Dans le Sud, la Banque de France veut encourager le recours au micro-crédit

L'établissement bancaire aimerait que le recours à cette solution de financement - méconnue dans tous ses aspects - se développe davantage. Pour y parvenir, elle souhaite en améliorer la notoriété et travaille avec des associations afin d'accompagner des porteurs de projets qui n'ont pas forcément le réflexe d'y recourir.
(Crédits : DR)

La Banque de France en fait l'un des leviers majeurs pour lutter contre l'exclusion bancaire Le micro-crédit s'adresse en effet aux personnes qui n'entrent pas dans les cases du système bancaire dit "classique". Problème : il y en a très peu, constate Jean-Christophe Ehrhardt, directeur régional de l'établissement en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Si le recours au micro-crédit a augmenté de 7%, son usage global "reste faible". Un petit volume qui n'est pas spécifique au territoire mais concerne l'ensemble du pays.

Cette solution de financement reste marginale car il s'agit bien souvent de "dossiers difficiles à monter" avance Jean-Christophe Ehrhardt. Les refus essuyés par les entrepreneurs en devenir auprès des banques peuvent également en démotiver certains. Il note également qu'il est "difficile de mettre le porteur d'un projet en face de la bonne association pour l'accompagner". Une cartographie réunissant ces accompagnants avec leurs coordonnées va être créée pour faciliter les rencontres. Mais au-delà de ce trou dans la raquette, c'est aussi la structure elle-même du prêt qui peut repousser. "Le taux à 6% peut parait cher, mais sur des sommes de 3.000 ou 4.000 euros c'est finalement peu", défend-il.

L'établissement bancaire, qui régule mais ne contracte pas de prêt, essaie donc de contribuer à rendre l'image du micro-crédit pour lutter contre l'exclusion financière, visible. Et consommée. L'un des leviers est de mettre en avant des entrepreneurs qui ont pu en bénéficier. Quoi de mieux qu'une récompense pour donner de la visibilité. C'est donc un prix qui va être créée cette année, à l'image de ce qui existe déjà à l'échelle nationale. Mais la Banque de France s'appuie également sur des associations pour cibler et accompagner les personnes à l'image de France Active ou l'association pour le droit à l'initiative économique (Adie). "Nous sommes ceux qui en faisons le plus avec 1274 entrepreneurs accompagnés en 2022 pour un crédit moyen de 5.000 euros", présente Sébastien Chaze, directeur PACA et Corse de l'Adie. Un travail effectué par les 37 salariés et près de 70 bénévoles dans la région.

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Entrepreneur en devenir ou actif

L'enjeu est multiple. "Nous nous adressons à des personnes qui n'ont pas le capital, ni les garanties, ni parfois les codes. Un bon prévisionnel et un plan de financement sont importants, mais l'accès au crédit repose aussi beaucoup sur la personnalité du demandeur", dresse Sébastien Chaze. "Pourtant, ce n'est pas un crédit si compliqué à obtenir", reprend le directeur régional de l'Adie. Surtout que la réussite est au rendez-vous avec un taux de pérennité de 87% sur deux ans et des embauches chez 10% des entreprises qui ont eu recours à ce prêt.

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Sur le faible engouement pour ce dispositif de financement, il observe lui aussi un manque de notoriété. En clair, les entrepreneurs qui pourraient en avoir besoin ne le connaissent pas ou n'ont pas le réflexe de s'y orienter. Un constat qui s'adresse à ceux qui souhaite créer leur société, mais aussi à ceux déjà en activité qui ont besoin d'un coup de pouce pour se développer. Il existe d'ailleurs un micro-crédit encore moins connu, celui pour la mobilité qui vise à acheter ou rénover une voiture pour se rendre à son emploi. Un moyen de répondre "à un besoin qui est finalement le même, celui d'un projet de travail". Et surtout une solution qui pourrait coller à la contrainte des zones à faible émission (ZFE) qui interdit l'accès aux véhicules les plus polluants dans le centre de Marseille, Toulon et Nice. Ce qui induit un renouvellement de flotte auprès de ceux qui n'en ont pas forcément les moyens. Le micro-crédit a donc toute sa place dans le paysage du financement. Une place à prendre davantage, ce qui est l'un des enjeux majeurs, dans le contexte économique actuel.

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Commentaire 1
à écrit le 29/01/2023 à 15:06
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"s'adresse ... aux personnes qui n'entrent pas dans les cases du système bancaire dit "classique". Problème : il y en a très peu" c'est donc marginal, ce "micro-emprunt", mais peut-être utile parfois dans des cas "pointus", hors 'moyenne' qu'on nous...

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