Industrie, digital, naturalité... comment le Brésil sert l'exportation des PME du Sud

Cinquième plus grand pays du monde, connu pour ses plages, son tourisme et son Carnaval, le Brésil fait face à des défis climatiques et de transition écologique tout autant qu’il soutient aussi largement l’innovation… Une description qui ne s’éloigne pas tant que ça de ce qu’est Provence Alpes Côte d’Azur. Si a contrario des grands groupes tricolores, les entreprises provençales, azuréennes et alpines n’osent pas toujours tenter l’aventure brésilienne, les sujets de tech et d’industrie décarbonée notamment constituent d’autres points communs et des raisons de penser prospection et exportation. Un marché prometteur mais qu’il convient d’aborder en tenant compte d’un pays encore très protecteur avec son économie. Ce qui requiert agilité et préparation bien orchestrée.
(Crédits : DR)

Premier employeur, troisième investisseur direct étranger, mais 24ème client et 13ème fournisseur... Quatre données pour résumer la relation économique entre la France et le Brésil. La France premier employeur donc mais qui n'est que le 13ème fournisseur... L'Hexagone qui a donc fait de ce pays d'Amérique Latine une terre d'internationalisation de ses entreprises. Surtout les très grandes, quasi toutes celles faisant partie du CAC 40. Quelques startups et licornes de la tech aussi. Mais beaucoup moins les PME. Du moins, pas encore... Car le momentum politique est là et les secteurs de la tech comme de l'industrie verte ou de la naturalité sont vecteurs d'attractivité pour les entreprises françaises en désir d'exportation de leurs savoir-faire.

Croissance rapide des licornes

Pourtant, quand il pose le pied au Brésil, « entre la Coupe du Monde de foot et les JO », Xavier Leclerc (ex-Google et Facebook) arrive dans un contexte où « la tech n'était pas arrivée au niveau BtoB ». Le pays n'avait « pas fait sa transition » et le tissu économique, composé de nombreuses petites entreprises familiales doit s'adapter. De fait, entre 2014 et 2016, c'est la crise. Mais « c'est dans les moments de crise que s'accélère l'entreprenariat ». La preuve en chiffres et en nombre de licornes, passées de 9 à 34 entre 2018 et 2022. « Au Brésil, lorsque le marché est là, cela peut aller très vite », analyse encore Xavier Leclerc. Le Brésil et plus largement l'Amérique latine qui deviennent la destination chouchou des capitaux, notamment américains, les investissements doublant tous les ans. « Nous avons assisté à de nombreuses opérations de fusions-acquisitions », raconte encore Xavier Leclerc, soulignant comment le Brésil se retrouve alors avec davantage d'influenceurs... que de dentistes. « Au Brésil, il faut être propriétaire et indépendant ». Un principe à retenir...

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Le Brésil, un pays de temps long

Le Brésil, pays lumineux, joyeux selon l'image véhiculée mais qui a aussi ses côtés complexes, aux disparités juridiques et fiscales qui créent des distorsions à un point peu imaginable en France.

Un pays qui ne s'ouvre pas à autrui facilement, « c'est le pays à l'économie la plus protectionniste du G20 ». D'où une réforme de simplification qui « doit être menée », indiquent de concert plusieurs acteurs économiques brésiliens.

Le Brésil, marché qui ne s'aborde pas sans accompagnement, notamment par des professionnels du droit et du chiffre. « Le Brésil est un pays latin, cela peut donner l'impression que les relations business se déroulent comme en France », prévient Xavier Leclerc. Car tout affable et sympathique que peut être un interlocuteur brésilien, lorsque celui-ci décide de ne pas donner suite à un partenariat éventuel, un accord envisagé... « il ne sait pas dire non et ne répond plus aux sollicitations ».

Des différences culturelles qui ne s'arrêtent pas là. « A la différence des Français, les Brésiliens se forment tout au long de la vie. Education et talents sont les deux qualités appréciées. Le Brésil est aussi un pays de temps long » soutient Xavier Leclerc. Qui déconseille de « venir au Brésil pour voir... ». Le pays s'envisage sérieusement, le recours au VIE étant souvent une bonne solution pour tester le marché visé.

Car le Brésil se mérite. La fiscalité est « lourde et complexe, la législation du travail rigide » ajoute Cécile Verdeaux, avocate au sein du cabinet GT Lawyers, présent à Rio, Sao Paulo et Bahia. « Le Brésil représente un investissement à long terme, il est nécessaire de disposer d'un représentant de confiance sur place », confirmant « l'intimité de façade » qui peut se jouer dans les premiers rendez-vous.

L'intérêt commun des industries - verte, 4.0, créatives

La tech est donc un secteur privilégié. Le choix de Rio par les organisateurs du Web Summit est évidement un excellent signal, Rio ne cachant pas sa volonté de devenir la capitale de l'innovation pour toute l'Amérique latine. De quoi drainer des entreprises de la tech, d'autant que « la tech française étant encore mal implantée ici », précise Xavier Leclerc, membre du board de la French Tech Sao Paulo.

L'industrie - notamment l'industrie 4.0 et l'industrie décarbonée - représente un autre vecteur d'intérêt. « De nombreuses entreprises françaises du CAC 40 sont présentes et veulent développer les industries du futur. Cela peut être la base de notre dialogue commun », estime Firjan, l'organisme qui regroupe les grands patrons dont les industries de l'Etat de Rio. Qui se dit aussi intéressé par les industries créatives. Et on sait que sur ce point, le Sud a plus d'un atout à faire valoir, porté par certains projets soutenus par France 2030. L'économie de la mer et la naturalité sont d'autres thématiques communes. Les infrastructures, notamment portuaires, constituent également des points d'attention pour des collaborations étroites, à travailler.

Entre le Brésil et la France il y a donc bien plus que le foot, le carnaval ou le tourisme. Bien que sur ce dernier point, les stratégies se rapprochent, les problématiques étant communes. C'est donc tout un champ des possibles qui s'ouvre. Et Cécile Verdeaux de souligner que le Brésil, au positionnement géographique idéal pour s'ouvrir les portes d'autres contrés d'Amérique du Sud, demeure une « des meilleures opportunités de croissance pour les entreprises étrangères ».

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