« Notre Fonds d’innovation, en renforçant les fonds propres des startups, comble un manque » (Laurence Olivier, Marseille Innovation)

Incubateur pionnier en ce qui concerne l’accompagnements des entreprises innovantes émergentes, Marseille Innovation a fait lui-même acte d’innovation en lançant en 2022, l’année de ses 25 ans, un fonds dédié au renforcement des fonds propres, ce levier qui compte dans la vie et le développement des entreprises. Près d’un an plus tard, le constat est positif alors que le financement de l’innovation demeure toujours un sujet et que certains secteurs, dont fait partie l’industrie, structurent plus que jamais l’économie de la deuxième métropole de France.
(Crédits : DR)

Si 2019 demeure encore majoritairement une année de référence puisque année quand tout allait bien, 2022, pour certains secteurs, est en passe de devenir elle-même une année de référence, celle de l'après-crise. Pour Marseille Innovation, c'est exactement le cas, 2022 ayant été, pour sa directrice générale, Laurence Olivier « l'année de la redynamisation ». Avec 168 entreprises accompagnées, 60 nouvelles startups qui ont sollicité la structure - quand elles sont entre 40 et 50 habituellement - voilà qui conforte l'idée - consolidée par les chiffres - que l'envie d'entreprendre est toujours plus vive.

Effet décalage

« L'entreprenariat est une voie alternative possible, qui connaît un engouement progressif depuis ces dix dernières années », confirme Laurence Olivier. Qui ne cache pas, cependant, que la période de crise a été complexe à gérer pour les startups. « Dans notre domaine - celui de l'innovation - cela a été compliqué. Ne serait-ce que pour faire accéder les solutions à leur marché. Malgré le fait que ces startups soient dans des filières d'excellence, elles ont connu un ralentissement ces deux dernières années et cela notamment, pour cause de contexte international ».

Et clairement, ces derniers 24 mois ne représentaient pas « le bon moment pour se lancer, particulièrement en cas de besoin de financements conséquents ou de solutions techniques pointus comme de besoin de matières premières ». Au final, une sorte d'effet décalage a reporté les envies d'entreprendre, venant, par effet de domino, nourrir les chiffres des créations d'entreprises, particulièrement positifs et pas que du côté jeunes entreprises innovantes. En revanche, « les startups déjà bien présentes sur leur marché n'ont pas souffert, hormis en cas de problématiques d'approvisionnement avec l'Asie », souligne Laurence Olivier.

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Liens africains

Parmi les 168 entreprises accompagnées, 22 sont des entreprises étrangères. Et ça, c'est le résultat des partenariats noués par Marseille Innovation avec des structures semblables en Afrique. On rappelle notamment les liens tissés au Maroc avec le Techno Park de Casablanca en 2019, relancé en 2021 et qui donc « porte ses fruits aujourd'hui ».

Pour y aider, entre autres, le programme Meet Africa (Meet pour Mobilisation pour l'entreprenariat en Afrique) vise précisément le développement de l'entreprenariat de la diaspora, en Europe comme en Afrique. Un programme co-financé par l'Europe et l'Agence Française de Développement, doté de 8,5 millions d'euros. Et qui va bien à la fois avec la stratégie de Marseille Innovation et avec les envies de déploiement des liens de la Cité phocéenne avec le continent africain. Un sujet récurrent, d'ailleurs, qui doit , globalement, prendre forme plus fortement.

Être sélectif sur l'innovation

2022, c'est néanmoins l'année où Marseille Innovation a aussi fait preuve... d'innovation. En créant son Fonds d'innovation by MI, la structure est sortie d'une certaine zone de confort. Mais le besoin était là, rappelle Laurence Olivier. Le sujet des fonds propres des entreprises, dont on a beaucoup parlé en post-crise, était pourtant un sujet bien présent déjà. Initié en avril dernier, le fonds d'innovation a depuis lancé trois appels à candidatures, générant 233 candidatures. « Cela nous a permis de détecter 100 nouveaux projets non connus sur le territoire », précise Laurence Olivier. Quarante projets ont été instruits, 16 d'entre eux sont passés en comité avec, au final, douze entreprises financées en 2022. Une sélection qui peut paraître stricte mais qui est dans la droite ligne de la philosophie de l'outil. « Nous voulions que ce fonds soit sélectif sur l'innovation ». Doté de 300.000 euros, montant doublé par Bpifrance qui ici, fait effet levier, il a, au final délivrés 628.000 euros. « Même si ce fonds a été pensé avant la crise, il a montré toute sa pertinence après la crise ». Et il renforce les filières du territoire, puisque parmi les 12 entreprises financées, 40% viennent des technologies numériques, IA, data et IoT particulièrement, 25% sont issus du secteur de la santé, 25% de l'industrie 4.0 et 8% de la greentech.

Des startups qui « demeurent des entreprises locales, marseillaises ou métropolitaines. Marseille Innovation devient un petit acteur du financement », souligne Laurence Olivier. Et de redire que « cet outil nous permet de détecter des projets qui ne seraient pas venus vers nous. C'est une solution de développement par le territoire régional, en avance de phase. Ce fonds apporte une brique que nous essayons de combler, mais nous devenons aussi acteur de ces projets que nous aurions pu voir arriver plus tard ».

« Cultiver la singularité »

Un fonds que Laurence Olivier aimerait faire grandir encore. Ce qui passe par une augmentation de la dotation, à laquelle contribuent pour l'heure, trois fonds et deux banques. « Un donateur supplémentaire nous permettrait d'accompagner 3 à 5 entreprises supplémentaires ». Pas anodin quand on sait que le financement de l'innovation se structure, qu'il est regardé avec beaucoup plus d'attention par les investisseurs. Marseille Innovation qui a bien l'intention de « cultiver sa singularité, parce que - sans y être opposé, nous nous battons contre le système parisien, les méga levées de fonds ». Et de revenir à la notion d'impact, qui a déjà fait son œuvre sur le territoire, 1.000 startups ayant été accompagnées en 25 ans, dont 85% ont grandi, embauché, devenant matures et durables... Et c'est bien cela l'objectif : faire des startups, des PME et pourquoi pas des ETI. Un processus de croissance nécessaire pour renforcer le tissu économique, local certes mais hexagonal, pas moins.

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