Dans le Sud, les indicateurs économiques stagnent mais l'optimisme reste

Le club de la conjoncture régionale dresse un portrait optimiste de la situation en Provence-Alpes-Côte d'Azur et ce malgré plusieurs indicateurs qui stagnent ou diminuent. Une façon de montrer la capacité du Sud à ne jamais réagir comme le reste de l'Hexagone.
(Crédits : DR)

« Ceci est le quatrième bilan et à chaque fois les chiffres sont meilleurs », se réjouit Philippe Renaudi, président de la chambre de commerce et d'industrie Provence-Alpes-Côte d'Azur. Ce bilan, c'est celui du « Club de la conjoncture » qui réunit des acteurs publics et consulaires qui produisent des données économiques tels que l'Urssaf, la Banque de France ou encore France Travail. Un moyen de réunir plusieurs chiffres clefs pour sonder l'état économique de la région.

Si Philippe Renaudi semble satisfait, la première donnée livrée par ce Club de la conjoncture présente pourtant une baisse. Il s'agit du volume cumulé de chiffres d'affaires qui atteint en effet 293 milliards d'euros au 31 mars, selon la direction régionale des finances publiques qui s'appuie sur les déclarations de TVA. Un volume en baisse de 6% sur un an (312 milliards l'année dernière). « Et ce alors que l'inflation sur cette période augmente automatiquement le chiffre d'affaires », pointe le président de la CCI Paca. A l'échelle nationale, ce même indicateur augmente de 3%.

Mais si Philippe Renaudi ne paraît pas si inquiet, c'est que cette baisse est due notamment « aux transports et à la logistique ». En clair, l'importante diminution du chiffre d'affaires de CMA CGM (propriétaire de La Tribune) impacte fortement cette donnée puisque le groupe représente une part importante du chiffre d'affaires cumulé à l'échelle de la région. « Nous ne pouvons pas retirer le plus gros groupe de la région », rétorque Philippe Renaudi. Sans la participation de CMA CGM, le chiffre d'affaires cumulé augmente de 3,7%, soit un peu plus qu'aucun niveau national.

La dynamique de l'artisanat

Autre chiffre, cette fois émis par la Banque de France, celui des encours bancaires qui progressent de 2,4% sur un an à la date d'avril 2024. « Dans un contexte où la Banque Centrale Européenne a mis en place des mesures pour réduire le niveau d'inflation, la production de crédit au profit des entreprises demeure positive », pointe le Club de la conjoncture. Pour Philippe Renaudi, cela démontre « que les entreprises maintiennent leurs investissements ».

Parmi les marqueurs forts de l'économie régionale figure l'artisanat. Le territoire compte au 1er janvier dernier 236.000 entreprises artisanales, soit une hausse de 9% sur un an, ce qui représente 19.000 entreprises supplémentaires. « Nous constatons une forte progression depuis 2020 et une vraie dynamique puisque les radiations diminuent de 17% », ajoute Jean-François Collombier, secrétaire général adjoint de la Chambre des métiers et de l'artisanat Provence-Alpes-Côte d'Azur. S'il « tempère » néanmoins les créations dont « 75% sont des micro-entreprises », il note également que cette surreprésentation est assez logique puisqu'un entrepreneur démarre rarement son activité avec des salariés.

Les déclarations d'embauches stables

Un dynamisme économique ne se traduit pas totalement sur l'emploi. L'Urssaf recense 503.616 déclarations d'embauches, c'est-à-dire les « intentions » de recruter. « Un chiffre stable derrière lequel on constate une baisse des CDI et une hausse des CDD, notamment d'un mois », précise Élodie Meissel, directrice régionale adjointe de l'organisme. Une évolution plus liée aux aspirations des travailleurs, commente Christian Mabboux, le président du conseil de surveillance de l'Urssaf Paca.

Du côté de France Travail, le directeur en région Pascal Blain « 86.000 offres d'emploi dans la région dont 50 000 en CDI ». Surtout, il souligne la baisse du nombre de demandeurs d'emploi longue durée prioritaires. Ces derniers sont 66.400 fin mars en Provence-Alpes-Côte d'Azur, soit 3,7% de moins sur un an. « Nous avons divisé ce nombre par deux depuis mon arrivée en 2021», se réjouit-il. Un focus qui ne masque pas un taux de chômage global qui ne connaît pas de baisse significative depuis l'été 2021 et flirte autour des 8% depuis d'après les chiffres de l'Insee. Dans son bilan 2023, la Dreets (Directions régionales de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités) régionale parle d'une année en « demi-teinte » : « Après avoir atteint son plus bas niveau historique au 2e trimestre 2023 (7,9 %), le taux de chômage augmente au 3e trimestre puis se stabilise fin 2023 à 8,2 % de la population active (+0,2 point sur un an). Dans le même temps, le nombre de demandeurs d'emploi de catégories A, B, C repart à la hausse après deux ans et demi de baisse ininterrompue ».

Dans ce contexte, les chefs d'entreprises interrogés, essentiellement des TPE-PME, par la CCI régionale se disent confiants pour 63% d'entre eux. « C'est six points de moins qu'il y a un an mais cela reste un score élevé », avance Philippe Renaudi qui explique que ce sondage date d'avant les élections... européennes. Depuis, le pays a été secoué par une forte agitation politique avec la dissolution et le renouvellement anticipé de l'Assemblée nationale. Qu'en pense la CCI régionale ? « Pour l'instant, nous ne savons pas à quoi nous en tenir, il n'y a aucun programme économique, nous travaillons avec les chiffres issus des déclarations », balaie le président de la chambre consulaire. Le prochain club aura-t-il la même saveur ?

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