Le cap est clairement défini, mais le chemin pour l'atteindre doit encore être tracé. Il n'y a guère de doute au fait que les différents modes de transports sont appelés à passer à de nouvelles motorisations, dont la motorisation électrique. Sauf que concrétiser ce changement nécessite de nombreux ajustements. Parmi eux, celui de trouver le point de bascule optimal auquel les équipements nécessaires pour la chaîne de propulsion électro-hydrogène, les piles à combustible et le réservoir d'hydrogène, ne consomment pas une énergie supplémentaire pour simplement compenser leur poids.
Un enjeu liant poids et consommation énergétique important que NepTech connaît bien. La startup installée à Aix-en-Provence conçoit des navires de transport de passagers. Elle s'appuie notamment sur une technologie de bulles d'air sous la coque afin de limiter la résistance, le but final étant de diminuer les besoins énergétiques afin de compenser la place et le poids que nécessite l'utilisation d'hydrogène.
Une utilisation pour d'autres transports
Dans cette optique, la jeune pousse provençale s'est associée avec EDF et l'école nationale supérieur des Arts et Métiers (Ensam) pour soutenir une thèse, financé à 50% par la Région Sud, afin de définir la taille idéale des équipements de propulsions pour des navires allant de 12 à 24 mètres. « Il s'agit de dimensionner de manière optimale la taille des navires », résume Marion Di Masso, ingénieure transition écologique à la direction action régionale Sud d'EDF, qui a suivi ce projet de thèse.
Le travail du doctorant Paul Mosser doit donc déboucher sur un outil numérique capable de fournir la taille d'un navire selon ses besoins et ses fonctions. « Le caractère paramétrable et multi-échelles de l'outil (...) permettra également d'envisager son utilisation pour des navires de plus grande taille, mais également pour la mobilité lourde tel que le transport routier ou ferroviaire », précise EDF.
Pour Neptech, cet outil doit lui permettre « d'avoir une bonne vision pour bien dimensionner les navires selon les besoins de nos clients », explique Clément Rousset, co-fondateur de Neptech. Car l'usage d'un système électro-hydrogène signifie que les bateaux équipés peuvent être adaptés à un usage et pas forcément à tous. D'où la nécessité de bien anticiper la conception.
« Le champ des innovations est énorme »
« C'est un projet de recherche ambitieux qui montre qu'une startup et un grand groupe peuvent travailler ensemble », se réjouit Clément Rousset. La jeune entreprise vient notamment apporter son expertise technique dans la conception de navires à l'hydrogène. « Nous allons apporter des éléments sur les contraintes à prendre en compte pour dimensionner les batteries selon les navires et comment les bateaux sont utilisés », détaille le dirigeant.
Du côté d'EDF, avec l'institut EIFER - un laboratoire basé en Allemagne -, s'occupe de la partie énergétique, c'est-à-dire l'hydrogène et les systèmes électriques. S'associer avec l'Ensam et Neptech permet à l'industriel d'apporter une solution face au besoin de trouver des compétences. « Pour atteindre les objectifs fixés à 2050 (date fixée pour atteindre la neutralité carbone, NDLR), la moitié des solutions nécessaires n'existe pas encore ce qui signifie que le champ des innovations est énorme », avance Frédéric Busin, délégué régional en Provence-Alpes-Côte d'Azur pour EDF. Et de juger que « la clef pour réussir la décarbonation de l'énergie c'est l'innovation et la compétence ». Le chemin n'est pas encore tracé, mais la direction est bien donnée.
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