Sophia-Antipolis, modèle de technopôle moderne ?

Créée en 1969, sur une idée originale du sénateur Pierre Laffitte, Sophia-Antipolis ne se départ pas de son titre de première technopôle européenne depuis lors. Vrai centre névralgique de la recherche et de l’innovation – les grands laboratoires et de grandes entreprises, du tourisme à l’automotive, y ont installé leur centre R&D – son attrait a cependant varié avec le temps. Mais avec son environnement forestier couvrant 90% des 2.400 hectares qui la constitue, ses grands espaces et sa position géographique loin des métropoles, Sophia-Antipolis n’est-il pas en train de servir de modèle de ce que doit être la technopôle au XXIème siècle ? C’est ce que tend à faire valoir la Fondation Sophia-Antipolis, jusqu’alors en sommeil et désormais très active sur une stratégie de marque employeur.
(Crédits : DR)

Sophia-Antipolis est depuis sa naissance un territoire à part. Assis sur un bout de 5 communes différentes que sont Antibes, Vallauris, Biot, Mougins et Valbonne, la technopôle naît sur l'idée originale de Pierre Laffite, sénateur des Alpes-Maritimes qui, en 1969, estime que créer un « Quartier Latin aux Champs » serait un concept tout à fait capable de favoriser l'échange entre la recherche et les entreprises, le tout sur fond culturel. « Une fertilisation croisée », comme le veut la formule consacrée, encore utilisée cinquante ans plus tard.

L'atout naturel et la philosophie originelle

Si le concept étonne et détonne à l'époque, au cours des ans Sophia-Antipolis s'est structurée, devenant un véritable épicentre de la recherche et de l'innovation. Tous les grands acteurs de la recherche y sont présents, du CNRS à l'Inria, les grandes entreprises aussi, d'Amadeus à Renault et bien sûr une myriade de startups et PME innovantes qui constituent un ensemble de 2.500 entreprises et 4.500 chercheurs, avec la présence - grâce notamment à Skema Business School - de plus de 5.000 étudiants.

Sophia-Antipolis, appelée première technopôle d'Europe sans que jamais ce titre ne soit remis en question en cinq décennies. Mais le parc technologique n'a pas toujours eu la même force d'attractivité eu égard à diverses problématiques, au rang desquelles celles de mobilité notamment. Eloigné des grandes villes et métropoles, il a aussi les inconvénients de ses atouts. Mais ça, c'était surtout vrai avant. Avant la crise Covid mais surtout avant que l'on reconsidère l'environnement professionnel. Et le parc, avec ses 2.400 hectares dont 90% sont des espaces verts semble répondre aux attentes d'un cadre de travail capable de servir un certain équilibre.

Plan de développement urbi et orbi

Valoriser davantage Sophia-Antipolis, remettre la lumière sur ce technopôle central qui n'a jamais failli dans les stratégies d'attractivité, c'est la mission que s'est donné la Fondation Sophia-Antipolis. C'est bien cette même Fondation créée par le même sénateur Laffitte en 1984, qui portait déjà le rayonnement du parc. Une Fondation qui est quelque peu tombée en sommeil ces dernières années, jusqu'aux changements intervenus ces derniers mois, avec l'arrivée d'une nouvelle gouvernance. Aux manettes opérationnelles, Philippe Servetti - qui connaît bien les sujets d'attractivité territoriale pour avoir été le directeur général de Team Côte d'Azur, l'agence d'attractivité de Nice Côte d'Azur - insiste sur la volonté de défendre et promouvoir la marque Sophia-Antipolis. « L'idée initiale était de faire de Sophia-Antipolis une cité des sciences et de la sagesse », rappelle-t-il. Une sorte de meilleur des deux mondes qui semble correspondre aux attentes contemporaines. « Nous nous attachons à défendre ce modèle de développement économique ». En clair, « remettre Sophia-Antipolis dans les radars ».

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Sur le fond, qui ne connaît pas le technopôle ? Sa notoriété est extrêmement établie à l'international. Ce qui n'empêche pas d'intensifier la démarche. C'est précisément le sens du rapprochement effectué avec IASP, l'association internationale des parcs scientifiques, dont elle était déjà proche mais dont elle s'était éloignée. IASP, réseau majeur de 700 membres et 400 parcs scientifiques, est un des vecteurs de prospection. En parallèle, des alliances stratégiques vont être nouées avec le monde de la tech, avec le MIT par exemple.

Présente au dernier CES Las Vegas, la Fondation a ainsi pu sonder l'un de ses marchés d'excellence qu'est la santé. Un Consumer Electronic Show où les Coréens, champions des dépôts de brevets, ont été très présents. Et qui constituent une cible parfaite pour venir nourrir le parc technologique et la filière santé.

Mais on ne saurait omettre le marché domestique. Ce qui, concernant Sophia-Antipolis, va se concrétiser par un Campus Tour qui va mener la Fondation à aller à la rencontre des écoles d'ingénieurs tout au long de l'année 2024. Le message ? Venir répondre à la demande des entreprises, une « demande vivante » et immédiate de 2.000 postes non pourvus. Dont certains au sein d'entreprises telles Amadeus, Arm, Symphony ou Studiel. Du grand groupe, à l'ETI et la startup.

Le mécénat est un autre levier pour mener, dit Philippe Servetti, « des actions de valorisation, d'attraction des talents, des alliances stratégiques », une façon de jouer jeu commun avec les entreprises.

Sophia-Antipolis

La Fondation Sophia-Antipolis, engagée dans une stratégie de développement, a notamment retravaillé son logo

D'unique à duplicable ?

Car si Sophia-Antipolis n'a pas à souffrir côté notoriété, il s'agit tout de même de mieux « valoriser l'excellence scientifique, de mieux faire valoir nos spécificités ». Dont le fabuleux écosystème IA qui a valu à Nice-Sophia-Antipolis d'emporter la création d'un institut interdisciplinaire d'intelligence artificielle, dit 3IA, voici 4 ans, en 2019, écosystème dont la force était alors méconnue et pas uniquement en dehors du périmètre azuréen. Sophia-Antipolis qui a répondu au récent AMI IA-Cluster, qui représente en quelque sorte l'étage 2 de la fusée, son objectif étant de faire émerger des leaders académiques français et européens sur le sujet de l'intelligence artificielle. Mais outre l'IA, il y a tout une filière automotive qui s'est extrêmement bien structurée, la santé bien sûr et toujours les TIC et la microélectronique.

Depuis l'arrivée de la nouvelle gouvernance, sur un exercice 2023 tronqué donc d'un trimestre, 25 nouvelles installations ont été accompagnées pour 500 nouveaux emplois.

« Dans l'inconscient collectif, à l'international, Sophia-Antipolis est un modèle reconnu », rappelle Philippe Servetti qui insiste. « Sophia-Antipolis est un modèle de développement vertueux ». Un modèle duplicable ?

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