« Beaucoup d’innovation reste à apporter au secteur du voyage d’affaires » (Betty Seroussi, Travel Planet)

Née agence de voyage traditionnelle, la startup désormais installée à Sophia-Antipolis redit à quel point la R&D est nécessaire pour continuer à répondre aux besoins des clients et des fournisseurs, répétant aussi que la réactivité est essentielle pour se distinguer dans un monde – le voyage BtoB – qui évolue, qui modifie son propre fonctionnement mais qui a de beaux jours devant lui.
(Crédits : DR)

« Le monde du voyage a été métamorphosé dès les années 2000 avec l'arrivée des Expedia, Vente Privée, Opodo et les agences traditionnelles avaient du mal à se positionner », raconte Betty Seroussi, qui, dirigeait alors, depuis 1995, une agence de voyages tout ce qu'il y a de plus classique alors. Une arrivée « digitale » qui constitue une petite révolution dans le secteur du voyage et qui va pousser la chef d'entreprise à suivre le mouvement, à innover donc, décidant par ailleurs de s'orienter exclusivement vers le voyage d'affaires. Un segment qui représente en France 30 milliards de déplacements par an. Une niche mais une niche conséquente.

R&D bien ordonnée ne part pas à l'étranger

Ce qui pousse celle qui devient Travel Planet à changer de business modèle c'est l'obtention d'un appel d'offres qui va l'obliger justement à intégrer immédiatement une solution avec automatisation.

« Travel Planet c'est 90% d'automatisation et 10% de services », indique Betty Seroussi. « Ce qui se voit beaucoup c'est le service, mais ce que nous faisons c'est de l'automatisation sur près de 3.500 transactions par jour ».

Travel Planet, dont le chiffre d'affaires 2022 atteint 100 millions d'euros, qui ne cesse de nourrir sa R&D, à laquelle elle consacre 10 millions d'euros par an. Un investissement fort qui doit lui permettre de rester en avance de phase avec les besoins du marché.

Un pôle qui est installé « chez nous, à Sophia-Antipolis. Nous n'avons pas externalisé car nous avons besoin d'être hyper réactifs. On parle beaucoup de R&D en Pologne ou ailleurs, nous avons fait le choix de Sophia-Antipolis ».

Une R&D qui est aussi centrale pour permettre une grande adaptabilité. « Il a fallu s'adapter au client mais aussi aux fournisseurs », raconte Betty Seroussi. Qui révèle que, alors que les principaux concurrents que sont American Express et Carlson Wagonlit restent sur une technologie « ancienne », « nous sommes partis d'une feuille blanche ».

Financement sur fonds propres

L'ensemble de ces développements, Travel Planet l'a réalisé et surtout financé sur fonds propres, sans passer par la case levée de fonds. « Nous avons fait le choix de l'auto-financement et d'avoir une entreprise rentable. Nous gagnons de l'argent tous les ans depuis 2015 et nous pouvons nous passer de levée de fonds », indique Betty Seroussi.

La volonté d'aller plus fort à l'international pourrait-elle changer la donne ? Peut-être mais l'international est un levier que la startup considère toujours avec grand intérêt. Pour le moment des pays déjà regardés de près comme la Suisse ou l'Allemagne ne provoquent pas d'intérêt particulier. Et cela parce que ces pays « n'ont pas encore assez faim ». Pour rappel, c'est un appel d'offres remporté pour le compte d'un grand groupe français qui pousse Travel Planet sur les rails de l'export et Londres principalement. Une opportunité saisie qui s'est révélée payante.

Rentabilité, levée et French Tech

L'innovation, un sujet qui est dans le quotidien de Betty Seroussi, qui a rejoint par ailleurs récemment le conseil d'administration de la French Tech Côte d'Azur. Précisément parce que c'est le lieu qui rassemble les entreprises innovantes, pas forcément que des startups. « On peut innover, être rentables et faire partie de la French Tech », dit celle qui a candidaté à la French Tech 120, le programme conçu pour soutenir les entreprises à vocation de mondialisation.

Betty Seroussi qui considère que les nouvelles habitudes et organisations dans le monde du travail - le télétravail principalement - ne sont pas de nature à venir amoindrir la niche que représente le voyage d'affaires. Et d'estimer que les déplacements vont continuer à se faire, mais différemment. « On continuera à se déplacer mais autrement. Beaucoup de rendez-vous d'affaires se faisaient sans réfléchir forcément à la possibilité de mutualiser. C'est ce qui se fera désormais : organiser l'ensemble de ses rendez-vous de façon mutualisée, ce qui permet de prendre en compte également les sujets de développement durable. Je reste persuadée qu'il reste encore beaucoup à faire dans le monde du voyage d'affaires ».

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Un décideur économique, invité chaque semaine

Pour rappel, depuis ce début novembre, La Tribune et BFM Nice s'unissent pour proposer chaque semaine une chronique éco, baptisée Marseille Business, qui décrypte l'économie du territoire, ses enjeux, ses défis, les réussites et les problématiques. Tous les mardis, un invité vient apporter son éclairage sur une thématique précise.

BFM Nice Côte d'Azur est à retrouver sur le canal 31 de TNT régionale et sur les box au canal 285/518 (SFR) et 360 (Bouygues).

La chronique est animée par Celine Moncel pour BFM Nice et Laurence Bottero, rédactrice en chef du bureau Provence Alpes Côte d'Azur du quotidien économique La Tribune.

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