« Il faut poursuivre la politique de l’offre » (Jean-Louis Maurizi, président Medef Sud)

Présent à la Rencontre des Entrepreneurs de France (REF) qui s'est tenue ces 28 et 29 août à Paris, le patron des patrons de Provence-Alpes-Côte d'Azur évoque la conjoncture, pas si mauvaise pour certains secteurs, plus tendue pour d'autres, la fiscalité - au centre des préoccupations des chefs d'entreprise et des débats lors de la REF -, l'énergie et sa transition, l'apprentissage aussi. Et de plaider grandement pour le maintien d'une politique de l'offre.
(Crédits : DR)

La Rencontre des Entrepreneurs de France, qui s'installe chaque année depuis 5 ans désormais à l'Hippodrome de Paris-Longchamp, fait souvent figure de baromètre conjoncturel de rentrée. Nous sommes encore en août, l'ambiance est à la fois légère et sérieuse et ce premier raout du patronat à l'aube d'un retour aux affaires est l'un des meilleurs moyens de tester la température du monde économique.

Et le contexte 2023, pas tant éloigné de celui de 2022, comprend toujours inflation, guerre en Ukraine, coût de l'énergie et problèmes de recrutement, autant de défis pour les chefs d'entreprise qui peuvent, selon les filières, être de vrais cailloux dans la chaussure.

Inquiétude larvée

De fait, Jean-Louis Maurizi ne cache pas « être un peu inquiet de la conjoncture de rentrée », notamment face à une inflation, dit-il qui s'installe. « La première conséquence, ce sont des taux d'intérêt qui mettront du temps à redescendre, entraînant de fait un fort ralentissement des investissements », analyse-t-il.

Et de faire remarquer que si, dans le Sud, la saison touristique a été bonne du point de vue de la fréquentation, elle n'a pas forcément été à la hauteur des attentes en termes de chiffre d'affaires. Autre point qui nourrit l'inquiétude, la « forte baisse des mises en chantier » déstabilise quelque peu le secteur du BTP, deuxième pilier économique de Provence-Alpes-Côte d'Azur, d'autant que « la hausse des taux d'intérêts génère un fort ralentissement des transactions ».

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Dans une conjoncture ni très bonne ni très mauvaise, revient la question de la stabilité fiscale.

« Les entreprises, lorsqu'elles établissent leur budget, le font à 5 ans ou 7 ans. Nous avons besoin de connaître les paramètres fiscaux. Je constate que les engagements notamment de suppression de la CVAE - qui représente 0,4% des dépenses publiques - ne sont pas tenus. Ne peut-on pas trouver des économies de gestion qui permettraient de tenir les engagements ? » suggère Jean-Louis Maurizi, rappelant que « lorsque nous demandons au gouvernement de tenir ses promesses, ce n'est pas pour redistribuer aux actionnaires, c'est pour faire face notamment aux investissements nécessités par la transformation des processus de production liée à la transition énergétique ».

Une politique de l'offre qui doit s'imposer

Et le patron du patronat régional d'insister très clairement sur le maintien de la politique de l'offre, qui, « n'est certes pas la politique la plus appréciée en France », mais qui porte ses fruits. Et d'illustrer par un exemple concret. « Nous avons fait baisser le taux de l'impôt sur les sociétés et le rendement de l'impôt sur les sociétés a augmenté. Nous disons au gouvernement : baissez la fiscalité et vous verrez que les finances publiques s'en porteront que mieux ».

La stabilité serait également bienvenue dans le soutien à l'apprentissage. Si l'objectif gouvernemental d'un million de nouveaux apprentis par an est quasiment atteint, il ne faut pas oublier l'aide de 6.000 euros qui sert de « carotte ». Une aide dont le maintien serait le bienvenu. « J'ai essayé d'expliquer à la ministre (Carole Grandjean, ministre de l'Enseignement et de la Formation professionnelle, NDLR) que l'apprentissage a un coût dans les entreprises. Elles ont mis en place des processus d'accueil, des maîtres d'apprentissage, des suivis... », argumente Jean-Louis Maurizi.

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Les transitions bien intégrées aux business modèles

Le président du Medef Sud qui porte sur les nouveaux métiers et plus précisément sur l'IA un regard bienveillant, estimant que l'intelligence artificielle peut « améliorer les processus à faible valeur ajoutée » tandis que l'on note un regain d'intérêt pour les métiers de l'artisanat, revalorisés dit-il par « les métiers de la rénovation énergétique », au centre des transitions. Un Medef Sud qui compte apporter sa contribution au sujet, son think tank Nouveau Cap devant s'intéresser prochainement à la thématique, ô combien majeure, de l'eau.

Aussi scrutées que le lait sur le feu, les défaillances d'entreprises demeurent un point d'attention, leur niveau pré-crise sanitaire étant en train d'être rattrapé. « Nous savons piloter et nous adapter à la conjoncture, mais nous avons besoin de stabilité », répète Jean-Louis Maurizi. D'après les échanges menés durant deux jours, les patrons et le gouvernement semblaient regarder ensemble dans la même direction. Les prochaines semaines permettront de jauger si le dialogue engagé ne se transforme pas en dialogue de sourds.

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