Le port de Marseille-Fos entre reprise et transition énergétique

Dans un contexte économique encore difficile, le grand port de Marseille-Fos renoue avec la croissance et retrouve presque ses niveaux d'activités globaux d'avant crise. Il fait surtout face aux évolutions de la filière énergie qu'il accompagne à travers des projets d'aménagements.
(Crédits : Marseille-Fos)

Les années se suivent et ne se ressemblent pas. Pour le grand port de Marseille-Fos (GPMM), bien sûr la crise sanitaire mondiale plane toujours sur l'activité. Mais ses conséquences sont bien différentes. Après les confinements, les récessions et autres arrêts, "en 2021 l'économie mondiale est plutôt impactée par une reprise trop rapide du commerce", note Isabelle Elisabeth Ayrault. La présidente du conseil de surveillance depuis janvier 2021 a suivi de près cette année inlassable rythmée par les évolutions du Covid-19. "Les ports sont des baromètres extraordinaires, ce sont des reflets de l'économie", note-t-elle.

Et si à travers le monde la congestion de ces portes d'entrée maritimes a touché de nombreux pays "en France nous sommes parmi les rares ports du monde à ne pas le subir", se réjouit Hervé Martel, le président du directoire. Au point que le nombre de conteneurs traités par le GPMM a connu un record historique avec 1,5 million d'EVP (équivalent vingt pieds, la mesure standard NDLR). Mais les bons résultats du port ne se limitent pas aux conteneurs.

Un chiffre d'affaire presque au niveau de 2019

"Tous les trafics sont en progression par rapport à 2020", souligne Chantal Helman, membre du directoire et directrice générale suppléante. Dans le détail, les marchandises diverses - dont font partie les conteneurs - connaissent une croissance de 10% sur un an et de 2% par rapport à 2019. Certes le trafic global de marchandise de 75 millions de tonnes est en baisse de 9% par rapport à 2019, mais le chiffre d'affaires de 162 millions d'euros est presque à son niveau d'avant crise (165M€). Hervé Martel l'assure, il aurait acheté ces résultats si on lui avait présenté il y a un an.

Le seul secteur d'activité encore fortement impacté par la crise est celui concernant les passagers. L'année 2021 n'a par exemple accueilli que 350 000 croisiéristes, à des années-lumière du 1,8 million habituel. "L'avenir reste encore incertain sur ce secteur qui est très impacté par la crise", rappelle Chantal Helman.

L'impact de la transition énergétique

Dans la catégorie des vracs, les évolutions montrent des changements structurels et non conjoncturel. "Dans le liquide, l'évolution de la filière est totalement à l'image de la transition énergétique. Le gaz naturel liquéfié a atteint les six millions de tonnes, soit une hausse de 19% sur un an et de 1% par rapport à 2019", expose Chantal Helman. Le pétrole brut "continue son déclin" et le raffiné est lui "très en retrait", la directrice générale suppléante note que "la baisse de ces trafics est enclenchée".  Sur le vrac minéralier, la chute par rapport à 2019 est de 19% avec l'impact de la baisse du charbon et la fin de la bauxite. "C'est une filière qui se modifie et va trouver de nouveaux marchés", indique Chantal Helman.

Le port accompagne ces changements, l'exemple le plus emblématique est celui du tout récemment annoncé projet de H2V auquel le GPMM prend part financièrement. Il s'agit d'implanter six tranches d'ici 2031d'unité de production d'hydrogène vert dans l'objectif de décarboner l'activité industrielle de la zone. "C'est un projet très structurant qui traduit, avec d'autres, la transition énergétique", se réjouit Hervé Martel.

Se connecter à l'axe Rhône-Saône

En plus de faire évoluer ses marchés, le port ambitionne d'en conquérir des nouveaux. Et notamment d'être la porte d'entrée de l'hinterland que représente l'axe Rhône-Saône. C'était l'une des annonces d'Emmanuel Macron lors de sa venue pour son plan Marseille en Grand. "Cela a justifié une mission par le Premier ministre pour réfléchir à une massification des flux et une gouvernance pour permettre au GPMM d'être véritablement connecté à son hinterland et être véritablement compétitif", explique Elisabeth Ayrault. Cette mission doit se conclure mi-mars. Clairement cela concerne le développement du fret ferroviaire, qui a par ailleurs connu un record avec 218 000 EVP, et du fluvial qui est lui encore à la peine.

Les réflexions sur l'aménagement des espaces figurent également comme des éléments importants du futur développement, comme l'agrandissement des terminaux. Des travaux qui se réalisent en concertations avec les collectivités et riverains que cela soit à Fos, sur les sujets de biodiversité, et à Marseille, pour la relation avec les habitants. Le J1 devrait ainsi accueillir des croisières de luxe, le J4 débuter ses travaux cette année alors que pour les quais de l'Estaque Hervé Martel donne rendez-vous l'année prochaine. Quand au projet de port center, il devrait être inclus dans le futur siège social du GPMM espéré pour 2026.

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