La place portuaire de Marseille-Fos étend son hinterland jusqu'en Allemagne

Les membres de l'Union maritime et fluviale de Marseille-Fos (UMF) veulent élargir sa zone de chalandise à l'international. Cette ambition, qui se symbolise par le lancement d'une ligne de fret ferroviaire jusqu'en Allemagne, s'accompagne d'une volonté d'améliorer les aménagements du port.
(Crédits : DR)

Durant le long discours d'Emmanuel Macron lors de sa venue à Marseille, la partie dédiée au grand port maritime (GPMM) a été brève. Mais elle n'est pas tombée dans l'oreille de sourds. "Nous partageons l'ambition du gouvernement d'élargir notre hinterland", se satisfait Alain Mistre, nouveau président de l'union maritime et fluviale (UMF) de Marseille-Fos. Il fait référence à la volonté du chef de l'Etat de faire de Marseille la porte d'entrée de l'axe Rhône-Saône. Une envie qui est aujourd'hui à l'étude entre les différents acteurs concernés. Mais pour les acteurs de la place portuaire, l'ambition ne s'arrête pas à la Bourgogne mais va bien jusqu'à l'étranger. En Allemagne plus précisément.

La logique est arithmétique. "Dans une circonférence de 200 kilomètres cela englobe 90 millions d'habitants, si l'on rajoute 100 kilomètres cela grimpe à 150 millions. A Marseille, à 350 kilomètres à la ronde il y a 15 millions d'habitants", détaille Stéphane Salvetat, vice-président de l'union maritime et fluviale de Marseille-Fos (UMF). La démonstration par les chiffres vient nourrir l'intérêt de connecter le grand port maritime à l'Allemagne. "Une destination structurante", insiste le dirigeant.

Le ferroviaire, élément clef

Le symbole de ce rapprochement est la ligne ferroviaire qui rejoint Duisbourg. Lancée depuis le 24 janvier par CMA CGM, qui revient dans le fer après deux décennies d'absence, elle assure deux connexions par semaine. Le choix de cette ville allemande située à l'Ouest du pays ne doit rien au hasard, puisqu'elle se trouve dans la Ruhr à savoir le premier bassin industriel d'Europe. "D'autres créations pourraient suivre", prévient Stéphane Salvetat qui parle d'une "date historique pour la communauté marseillaise". Il espère également pouvoir attirer des investisseurs allemands pour des opérations croisées.

Au-delà d'étendre la zone de chalandise des acteurs économies du port, cette ligne rappelle l'importance du fret ferroviaire pour le GPMM. La part modale a atteint un record en 2021 avec 220 00 EVP (équivalent vingt pieds, l'unité de mesure des conteneurs) acheminés. "Nous sommes à presque 15% du trafic, nous ambitionnons d'atteindre les 30% d'ici dix ans", prévient Marc Reverchon, président de la Méridionale. Ce qui passe par des aménagements des structures existantes pour augmenter la capacité de trains pouvant arriver. "Le transport massifié est un aspect stratégique pour les bassins Est", plaide le dirigeant.

Taille des bassins et tarification

Autre point que défend l'UMF pour les darses qui se trouvent à Marseille : un réaménagement. "Le linéaire est le même qu'il y a 120 ans", note Jean-Philippe Salducci, président de la station de pilotage de Marseille-Fos. Les acteurs de place portuaire s'inquiètent de la taille des bassins. "Nous arrivons au bout du bout de ce que nous pouvons faire en termes d'accessibilité des navires", souligne Jean-Philippe Salducci.

Il reproche l'impossibilité pour un bateau de rentrer par le Sud pour ressortir par le Nord, ou l'inverse, ce qui impose de réaliser un demi-tour. Or la taille des navires devient de plus en plus grande ce qui empêche une telle manœuvre. Pour insister auprès du GPMM afin que des travaux soient réalisés, une étude est en cours de réalisation par le directeur de l'Institut supérieur d'économie maritime (ISEMAR) Paul Tourret. Cela concerne notamment l'activité roro.

Lire aussi 3 mnLa place portuaire s'inquiète de l'avenir des bassins Est de Marseille-Fos

Une autre étude dans les tuyaux, celle concernant la compétitivité du port. "Nous avons demandé un benchmark pour obtenir des données objectives sur le coût de passage des navires à Marseille-Fos et chez ses concurrents", explique Gerard Kothe, président de l'Association des agents maritimes et consignataires de navires (AACN). Cette analyse reconduite en 2021 s'appuie sur les droits de port des navires (les marchandises) mais aussi les services comme le pilotage ou le remorquage. Le sujet des tarifs n'est pas nouveau, l'UMF réclame régulièrement de revoir la politique des prix du port qui jusqu'à présent ne s'est pas montré engagé sur le sujet, hormis durant la crise.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 26/01/2022 à 19:42
Signaler
Il y a quelques jours, LaTribune nous expliquait dans un article, qu'une usine prêt de Arras trouvait que le port de Dunkerke n'était pas concurentiel vis à vis des ports neerlandais. Ce qui voulait donc dire que les ports neerlandais sont extrememen...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.