Comment Deess et ses mini-drones veulent servir les projets d’aménagement en mer

Avec ses essaims de mini-drones sous-marins, la bluetech basée à Nice cherche à mettre en lumière la biodiversité marine afin que celle-ci soit mieux prise en compte dans les projets d’aménagement en mer, et notamment ceux liés à l’installation de fermes éoliennes offshore, sa principale cible de marché.
(Crédits : DR)

A un peu plus d'un an de l'accueil de la Conférence des Nations Unies sur l'Océan (UNOC) en juin 2025 à Nice, Deess accélère. Lauréate du Blue Innovation Challenge 2023 de la Métropole Nice Côte d'Azur, la jeune entreprise s'attelle à réaliser la plus grande photogrammétrie sous-marine du monde au pied du port Lympia, là où seront reçus les 12.000 participants et chefs d'Etat attendus. Un terrain de jeu de 25 hectares, dont 10 hectares ont déjà été couverts depuis le lancement opérationnel du projet cet hiver, grâce auquel la bluetech se rode et expérimente une technologie innovante d'observation des fonds marins qui entend ouvrir des perspectives nouvelles en matière d'aménagement en mer.

Un essaim de drones sous-marins simples et peu onéreux

Il faut dire que l'idée de Deess attise la curiosité et notamment celle de l'Ifremer qui l'a prise sous son aile dès sa création en 2022. Aux drones sous-marins hyper sophistiqués, donc chers, imposants donc difficiles à manier, la startup oppose une approche inverse. Celle-ci consiste à privilégier « les objets bêtes et rustiques », que l'on peut « adapter, multiplier et regrouper en un essaim de petits drones qui, tel un pinceau, balaient le fonds à photographier », explique Frédéric Mittaine, son fondateur. Ce système vise à lever les deux obstacles majeurs qui handicapent le recours à la photographie marine dans les études d'aménagement en mer : « les conditions de turbidité, qui imposent d'être très proche, entre 50 cm et 5 m du fond, et un positionnement manquant de précision du fait de l'impossibilité des ondes électromagnétique (du GPS) de se propager dans l'eau de mer », détaille le dirigeant. Lequel propose donc une alternative aux sonars, certes efficaces et matures pour recueillir les principales données nécessaires (hauteur de l'eau, obstacles à éviter) à un forage en mer ou à l'installation des pieds d'un pont, mais qui ignorent totalement la biodiversité.

Apporter une vision objective

C'est là que se positionne Deess avec ses drones de suivi des écosystèmes marins. Un outil à visée industrielle qui cherche à mettre en lumière l'environnement sous-marin pour que celui-ci soit mieux pris en compte dans les projets, notamment ceux liés aux fermes éoliennes offshores appelées à se multiplier dans les années à venir. « Si l'on veut éviter que l'installation de ce genre d'infrastructures soit le sujet d'un affrontement idéologique, il faut être capable de proposer une vision objective et de déterminer ce qui détruit la biodiversité ou au contraire crée des effets de réserve. L'objectif étant de ne plus faire ce type de planification à l'aveugle mais plutôt en bonne intelligence ».

Développements technologiques

En attendant, la startup de 8 personnes s'attache à poursuivre ses développements technologiques en attaquant simultanément trois fronts. Celui de la robotique en mer, d'abord. « Nous disposons d'un first viable product capable de déployer 2 à 4 drones et de photographier 2 hectares de fonds (jusqu'à 60 m) par jour. C'est un premier outil qui peut déjà servir les besoins d'aménagement côtier comme le suivi des herbiers de posidonie, mais l'objectif à terme est d'aller plus vite, plus loin, plus profond (jusqu'à 300 m). » Celui ensuite du traitement des données photos sur des surfaces d'acquisition telles qu'il convient « d'adapter les algorithmes et de trouver les infrastructures qui tiennent le coup ». Celui enfin des protocoles de biologie marine qu'il s'agit de construire et de rédiger afin « de valider les résultats issus du process scientifique ».

Ambitions industrielles

Question financement, Deess a pu s'appuyer sur les subventions liées à la Bourse French Tech, au concours i-Lab 2023 ainsi qu'au programme « Grands fonds marins » du plan France 2030 pour lequel elle s'est associée au CNRS. « Cela nous a donné trois ans de visibilité ». Aujourd'hui, il s'agit d'enclencher les premiers projets commerciaux et de « trouver, dans les 6 prochains mois, des partenaires dans nos différents domaines d'application : offshore, ouvrage d'art, études d'impact sur le littoral, sensibilisation, dépollution pyrotechnique. » Une feuille de route qui vise à explorer un large spectre d'activités avant de partir en quête de fonds, sonnants et trébuchants cette fois-ci, certainement début 2025. « Nous ne souhaitons pas nous limiter à être un bureau d'études très tech, très dronisé, très local. Nous avons l'ambition d'aller plus loin, à l'international, et de construire un outil industriel à impact. Cela demande plusieurs millions d'euros qui ne sont pas encore financés ». A bon entendeur...

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