En Provence-Alpes-Côte d'Azur, 17 % des personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté

Occupant la troisième place des régions les plus pauvres de France, Provence-Alpes-Côte d'Azur fait face à plusieurs difficultés structurelles parmi lesquelles la difficulté des ménages modestes à accéder à un logement social. Parmi les personnes les plus touchées par la pauvreté : les jeunes et ceux vivant en familles monoparentales.
(Crédits : DR)

Voilà longtemps que le taux de chômage n'avait pas été aussi bas en région Sud, concernant 9,1 % des actifs. Pourtant, la pauvreté demeure.

Selon le dernier panorama de la pauvreté en Provence-Alpes Côte d'Azur publié par l'Insee, 850.000 personnes étaient en situation de pauvreté monétaire en 2020, c'est-à-dire qu'elles disposaient pour vivre de moins de 60 % du revenu médian par mois et par une unité de consommation ; soit moins de 1.120 euros pour une personnes seule, ou 2.350 euros pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans.

850.000 personnes, cela représente 17% de la population de la région qui se situe de fait à la troisième place des régions les plus pauvres, juste derrière les Hauts-de-France (17,2%) et la Corse (18,3%). En comparaison, ce taux s'élève à 14,4 % au niveau national.

Mais si 17 % est un taux de pauvreté important, il n'est qu'une moyenne qui masque des disparités territoriales au sein de la « deuxième région la plus inégalitaire du pays », comme le souligne Valérie Roux, directrice régionale de l'Insee. Ainsi, dans le Vaucluse, la pauvreté concerne 19,5 % des personnes tandis que les Hautes-Alpes est le seul département de la région à se situer en dessous de la moyenne nationale avec 13,4 % de personnes pauvres. Et à l'intérieur de ces départements, l'Insee relève un taux de pauvreté de 22,2 % dans l'intercommunalité Arles-Crau-Camargues-Montagnette, 21,7 % dans le Grand Avignon, ou encore 21,5 % dans les Lacs et Gorges du Verdon.

Parmi les principaux facteurs qui font basculer les personnes dans la pauvreté : l'âge - 24,9 % des moins de 30 ans sont pauvres, contre 11,7 % chez les plus de 75 ans - ainsi que la composition familiale, les familles monoparentales étant les plus touchées, avec un taux de pauvreté de 30,2 %.

Pauvreté insee

Six profils de ménages pauvres

L'Insee identifie par ailleurs six profils de ménages pauvres. Le plus représenté est celui des ménages retraités (30,4 % des ménages pauvres sont des ménages retraités), un résultat qui peut étonner alors que les plus âgés sont statistiquement moins pauvres : cela s'explique en fait par la forte proportion de ce type de ménages dans la région.

On trouve également 16,5 % de ménages insérés dans l'emploi (c'est-à-dire dont les adultes gagnent plus d'un demi smic dans l'année), preuve que le travail n'est pas toujours une protection contre la pauvreté. Parmi ces ménages, la moitié dispose d'un niveau de vie (revenus déduits des impôts) inférieur à 996 euros par mois. Il s'agit essentiellement de familles avec enfants, et ils sont particulièrement nombreux dans les Hautes-Alpes.

S'ajoutent à ces deux profils, quatre autres qui concernent des personnes non insérées dans l'emploi : ceux qui ont moins de 30 ans (8,1%), ceux qui sont propriétaires (9,6%), ceux qui sont locataires du parc social (12,5%) et enfin ceux qui sont locataires du parc privé (22,8%). Un nombre important qui s'explique par la faiblesse du logement social en région. Ces locataires du parc privés, présents dans toute la région, ont un niveau de vie médian de 801 euros et doivent faire face, faute d'avoir eu accès à du logement social, à des charges locatives importantes relativement à leur revenu.

