Il avait été discret lors de la venue de Clément Beaune. Cette fois, Christophe Castaner s'est montré plus loquace en tant que président du conseil de surveillance du Grand Port maritime de Marseille Fos (GPMM). Un poste auquel il a été élu en novembre dernier, mais il a fallu attendre ce bilan 2022, pour que l'ancien ministre prenne la parole officiellement. Deux mois durant lesquels il a multiplié les rencontres avec de nombreux acteurs des bassins, mais aussi participé à une concertation publique sur les accès ferroviaire du port.
Aux côtés d'Hervé Martel, le président du directoire, il espère former "un couple magique". L'expression sortie sous forme de boutade, s'inspire d'une pièce de théâtre éponyme prévue au Silo Cepac, salle de spectacle qui accueillait le point presse bilan. "Un lieu emblématique de la transition du port et des rapports avec la ville", expose Christophe Castaner. Très vite, le ton redevient politique. "L'ensemble des responsables politiques ont changé par rapport à l'époque où j'étais vice-président du conseil régional (ndlr : de 2004 à 2012), mais les relations avec le port sont toujours compliquées", démarre l'ex-ministre.
La référence à son parcours n'est pas anodine, elle rappelle l'ancrage local du nouveau président du conseil de surveillance. Une réponse pour ceux qui y voient un parachutage ou recasage comme ont pu en bénéficier des proches d'Emmanuel Macron. "Il a eu des responsabilités régionales ici, c'est plus un retour qu'un parachutage", défendait d'ailleurs lors de son passage à Marseille en octobre Hervé Berville, secrétaire d'Etat à la Mer qui a signé avec le ministère des Transport l'arrêté nommant Christophe Castaner au conseil de surveillance.
"Un moment charnière"
Sur le rôle de Stéphane Richard, membre du conseil de surveillance et longtemps favori pour en prendre la tête, il balaie disant que l'ancien patron d'Orange "est en appui". Pour éviter tout procès d'illégitimité, celui qui a aussi été maire de Forcalquier dans les Alpes-de-Haute-Provence, préfère montrer qu'il maîtrise son sujet maritime. Du moins dans ses grandes lignes. S'il répète plusieurs fois moins bien connaître les dossiers que Hervé Martel, il prend soin de s'exprimer sur de nombreux sujets. "Je connaissais le port, en réalité je le découvre", confie Christophe Castaner qui dit durant ses "pérégrinations" avoir "vu du gigantisme" dans les entreprises ou les infrastructures
Il démarre avec un mot sur les résultats économiques du GPMM avec les bons chiffres sur l'année 2022. L'occasion de citer des atouts présents, comme les terminaux méthaniers de Fos qui bénéficient de la forte demande de GNL ou les précurseurs branchements à quai des bassins Est. Deux exemples qui donnent aussi le ton sur les objectifs futurs du port. De quoi aborder l'avenir et nommer certains grands projets, souvent liés à l'hydrogène, en cours. "Nous sommes à un moment charnière", estime Christophe Castaner. Avant d'enchaîner : "Les productions des énergies d'aujourd'hui et de demain se jouent ici".
Le brûlant sujet de l'emploi
L'avenir, c'est aussi le sujet délicat du développement de l'industrie des bassins Est. "Un enjeu de conflit d'usages (...). Nous réaffirmons la nécessité de garder une dimension portuaire avec une ambition industrielle pour notre pays et notre territoire. Nous comptons agir dans ce domaine", avance-t-il. Forcément cela fait écho à la difficile cohabitation entre le trafic de marchandises et les riverains. La question des accès ferroviaire qui est sur la table avait déjà été un sujet épineux par le passé.
Enfin, Christophe Castaner dit aussi un mot sur l'aspect social. La CGT des dockers avait fraîchement accueilli sa nomination. De manière globale, le syndicat s'inquiète de la fin de certaines activités, comme le charbon, qui menace l'emploi. "Le port est un partenaire du combat de l'urgence sociale avec 41.500 emplois générés (ndlr : directs et indirects)", défend Christophe Castaner. "Nous sommes dans une phase de transition, les hydrocarbures ce n'est pas terminé demain c'est dans vingt ans mais il faut le préparer maintenant", prévient-il. Des moments de "bascule" qui "génèrent forcément de l'angoisse" mais qui s'apaisent "avec un accompagnement en profondeur". De quoi donner des axes de réflexion au nouveau président du conseil de surveillance.
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