États-Unis et Afrique au cœur de la stratégie de croissance d’Hiphen, spécialiste de la digitalisation de l’agriculture

Installée à Avignon, cette PME développe des outils permettant de mesurer diverses caractéristiques des plantes. Une façon d’accompagner la digitalisation des activités liées à leur culture. Si l’Europe est un marché dynamique sur le sujet, l’entreprise perçoit également un potentiel du côté des États-Unis. Ainsi qu’en Afrique.
(Crédits : Reuters)

« Mesurer différentes caractéristiques des plantes à l'aide de capteurs pour aider les clients à digitaliser leur activité ». Voilà comme Alexis Comar résume l'activité de Hiphen, PME d'une vingtaine de salariés qu'il a fondée en 2014.

Parmi les principaux cas d'usage de l'entreprise : l'aide à la sélection des semences. « Depuis la Seconde guerre mondiale, les rendements agricoles ont été multipliés par quatre ». Une hausse qu'Alexis Comar explique tant par les travaux menés sur la génétique (sélection des variétés de plantes) que sur l'usage d'intrants. Sauf que dans le contexte actuel de prise de conscience vis-à-vis de l'urgence écologique et du caractère néfaste de bon nombre de substances chimiques, les intrants ne sont plus le levier de hausse des rendements qu'ils ont été. D'où, l'importance, selon lui, de se renforcer en matière de génétique. Mais pour un agriculteur qui multiplie les variétés de semences, il n'est pas simple de réaliser une sélection objective. « S'il a une plante qui tombe un jour de grosse chaleur et qu'en plus il a des problèmes personnels, il pourrait être tenté d'éliminer cette variété alors qu'elle avait peut-être un gros potentiel génétique ». La mission d'Hiphen est d'objectiver ce type de décisions grâce à un large ensemble de données traitées par des algorithmes. Algorithmes étant en mesure d'évaluer non seulement des corrélations, mais aussi des liens de causalité.

Une technologie adaptable

Une méthodologie que l'entreprise applique pour diverses problématiques : estimation des dates de floraison, prédiction du rendement à un stade précoce, détection de maladies... etc « Nous avons des cas d'usage sur différents types de culture car il y a beaucoup de similitudes dans la façon de faire. La base est donc la même, il faut juste faire évoluer quelques paramètres en fonction des clients ». Une capacité d'adaptation qui permet à Hiphen de « proposer un outil plus pertinent et moins cher que ce qu'une entreprise aurait pu développer en interne ».

Autre force : « Nous sommes agnostiques en matière de capteurs ». Ce qui signifie que l'entreprise peut appliquer sa solution quel que soit le type de capteur utilisé pour prendre les mesures sur les plantes. Gage, là aussi, d'une plus grande souplesse vis-à-vis des clients et des évolutions du marché, contrairement à des acteurs dont la technologie reposerait sur un modèle de capteur qu'ils auraient eux-mêmes mis au point.

Lire aussi 2 mnHiPhen ou l'optimisation de l'agriculture par le digital

Une filiale aux États-Unis, des ambitions en Afrique

Parmi les clients de Hiphen, on trouve surtout de grandes entreprises, ou du moins des sociétés dotées d'importantes capacités d'investissement. « Les produits que l'on propose ont un certain coût ». Des clients situés en Europe, un continent plutôt en pointe pour ce type de technologies, mais aussi aux États-Unis où la PME dispose d'une filiale dans le Delaware et d'un premier salarié en Virginie. « Là-bas, il y a un fort intérêt pour l'agriculture verticale, en milieu contrôlé ». On parle aussi d'agriculture hors-sol. « Or dans ce type d'environnement, il y a beaucoup de besoins pour évaluer les maladies qui se propagent très vite, pour comptabiliser le nombre de fruits, la vitesse de pousse, la biomasse produite ... ».

Le marché américain des semenciers est également porteur d'intérêt de par son caractère universitaire très décentralisé. « Là-bas, les universités, qui sont financées par les états et l'État fédéral, travaillent sur la sélection de semences en fonction des caractéristiques propres à chaque état ».

Le marché américain représente pour l'heure 10 à 15 % du chiffre d'affaires de l'entreprise qui s'élève à 1,5 millions d'euros. « Nous espérons qu'il en représente 50 % d'ici 2 à 3 ans ».

Hiphen nourrit également des projets de croissance sur un autre continent : l'Afrique. Avec notamment des enjeux sur la gestion des terres en situation de stress hydrique. « Nous regardons attentivement comment faire des affaires là-bas ». Elle a déjà des contrats « significatifs » au Maroc. « Nous travaillons par exemple avec le centre CGIAR [Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale, qui regroupe de nombreux acteurs internationaux dont des centres de recherche autour de questions liées à la sécurité alimentaire, ndlr] qui s'y trouve, de même que ceux présents en Inde ou au Mexique. Notre activité est donc assez internationale ».

Recherche de croissance externe

Si l'export est un levier de développement, Hiphen est également attentive aux opportunités de rachat d'entreprises. « Nous aimerions acquérir des entreprises de taille similaire à la nôtre, qui auraient des activités complémentaires ». Ce, sur un marché particulier. « Dans l'agriculture, on ne sème qu'une fois dans l'année, ce qui signifie qu'on n'a qu'une seule chance ». D'où des cycles d'innovation nécessairement lents, dans un univers où les conditions de travail sont par ailleurs souvent difficiles. « Au fil de l'Histoire on a fait porter la production de nourriture sur un nombre toujours plus petit de personnes, de sorte que l'agriculture est un peu le parent pauvre de nos sociétés ».

Cela n'empêche que les choses changent. Et que la technologie irrigue de plus en plus l'agriculture. « Il y a une accélération depuis 2015-2018. Et cela a été complètement exacerbé par le covid-19 et les événements climatiques extrêmes que l'on a pu connaître depuis ». Des défis qui appellent nécessairement à des transitions. Dont Hiphen entend évidemment être acteur.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.