Dans le Sud, « la santé économique va mieux que le moral » dit la Banque de France mais attention aux TPE et à la construction

Note de conjoncture après note de conjoncture, Provence Alpes Côte d’Azur continue de prouver sa résilience. Des chiffres qui rassurent quand le contexte global pourrait agir négativement sur le moral des entrepreneurs. Mais si les carnets de commandes sont remplis, si les défaillances demeurent en dessous de la normale et que les encours de crédits se comportent bien, l’attention porte toujours sur les TPE, fragilisées, comme sur la construction. Conséquence : la croissance ralentit certes mais point de récession à l’horizon.
(Crédits : DR)

La vie d'entrepreneur n'est jamais un long fleuve et les trois dernières années ont plus que secoués l'économie, les modèles, les habitudes et les prévisions. Si les chiffres du chômage, au plus bas selon les publications nationales, tendent à prouver que 2023 démarre plutôt pas trop mal, dans le Sud, les nuages que l'on aurait pu voir poindre à l'horizon s'éloignent doucement.

Trou d'air dans la construction et les TP

« La santé physique de l'économie est meilleure que son moral », dit Jean-Christophe Ehrhardt. Une formule qui résume plutôt bien la situation de l'économie dans le Sud. Une économie qui continue d'investir, de recruter, de se développer. Qui a fait preuve d'adaptabilité et qui a continué à aller bien quand ailleurs ça craquait davantage. Les nuages s'éloignent notamment sur le sujet énergétique avec des délestages craints qui n'ont pas eu lieu. En matière de difficultés d'approvisionnement, moins de 40% des entreprises avouent y être confrontées, ce qui moins que précédemment. « Lorsque nous interrogeons les entreprises, notamment dans l'industrie ou le bâtiment, les soldes d'opinion négatif ont été divisés par deux sur les 6 derniers mois. Ce qui est certes encore élevé mais ce qui montre une amélioration », souligne Jean-Christophe Ehrhardt. L'utilisation des capacités de production s'affichent à 81 % ce qui se trouve être la moyenne de longue période et ce qui conforte alors qu'à l'automne dernier, la crainte était là. « Les secteurs les plus touchés par l'inflation sont aussi ceux qui souffrent le plus ». Un essoufflement qui touche l'industrie agricole et alimentaire notamment, confrontés aux difficultés d'approvisionnement dans les boissons ou la boulangerie. La production de caoutchouc et de plastique est en baisse - alors que la métallurgie fonctionne. « Nous allons sans doute vers un trou d'air dans la construction et plus particulièrement dans le gros œuvre, comme dans les TP », prévient le directeur régional de la Banque de France.

Pas d'atterrissage brusque et l'effet rattrapage

Des nuages qui, en revanche, ne s'estompent pas pour les TPE, ces très petites entreprises fragilisées, qui ont perdu l'avance engrangée. Si le solde d'opinion était supérieur à la moyenne des 15 dernières années il y a encore quelques mois, dès l'automne, les premières inquiétudes ont pointé et désormais « les trésoreries sont tout juste à l'équilibre », fait remarquer Jean-Christophe Ehrhardt. A contrario, les grosses PME et les ETI ont repris le mouvement de réintermédiation bancaire. Conséquence, « pour la première fois, les encours de crédit des TPE sont à la baisse, de l'ordre de 0,7% », alors que pour les entreprises de plus grande taille, c'est l'exacte inverse qui se produit, avec des encours qui progresse, de l'ordre de 2% pour les PME et de 5% pour les grandes entreprises. Il faut dire que les carnets de commande demeurent positifs et bien remplis. « Nous avons écarté tout risque d'atterrissage brusque », affirme Jean-Christophe Ehrhardt, confirmant aussi que « nous excluons une récession dans la zone euro sauf contexte géopolitique tendu ».

Dans ce contexte, les défaillances - son évolution est un indicateur extrêmement regardé depuis la crise - continuent d'augmenter sur un an glissant. Si avant crise, 5.100 défaillances étaient enregistrées en moyenne par an, celles-ci n'étaient plus que de 3.000 défaillances annuelles durant la crise, repassant à un niveau de 4.000 défaillances par an post-crise, pour atteindre 4.200 défaillances annuelles actuellement. « Nous enregistrons 100 défaillances de plus par mois sur un an glissant », note Jean-Christophe Ehrhardt, indiquant qu'il s'agit « d'un effet rattrapage ».

Rééduquer l'écosystème financier

Autre indicateur surveillé, celui du remboursement des Prêts garantis par l'Etat n'est pas davantage problématique, 38% des PGE étant déjà remboursés.

Concernant « la médiation du crédit, celle-ci est faiblement utilisée », avec un rythme de 50 à 60 dossiers par mois, précise Jean-Christophe Ehrhardt. « Les remboursements continuent d'être opérés », indique le directeur régional de la Banque de France, avec des encours de crédits qui ne baissent pas. « Le crédit est plus cher et va continuer à être plus cher. L'ensemble de l'écosystème financier doit réapprendre à travailler avec un coût de l'argent plus élevé ». Une donnée qu'il est conseillé d'intégrer dans les plans prévisionnels. Si 2023 voit une croissance passer en mode ralenti, la Banque de France estime - et d'autres économistes avec elle - que la fin de l'année pourrait voir une embellie pointer dans le ciel économique. Ce qui serait bon pour le moral...

"Nous sommes sur un ralentissement de la croissance" (J-C Ehrhardt)

Invité de Marseille Business ce mardi 14 février, le directeur régional de la Banque de France a confirmé que les carnets de commande et la consommation des ménages étaient des facteurs de la résilience de l'économie du territoire. Les entreprises continuent leurs investissements mais davantage sur des projets de transition énergétique plus que sur des projets de capacité.

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