« Aujourd'hui, 6 % des investisseuses de notre réseau ont moins de 35 ans » (Dominique Mucchielli - Femmes Business Angels Sud)

Pas facile de lever des fonds pour les entrepreneuses. Préjugés, investisseurs essentiellement masculins, autocensure ... Les facteurs sont nombreux. Pour y remédier, des femmes ont décidé de se réunir pour investir ensemble dans des projets innovants, portés par d'autres femmes. Partout en France, y compris en région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
(Crédits : DR)

« Nous sommes un groupe de femmes qui a décidé de se réunir pour investir en commun sur des startups et des projets ». C'est en ces quelques mots, simples, que Dominique Mucchielli, déléguée régionale de la structure, définit l'essence de Femmes Business Angels, réseau d'investisseuse né il y a vingt ans en France.

Sa cible ? « Des entreprises innovantes, qui ont une capacité de développement importante et qui ont besoin de fonds pour se développer ». Des startups pour l'essentiel. Dotées d'une forte ambition. Quel que soit leur domaine d'activité. « Nous n'avons pas de filière préférée. On s'intéresse à tous les écosystèmes : de la boite de tech à l'entreprise qui fait de l'éducation, de la santé, de l'ingénierie... On ne recule devant rien ».

Pourquoi un tel besoin ? Parce que les entrepreneuses ont plus de mal à lever des fonds que les hommes. Un phénomène amplifié par la faible présence de femmes parmi les investisseurs, elle-même expliquée par des raisons historiques.

Un écart creusé par l'histoire

« Ce n'est que dans les années 1960 que les femmes ont eu accès a un compte bancaire et pu accéder directement à leur salaire. Je me souviens de ma mère qui devait sans cesse demander à mon père de lui signer une autorisation pour pouvoir toucher son salaire sur son compte. Quand on en parle aujourd'hui, cela fait frémir. On mesure l'avancée énorme que l'on a fait depuis ». Il faut ainsi attendre le milieu des années 1980 pour que les femmes se constituent enfin un patrimoine à elles. « C'est normal qu'aujourd'hui ont ait du retard dans l'investissement des femmes ».

Et les nouvelles générations semblent avoir franchi un nouveau pas encore. « Les freins sont moins nombreux pour elles. L'éducation étant passée par là, elles ont moins peur d'investir, elles sont allées plus longtemps à l'école ... Aujourd'hui, 6 % des investisseuses de notre réseau ont moins de 35 ans. Pas mal de femmes ont monté puis vendu leur boite, et elles ont envie de faire comme pas mal de business angels en se consacrant à l'investissement dans l'économie ».

Une façon de faire émerger de nouvelles figures, féminines, de l'entrepreneuriat. C'est par exemple le cas d'Élodie Carpentier, fondatrice du Rouge français, présente à la fois à Paris et à Marseille où elle a été accompagnée par l'incubateur Obratori, par Région Sud Investissement ainsi que par Femmes Business Angels. « Elle a été l'invitée phare de notre dernier Win Day organisé le 13 avril à Marseille ».

Offrir de nouveaux modèles

De quoi offrir des modèles plus diversifiés aux filles et jeunes femmes. « On cite souvent Marie Curie. Elle a fait de très belles choses mais il faut rajeunir les cadres. Comment voulez-vous que Marie Curie parle aux jeunes femmes ? C'est quand même très compliqué. Il y a des femmes qui lèvent des fonds, qui montent des entreprises, qui écrivent, qui vont dans le monde entier, qui enseignent ... Il faut parler d'elles aux jeunes femmes qui ont besoin de modèles auxquelles elles peuvent s'identifier, auxquelles elles peuvent avoir envie de ressembler ».

Des modèles qui doivent compléter une éducation propice à l'épanouissement des jeunes filles, tandis que les jeunes garçons doivent être sensibilisés dès le plus jeunes âge aux enjeux d'égalité. Et si les mères ont évidemment un rôle clé par le modèle qu'elles constituent pour leurs enfants, Dominique Mucchielli est tout autant convaincue que « l'éducation donnée par les pères est très importante ».

Replay ici.

Un invité du monde économique chaque semaine

Pour rappel, depuis novembre 2021, La Tribune et BFM Marseille s'unissent pour proposer chaque semaine une chronique éco, baptisée Marseille Business, qui décrypte l'économie du territoire, ses enjeux, ses défis, les réussites et les problématiques. Tous les mardis, un invité vient apporter son éclairage sur une thématique précise.

La chronique est animée par Sophie Hebrard pour BFM Marseille et Laurence Bottero, rédactrice en chef du bureau Provence Alpes Côte d'Azur du quotidien économique La Tribune.

L'émission est à retrouver en direct et en replay sur  BFM Marseille, disponible sur le canal 30 de la TNT.

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