Le Brésil, nouvelle terre de développement économique pour le Sud ?

Cinquième plus grand pays du monde, connu pour ses plages, son tourisme et son Carnaval, le Brésil fait face à des défis climatiques et de transition écologique tout autant qu’il soutient aussi largement l’innovation… Une description qui ne s’éloigne pas tant que ça de ce qu’est Provence Alpes Côte d’Azur. Si a contrario des grands groupes tricolores, les entreprises provençales, azuréennes et alpines n’osent pas toujours tenter l’aventure brésilienne, les sujets de tech et d’industrie décarbonée notamment constituent d’autres points communs et des raisons de penser prospection et exportation. Un marché nouveau car prometteur.
(Crédits : DR)

Le Brésil c'est dans l'imaginaire collectif, les plages à perte de vue, le Carnaval, le tourisme et un certain art de vivre qui va avec. Une carte postale qui pourrait tout autant servir de description pour dire ce qu'est le Sud. Des points tellement communs qu'ils rendent presque naturels une coopération renforcée entre la région de Rio et celle de Provence Alpes Côte d'Azur.

De fait, le Brésil est la deuxième destination des investissements français parmi les émergeants en matière de stocks. De nombreux grands groupes, dont majoritairement ceux cotés au CAC 40, ont une présence forte dans ce pays d'Amérique latine dont l'économie se situe au 13ème rang mondial.

Potentiels réciproques et enjeux communs

C'est aussi, nouvellement, une terre d'exploration économique pour le Sud. Car a contrario des grandes entreprises tricolores, les PME provençales, alpines et azuréennes ne se ruent pas (encore) vers le Brésil. Tout au moins, jusqu'alors. D'après les données de Rising Sud, l'agence de développement économique et d'attractivité régionale, entre 2016 et 2022, huit projets d'investissements ont été réalisés par des entreprises du Sud, pour un montant global de 9 milliards de dollars US et 450 emplois, principalement dans les secteurs du transport et du stockage.

Rising Sud qui porte sur le pays un regard intéressé et qui a mené en mai dernier une mission de prospection, notamment sur des thématiques d'industrie décarbonée, de tech et de tourisme. Une mission de prospection « pour voir ce que nous pouvons y faire », explique Bernard Kleynhoff, président de Rising Sud. Et un déplacement mené pile au moment de la première édition du Web Summit Rio, événement centré autour du logiciel et de la tech, né en Europe, se tenant habituellement à Lisbonne et qui a déjà essaimé en Amérique du Nord, au Canada et en Asie. Un Web Summit qui ne crée pas d'édition brésilienne si l'intérêt n'est pas réel - l'initiative est d'ailleurs reconduite pour 3 ans renouvelables une fois. La Région Sud et le CRT Sud y ont fait stand commun, une façon de positionner Provence Alpes Côte d'Azur comme partenaire potentiel... Sur le sujet tourisme, le lien était déjà, en quelque sorte, créé puisque Nice et Rio sont jumelées sur le thème partagé du carnaval. Naturalité, industrie verte, mix énergétique, smart grids constituent par ailleurs, d'autres pistes à explorer. « Nous avons des éléments à partager », confirme Bernard Kleynhoff. Car évidemment, le regard est croisé et l'objectif est tout autant d'ouvrir le marché du Sud, de la France et de l'Europe aux PME brésiliennes, « notamment celles issues des secteurs IA et TIC », qui avaient l'habitude de se tourner vers le Portugal ou la Grande-Bretagne, pays devenu d'ailleurs moins intéressant pour être un point de chute depuis le Brexit.

Le Brésil est aussi regardé avec attention par les conseillers du commerce extérieur de la France. Des CCE, qui, il y a deux ans, ont donné naissance à Cap au Sud, une façon de donner une forme aux liens noués notamment avec la chambre de commerce et d'industrie franco-brésilienne et son président Patrick Sabatier, avec Firjan aussi, ce réseau qui regroupe des organisations privées et promeut notamment la compétitivité des entreprises et notamment celles de l'industrie. « Nous voulions que le Sud soit la première région à renouer des relations économiques, culturelles, sportives avec la région de Rio », explique pour sa part Xavier Gesnouin, le président régional des CCE en Provence Alpes Côte d'Azur. « Il est indispensable que des échanges permanents se créent, indispensable aussi d'inciter les entreprises brésiliennes à venir sur le territoire français et que les démarches des entreprises françaises intéressées par le Brésil soient plus faciles. Rio, ce n'est pas que le Carnaval ».

Momentum politique et économique

Un point que ne peut évidemment pas démentir Xavier Leclerc. Français installé à Rio depuis huit ans, spécialiste du digital (ex Facebook et Google en France) fondateur de MOXDigital, membre du board de la French Tech Sao Paolo, il confirme que la tech est appétente pour les entreprises françaises, Deezer, Blablacar ou Ubisoft ayant déjà opté pour une présence au Brésil. La France qui est le premier employeur étranger et le troisième investisseur étranger, à hauteur de 32 milliards d'euros. Une réciproque un peu moins vraie, la France n'étant pas le tout premier intérêt pour le pays de la samba, elle est ainsi le 24ème client du Brésil et « que » son 13ème fournisseur.

Cependant, au-delà du potentiel des différents secteurs, il existe un réel momentum favorable, « un regain nouveau lié au contexte politique (et à l'élection à la présidence de la république fédérative de Lula NDLR) », souligne Xavier Leclerc. « Il existe des opportunités ». A saisir en tenant compte des spécificités particulières d'un pays en pleine (s) transition(s) et qui ne s'ouvre pas si facilement aux investisseurs étrangers...

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