition à 100% du capital d'Assainissement Services est prévue, la stratégie consiste à poursuivre la diversification.

Une diversification qui comprend aussi, pour rappel, les briques Tourisme - plage et montagne - et Immobilier. Concernant le premier, sujet encore neuf, « nos axes stratégiques ne sont pas encore définis, nous sommes dans une phase d'apprentissage, nous nous donnons encore 3 à 12 mois pour cela ».

Plus globalement, concernant le groupe, « nous avons des enjeux de stabilisation, notamment de la branche Energies. Nous avons également des enjeux de digitalisation, pas uniquement réglementaire mais aussi d'optimisation de la productivité ». Une structuration organisationnelle qui doit permettre plus de rentabilité pour le groupe afin « d'investir massivement sur le territoire ». Très attaché à demeurer sur le terrain de Provence-Alpes-Côte d'Azur, pour autant, le groupe est également présent, en pointillé, dans d'autres régions, comme Auvergne-Rhône-Alpes. Mais il ne faut pas y voir un changement de roadmap. « Il est vrai que nous sortons un peu de notre terrain habituel mais c'est pour accompagner nos clients sur des marchés de niche », explique le DG. « La bonne clé de lecture d'une stratégie qui a du sens, c'est lorsque les choix pris, qui paraissent au prime abord, étonnants, apparaissent ensuite comme logiques ». Pour rappel le Groupe Ippolito qui emploie près de 950 personnes, envisage pour l'exercice en cours une croissance de 12%, avec un horizon de chiffre d'affaires consolidé à 250 millions d'euros.

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