«La réindustrialisation n'est pas un vain mot »  (Thierry Chaumont - UIMM Alpes-Méditerranée)

Si, désormais, plus d'usines sont ouvertes que fermées en France, l'industrie ne traverse pas un long fleuve tranquille, assure le président de l'UIMM Provence-Alpes. En cause, des charges et taxes plus élevées que dans d'autres pays, une main d'œuvre difficile à recruter, le manque de foncier. Ou encore une acceptabilité pas toujours évidente.
(Crédits : DR)

« L'industrie se porte plutôt bien », assure Thierry Chaumont. Preuve en est, à l'échelle de la France, on constate « un solde positif entre les suppressions et les créations d'usine ». En région Il n'empêche : l'industrie ne navigue pas pour autant sur « un long fleuve tranquille. Cela reste compliqué d'ouvrir des usines ».

Parmi les principales difficultés rencontrées par les porteurs de projets industriels, le manque de foncier. Et, quand celui-ci est disponible, la question de l'acceptabilité. « Dès qu'on voit des fumées, cela peut faire peur. On veut de la réindustrialisation, mais loin de chez soi. C'est tout le paradoxe ».

L'enjeu du recrutement et de la formation

Il faut aussi parvenir à recruter après des décennies de dévalorisation du travail industriel, et manuel en général. Malgré une image qui évolue ces dernières années. « Nous avons mené d'énormes travaux pour que l'industrie soit acceptée en France ». Et la nouvelle convention collective doit poursuivre ce chantier. Par rapport à la précédente convention datant de cinquante ans, « elle apporte d'énormes évolutions dans ces métiers », métiers qu'elle vise à mieux qualifier. De sorte que « les contrats de travail tourneront autour de cela ». Un « changement colossal » en perspective.

Sur la question du recrutement, les écoles de production sont une piste. « On y trouve des jeunes sortis du cursus scolaire. Pour le moment, nous en avons deux et nous allons en ouvrir une troisième ». De quoi mieux répondre aux besoins de l'industrie, en quête de « gens dynamiques, volontaires mais manuels : des soudeurs, des usineurs... ».

Accompagner les petites entreprises dans les demandes d'aides publiques

Autre difficulté mise en avant par Thierry Chaumont : le niveau élevé des charges sociales et de la taxation vis-à-vis de certains pays concurrents. « Cela nuit à notre compétitivité », pense le président de l'UIMM Provence-Alples.

Il n'empêche que les entreprises peuvent s'appuyer sur des dispositifs comme le plan de Relance ou France 2030. Ce dont n'hésitent pas à s'emparer les grands groupes. Quid des petites et moyennes entreprises ? « C'est compliqué. Les petites entreprises ont l'impression que ce n'est pas à leur portée, que les dossiers sont difficiles à remplir... Elles n'ont pas tout à fait tort mais lorsqu'on les aide, les choses deviennent plus simples ».

Ces plans vont-ils de pair avec une réindustrialisation du pays ? « La réindustrialisation n'est pas un vain mot », admet Thierry Chaumont. En témoigne l'implantation de Carbon dans le périmètre du Grand Port de Marseille. Mais pas seulement. « Il y a quelques exemples d'entreprises qui ont réussi, en l'espace d'un an, à monter un projet, à obtenir des autorisations de permis de construire... Et une fois l'usine mise en marche, elles ont d'ores et déjà trouvé des clients ». Parmi les secteurs porteurs : l'énergie, la pharmacie, l'agroalimentaire... A l'inverse, le textile semble difficile à relocaliser. « Ces entreprises ont presque totalement disparu. Je ne suis pas certain qu'on sera capable de réindustrialiser dans ce secteur. Le coût de la main d'œuvre est trop faible à l'étranger ».

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