A Sophia Antipolis, le Bioparc se pose en vitrine de l’innovation en santé

Si la technopole azuréenne est bien plus identifiée tech que biotech, elle n’en reste pas moins une terre de santé, dynamisée par le succès rencontré par le Bioparc né en 2018 sur les cendres de Galderma. La halte, ce jeudi, de la directrice générale de l’Agence de l’Innovation en Santé dans le cadre de la présentation du volet santé France 2030, en témoigne.
(Crédits : DR)

Après Marseille, le 29 mars, c'est à Sophia Antipolis que le docteur Lise Alter fait halte ce jeudi 30 mars. Directrice générale de l'Agence de l'Innovation en Santé (AIS), créée en octobre 2022, elle sillonne l'Hexagone pour présenter aux entreprises et institutionnels concernés le volet santé du plan France 2030. Baptisé Innovation Santé 2030, il est doté d'un budget de 7,5 milliards d'euros et vise à redonner au pays de Pasteur ses lettres de noblesse en matière de produits de santé innovants. Un travail de prospective, donc, pour caractériser les besoins à venir, mais aussi d'accompagnement des projets considérés comme stratégiques. D'où ce tour de France, où la technopole présentée comme n°1 en Europe, pourtant bien plus identifiée tech que biotech, prend désormais toute sa place.

L'accident Galderma

Il faut dire que depuis 2018 et l'ouverture du Bioparc, le périmètre sophipolitain - et plus largement azuréen - s'invite de plus en plus dans le paysage pharmaceutique international. L'événement déclenchant : un accident industriel. Celui du géant de la dermatologie Galderma, propriété de Nestlé Skin Health, dont le départ en 2017 met 550 personnes sur le carreau et autant de compétences disponibles, dont certaines, notamment en chimie et en analytique, sont très recherchées. La catastrophe redoutée se transforme alors en opportunité. La Communauté d'agglomération de Sophia Antipolis (CASA) planche sur un projet de parc d'activités tourné vers les biotechs, racheté par l'opérateur privé Euryale Asset Management, via la SCPI Pierval Santé.

Bonne pioche. Le site de 18.000 m² et ses laboratoires, situés à proximité de l'aéroport international Nice Côte d'Azur, attirent. L'allemand Nuvisan se positionne et reprend 83 personnes, la plupart issue du service CMC (Chemistry Manufacturing Control), pour renforcer ses capacités en bioanalyse et ses services de formulation de produits finis. Une activité complémentaire à l'activité historique du groupe familial qui voit-là l'occasion de diversifier et d'élargir son marché. L'américain Syneos, spécialiste des essais cliniques, reprend quant à lui une centaine de personnes et trouve là aussi un moyen de se renforcer en France. Le foncier libéré agit comme un aimant, tant pour les sociétés exogènes, que pour les structures endogènes. Parmi elles, la pépite InnoSkel, spécialiste des thérapies géniques pour les maladies rares du squelette, qui a réussi à lever 20 millions d'euros en 2020, quelques semaines seulement après sa création, auprès de Jeito Capital, Vida Ventures et Turenne Groupe. Sa dirigeante, Elvire Gouze, avait auparavant créé une première société, TherAchon, acquise mi-2019 par Pfizer pour 810 millions de dollars.

De problématique industrielle à locomotive

Au total, ce sont plus d'une quinzaine d'entreprises innovantes, de toute taille et représentant 350 emplois, qui ont pris leur quartier sur le site. Lequel, cinq ans après son ouverture, envisage de plus en plus sérieusement de s'étendre sur une réserve foncière dont il dispose. Et ainsi, remplir pleinement son rôle de locomotive. "La problématique industrielle qu'a été la fermeture de Galderma a finalement servi le territoire, résume Pierre Diebolt, ancien directeur R&D de la filiale de Nestlé Skin Health et désormais dirigeant de Nuvisan France. Nous sommes passés d'un centre de R&D privé, confidentiel, fermé, à un bioparc ouvert où nous montrons au monde entier l'innovation réalisée à Sophia".

Sciences du vivant ou l'exemple de la fertilisation croisée concrète

Une vitrine qui s'inscrit dans un écosystème, celui des sciences du vivant, large et diversifié. Selon la dernière étude (2021) de l'Observatoire Sirius de la CCI Nice Côte d'Azur, ce dernier regroupe 432 établissements. Il génère un chiffre d'affaires de 2,6 milliards d'euros pour 9.900 emplois répartis dans six domaines d'activité (industrie aromatique, industrie pharmaceutique, chimie de base, génie biomédical, cosmétologie et monde végétal). Un poids lourd assurément, dont le volet santé et pharma s'avère pourtant peu reconnu, même en ses terres.

"Quand on parle des grands noms industriels des Alpes-Maritimes, tout le monde pense à Amadeus, à Thales Alenia Space, mais peu au versant santé du territoire alors qu'il compte des groupes et biotechs internationalement connus", confiait l'an passé à La Tribune Emilie Royère, directrice générale du pôle de compétitivité Eurobiomed. Lesquels viennent chercher dans les Alpes-Maritimes "la capacité de se développer dans un environnement où l'on trouve un vrai vivier de talents, un terreau d'entreprises et d'institutions scientifiques d'excellence organisé dans une logique de proximité, technopolitaine à Sophia, autour du CHU Pasteur à Nice, et de façon interdisciplinaire. On y croise les sciences de l'ingénieur, les technologies de l'information, la puissance du numérique et la promesse de l'intelligence artificielle."

Le bioparc, en toute logique, ne déroge pas à cette interdisciplinarité, qui fait écho à la fertilisation croisée si chère au fondateur de la technopole azuréenne, le sénateur Pierre Laffitte. En témoigne l'installation de la medtech Ekinnox, spin-off de l'Inria (Institut national de recherche en science et technologie du numérique), spécialisée dans l'analyse du mouvement humain adaptée à la rééducation via le traitement vidéo et l'intelligence artificielle. Autant d'atouts qu'Eurobiomed et une trentaine d'entreprises du secteur vont présenter à la directrice de l'AIS, histoire de s'ancrer un peu plus dans les radars du plan Santé et, comme le dit Pierre Diebolt, "de contribuer à faire de la France le nouveau leader en pharma".

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