Logement et situation des enfants comme principales fragilités

La situation du logement est d'ailleurs un des aspects sur lesquels la région est la plus fragile. Plus qu'ailleurs, les personnes font face à des résidences principales sur-occupées, à des loyers élevés et à un faible accès au logement social.

Autre point de fragilité soulevé par l'Insee : la situation familiale des enfants, mesurée au travers de trois indicateurs que sont la part d'enfants vivant dans des familles monoparentales, celle vivant dans un logement sur-occupé et celle n'ayant dans sa famille aucun adulte en emploi. « 65 % de la population régionale vit dans une EPCI très fragile sur ces points », explique l'Insee. Les trois principales métropoles régionales sont concernées. De même que la communauté d'agglomération d'Avignon.

À noter également, la pauvreté est très souvent persistante. « Sur quatre ans, pour 10 personnes pauvres, 4 le restent sur les quatre ans, 4 alternent périodes de pauvreté et périodes de non-pauvreté, et 2 sortent durablement de la pauvreté », explique Valérie Roux. Une persistance que l'on retrouve au fil des générations. Une fois adultes, « les enfants des familles aisées ont trois fois plus de chances que les enfants de familles modestes de figurer parmi les 20 % les plus aisés ».

Quid de l'inflation ?

Reste que les chiffres présentés par l'Insee datent de 2020 (délais d'obtention des données fiscales obligent), et que la situation a probablement évolué depuis du fait de l'épidémie et de l'épisode d'inflation qui a sans doute des conséquences sur les ménages les plus pauvres. « Depuis deux ans, l'inflation a été forte, on l'estime à 13 %. Elle est de 21 % dans l'alimentation et 43 % dans l'énergie ». Or ces postes de dépenses occupent une part plus importante dans le budget des ménages les plus pauvres.

Mais il est pour l'heure difficile de mesurer l'impact de ces crises sur la pauvreté. De surcroît lorsqu'on utilise l'indicateur de pauvreté monétaire, celui-ci étant relatif ; même si tout le monde parvenait à satisfaire ses besoins, un tel seuil de pauvreté monétaire subsisterait toujours étant donné son mode de calcul. Et cet indicateur ne permet pas de mesurer précisément comment l'inflation impacte les conditions de vie des ménages.

L'Insee dispose néanmoins de deux autres indicateurs complémentaires. Parmi eux, la pauvreté institutionnelle, mesurée par le nombre de bénéficiaires de minima sociaux comme le RSA. RSA dont le nombre de bénéficiaires semble avoir diminué en 2022 pour retrouver son niveau d'avant-crise, signe d'une hausse de l'emploi ou alors d'un moindre recours au RSA.

Le second indicateur mesure quant à lui la pauvreté en termes de conditions de vie, au niveau national. « Il s'agit de questionner la privation des personnes vis-à-vis des dépenses de la vie courante : est-ce qu'elles baissent le chauffage pour faire des économies ? Est-ce qu'elles achètent moins de viande ?... ». Douze items sont ainsi proposés et si les personnes sont concernées par cinq types de privations, elles sont considérées comme pauvres. « En 2020, on estime que 13,4 % des personnes étaient pauvres en conditions de vie. En 2022, on est à 14 % ».

Il faudrait encore d'autres outils pour mesurer la dégradation des conditions de vie de ceux déjà considérés comme pauvres, de même que le nombre de personnes tombées dans la grande pauvreté. En 2020, le Collectif Alerte qui regroupe plusieurs acteurs de la solidarité relevait ainsi une « aggravation de la pauvreté » et de l'ultra-précarité au niveau régional, avec notamment un accès à l'alimentation de plus en plus difficile. Elle notait par exemple une cumulation de situation de très grande pauvreté à Marseille, et l'existence de zones blanches de l'aide alimentaire. Préoccupations que partagent les acteurs de la solidarité, associations notamment, de plus en plus nombreux à se plaindre d'une incapacité à répondre à tous les besoins. Tant ceux-ci sont nombreux.

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