Ce que le bilan de la Banque des Territoires dit de l’économie du Sud

Si les baromètres et études sont toujours l’occasion de porter un focus particulier sur le tissu économique, un regard plus approfondi sur les actions de la filiale de la Caisse des Dépôts dit aussi beaucoup du comportement de l’économie territoriale. Dans le Sud, les transitions – et notamment la transition écologique – sont à l’origine de nombreux projets ce qui place Provence Alpes Côte d’Azur comme l’une des régions les plus dynamiques de l’Hexagone, alors même que le contexte global demeure complexe.
(Crédits : DR)

2023 aurait clairement pu générer un bilan plus sombre, Alexis Rouque ne s'en cache pas. Mais, contre toute attente et malgré le contexte économique tendu, Provence Alpes Côte d'Azur n'a pas faibli et peu « ont levé de stylo », comme le dit élégamment le directeur régional de la Banque des Territoires.

Une « bonne année économique » en 2023 car, dit Alexis Rouque, « les acteurs économiques ont continué de nourrir les territoires, notamment via des projets d'accompagnement des transitions ». Ainsi, la Banque des Territoires a pu jouer son rôle à plein, grâce à une sorte d'alignement des planètes, entre des besoins, des acteurs volontaires et un accompagnateur financeur solide.

L'effet d'entraînement, l'effet qui a sauvé le logement

Une combinaison qui a bien fonctionné notamment sur le logement, sujet ô combien compliqué. Avec 723 millions d'euros de prêts accordés aux organismes HLM, certes « cela se situe en déça des besoins » mais « nous avons stabilisé le financement comparé à 2022 », qui avait vu 900 millions d'euros de prêts être consentis. Un delta qu'il faut imputer à la rareté et à la cherté du foncier, preuve de la tension qui, en douze mois, a rendu les opérations plus difficiles. Dans cet environnement, le maintien du taux du Livret A à 3% a contribué à encourager la réalisation de projets. « La période est déstabilisante pour les acteurs du logement », reconnaît Alexis Rouque. L'acquisition, via Action Logement, de 17.000 logements en VEFA a également permis de générer une sorte d'effet d'entraînement, « et de débloquer des projets qui n'auraient pas vu le jour ».

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Les collectivités se sont également retenues de « lever le stylo ». Si pour elles aussi, le contexte s'est complexifié, la Banque des Territoires est clairement venue jouer son rôle de « grand investisseur institutionnel », comme la rappelé Alexis Rouque, leur octroyant 857 millions d'euros. Dont 600 millions d'euros pour la seule Métropole Nice Côte d'Azur et son projet de station d'épuration ultra-moderne et totalement pensée pour être un outil de préservation des ressources, puisqu'elle permettra de traiter et valoriser les eaux usées. Haliotis 2, présentée comme la station de demain, n'aurait sans doute pas pu trouver son modèle économique sans l'intervention de la filiale de la Caisse des Dépôts. Mais outre cette opération spéciale, ce sont tout de même 275 millions d'euros qui ont été fléchés vers des projets - essentiellement tournés vers la transition écologique - des collectivités, un vrai bond en avant si on considère qu'en 2022, « seuls » 70 millions d'euros avaient été accordés aux collectivités. Et là encore, si ces dernières ont poursuivi leurs projets structurants, c'est grâce au taux du Livret A stabilisé, ce qui lui a redonné une certaine appétence face à des prêts plus classiques.

Projets maintenus : c'est bon pour le cycle économique

Autant d'éléments qui confortent la bonne santé économique du Sud, qui certes, rencontre les mêmes tensions que le reste de l'Hexagone mais qui a clairement et massivement vu les projets liés à la transition écologique se multiplier. Des projets déjà prévus, promis, pour certains engagés et qui sont nécessaires. Comme l'embellissement de La Croisette, à Cannes ou les opérations de décarbonation des sols à l'Aéroport de Nice. Parce qu'il en va de l'attractivité, des ambitions tracées et que cela vient également nourrir le cycle économique.

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Dans ce même cadre, la poursuite d'Action Cœur de Ville et le déploiement de Petites Villes de demain - deux programmes tournés vers la rénovation urbanistique, le premier consacré aux villes moyennes, le second s'intéressant aux cités de moins de 20.000 habitants - visent à apporter ce soutien nécessaire pour donner aux villes les moyens de retrouver une dynamique et une appétence qui, somme toute, correspondent assez bien à certaines aspirations de vie. « Nous avons besoin des métropoles mas il est également nécessaire de maintenir un réseau de villes moyennes ». 4,4 millions d'euros ont ainsi été consacrés à des opérations d'ingénierie et 13,5 millions d'euros à des prêts.

La perspective de la Zéro Artificialisation Nette des sols devrait, prédit Alexis Rouque, entraîner « moins de production de grand volume mais davantage de rénovation ». Le logement social demeurant le Talon d'Achille alors que les grands projets d'industrie décarbonée, de Carbon à H2V, vont également générer de l'attractivité de talents et donc des besoins en habitat. Provence Alpes Côte d'Azur qui challenge Auvergne-Rhône-Alpes ou l'Occitanie par son dynamisme. Une région combattive, attractive. Qui doit (encore) maintenir l'effort pour les douze moins à venir.

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